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Critique de MarcusMauss


Après Bleu et Noir du même auteur, ça fait trois! C'est l'histoire de la couleur rouge, pendant de longues périodes selon Michel Pastoureau, la première, voire parfois la seule vraie couleur et qui se trouve de plus en plus marginalisée, rattrapée par le bleu.

Cette étude a un début très matériel: c'est qu'il en faut des matériaux, du temps et de l'argent pour donner cette couleur aux vêtements, aux statues et aux tableaux. Les premières pages donnent une longue liste de colorants avec leurs ingrédients: ocres, hématite, sulfures divers, cinabre, garance, kermès, carthame, et autres cochenilles.
Mais rapidement le rouge s'introduit dans les idées et les concepts: danger, érotisme, justice, etc. Pastoureau insiste sur le fait qu'on a dû d'abord dématérialiser le rouge avant de l'utiliser comme idée ou émotion. Autrement dit: jusqu'au Moyen Âge on ne pouvait pas aimer 'le rouge' , juste aimer les briques rouges ou un vêtement teint en rouge. C'est assez intriguant comme idée.
Pastoureau nous emmène en voyage à travers le temps où le rouge s'associe aux blasons, à l'amour mais aussi aux traîtres comme Judas. Il nous apprend qu'il fut un temps où on voyait le jaune et le rose comme presque les même couleurs, que les roses ne sont pas roses depuis longtemps, que sur les échiquiers les pièces rouges affrontaient d'abord les blanches puis les noires, pour ensuite en disparaître, et qu'on ne sait pas vraiment qui était le Petit Chaperon Rouge.

Après la découverte du spectre par Newton (le rouge n'y prend plus la place principale comme dans les précédentes classifications des couleurs) et surtout à partir du 19ème siècle le rouge perd de son importance dans la vie de tous les jours, même si la couleur est toujours fort présente dans les endroits ou les objets plus luxueux: théâtres, bijoutiers, chaussures de luxe (Louboutin). Comme idée abstraite elle est présente dans les grands mouvements politiques et révolutionnaires, où l'on lève un drapeau rouge. Et finalement il y a encore du rouge dans les feux de signalisations, les panneaux routiers et les vêtements de Saint Nicolas et du Père Noël, naturellement. Tout n'est pas perdu!
Petit bouquin intéressant, comme ceux sur les autres couleurs. Il manque encore le blanc dans l'oeuvre pastourellienne, pourtant décrit par lui comme une des couleurs de base dans le "triumchromat" Rouge-Blanc-Noir. Si jamais il sort ce livre-là je suis prenant.
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