Ses mains sont toujours appuyées contre mon dos, comme en suspens, et je sens l’air se raréfier à nouveau dans mes poumons, pour une raison différente, cette fois. Je me contente de hocher la tête, sans même savoir s’il a perçu mon mouvement dans le noir. On reste dans cette position pendant un temps qui me semble infini : moi, acculée contre le bord de l’armoire, lui, si près de moi que je sens sa chaleur irradier dans tout mon corps.
Tiens, ça existe vraiment, ce truc du prêtre qui dit « Si quelqu'un souhaite s'opposer à cette union, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais » ? C'est pas que dans les films ?
Chapitre 4 :
Kingston
«… Même si, bizarrement, ça m’excite plus que ça me vexe. Peut-être parce que désormais, toute son attention est concentrée sur moi, et que j’ai l’impression que la perspective de la bonne baise est remise sur le tapis…
– Si je perds, je vous donne mon pull, résumé-je en me penchant également vers elle par-dessus la table, ce qui fait que je peux presque sentir son souffle contre ma peau.
– Et si je perds ? m’interroge-t-elle, sentant bien dans quelle direction je veux orienter la discussion.
– Tu me tiens compagnie jusqu’à demain matin...
Ma réponse est sortie toute seule, sans que j’y réfléchisse vraiment, et je ne sais pas si je lui propose ça pour repousser mon stress jusqu’au bout, ou parce que j’en ai juste envie.
J’ai clairement oublié mon besoin de dormir, en tout cas…
Je guette attentivement sa réaction : est-ce que l’attrait du jeu va l’emporter, ou est-ce qu’elle va redevenir la fille sur ses gardes de tout à l’heure ? …»
Chapitre 2 :
Kingston
«… C’est sûr que c’était plus confortable d’être résigné : pas besoin de se mouiller, aucun risque de se prendre le vent du siècle… Mais putain, si je ne me jette pas à l’eau après ce que j’ai découvert, si je ne me décide pas après son pathétique « C’est pas ce que tu crois », alors quand ?
Parce que c’est exactement ce que je crois. Enfoiré.
Et puis, l’occasion est trop belle : presque deux semaines sans qu’il soit dans les parages, ça ne se refuse pas.
Allez, mec…
Je souffle un coup et réserve avant de pouvoir réfléchir davantage à ce que ça implique. Même si ce que ça implique me retourne le bide et m’empêche de dormir depuis déjà trois semaines.
Je vais enfin en avoir le cœur net. Et tout lui dire.
Avant, cette idée m’aurait rendu malade, j’aurais eu l’impression de le trahir, de faire mon putain d’égoïste, de leur gâcher la vie.
Mais maintenant… Rien à foutre.
Maintenant, je suis prêt à devenir le pire des connards, si ça veut dire pouvoir l’emporter. …»