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Critique de Emnia


People who Eat Darkness retrace minutieusement l'affaire de la disparition et du meurtre de Lucie Blackman en 2000. Cette jeune anglaise était venue à Tokyo dans l'espoir de gagner assez d'argent pour combler des dettes devenues suffocantes en travaillant quelques mois comme hôtesse.


J'ai été déstabilisée, au début de ma lecture, par la façon dont l'auteur détaille la vie privée et familiale de la victime depuis son enfance, et s'attarde sur chacun des membres de la famille Blackman, sur leurs conflits, et sur le divorce des parents. Mais il est clair que l'auteur fait bien plus que donner avec ces informations de quoi satisfaire des appétits relevant du voyeurisme malsain. La disparition de Lucie Blackman a été une affaire extrêmement médiatisée. La famille, en particulier le père de Lucie, a très vite compris et à raison que la presse était un outil sans l'aide duquel la disparition de leur fille risquait de tomber dans l'oubli. En se plongeant de façon aussi méticuleuse dans leur vie, avec leur accord et leur collaboration, Richard Lloyd Parry cherche à rétablir ici, à défaut de l'entière vérité - chose difficile quand de multiples points de vue sont à prendre en compte - au moins une vision plus complète et nuancée de l'histoire que celle véhiculée par la presse de l'époque.


L'intérêt de l'ouvrage va au-delà du compte-rendu de ce fait divers, aussi fascinant soit-il. Comme c'est souvent le cas avec les ouvrages de ce type, pour expliquer ou décrire le crime, une peinture de son contexte est nécessaire. L'auteur, correspondant du Times à Toyko, propose d'abord une plongée dans le quartier de Roppongi, où travaillait Lucie, et dans le quotidien des hôtesses de bar étrangères, expliquant clairement en quoi consiste leur travail et quel type de relations elles entretiennent avec leurs clients. L'enquête décrite dresse quant à elle un triste tableau des méthodes et de l'inefficacité crasse de la police japonaise. A travers l'exemple des Blackman, l'auteur s'intéresse à la question du deuil et à ses manifestations, à comment la société a semble-t-il figé ce que doit être l'attitude de la famille et des proches lors de circonstances aussi dramatiques et juge inacceptable le moindre écart. Sont évoqués également le racisme ambiant, en particulier à l'égard des Coréens ayant émigré au Japon, les groupuscules nationalistes, les sectes, ainsi que les rôles joués par la presse et la politique dans une telle enquête.


J'ai beaucoup apprécié la structure du livre, limpide malgré la complexité de l'affaire, de son contexte, et le grand nombre de protagonistes. People who Eat Darkness a été pour moi l'occasion de découvrir le Japon sous un angle, certes noir, mais inédit.

Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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