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Citations sur Kruger un Bourreau Ordinaire (4)

En réalité, il y a toujours eu une sorte de symbolique autour de Bismarck et des guerres d'unification des années 1860. Il y a une sorte de révérence au Keyzer. Mais ce qu'on peut dire, notamment pour la littérature enfantine et les programmes, c'est qu'il y a un héroïsme, il y a une construction de de l'aventurier et du soldat viril qui va aussi pouvoir s'incarner dans la colonisation. Parce qu'il ne faut pas oublier que l'Allemagne a aussi eu son "aventures coloniales", qui s'est traduit par un grand nombre de massacres. Mais en réalité, on sent que ces représentations, quand la guerre éclate, elles ont une guerre de retard.

Les gens n'ont pas pris en compte dans les représentations dominantes, les nouvelles armes. Ils ne comprennent pas bien ce que va être la guerre à venir, ce qui fait qu'un certain nombre d'adolescents ou de très jeunes hommes vont rentrer en 14 dans une guerre avec des représentations héroïques et vont vivre un choc extrêmement fort par rapport à la réalité de la guerre.
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Mon enquête a débuté en 2008, à Coblence, petite ville allemande où siègent les Archives fédérales. J’y cherchais des fonds sur les soldats de la Première Guerre mondiale, pour un autre livre. En ouvrant un carton, je découvris un journal intime, rédigé d’une écriture que j’étais incapable de lire, le Sütterlinschrift, une graphie abandonnée en Allemagne depuis la Seconde Guerre mondiale. Après avoir appris à la déchiffrer, je parcourais donc le récit de guerre de Friedrich-Wilhelm Krüger, jeune soldat des tranchées de 1914-1918. Ce texte ne s’apparentait ni à un rapport militaire des avancées du régiment, ni à un journal intime. Il montrait un non-choix, celui d’un jeune homme qui ne s’était pas encore décidé pour l’héroïsme soldatesque pompier ou le for intérieur et l’autocritique. Cela aurait pu en rester là. Mais ce journal portait le numéro V : il me fallait retrouver les quatre premiers volumes. Je savais que ce jeune homme était devenu, par la suite, un des plus importants bourreaux nazis et qu’il n’existait absolument aucun livre sur son parcours. Un constat qui justifiait, à lui seul, une enquête.
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Krüger, en effet, quitte Cracovie, où il a été nommé en octobre 1939, au moment où débutait la guerre. « L’honneur » qu’il a perdu est-il celui de la devise du « corps noir » de la SS, « mon honneur s’appelle fidélité » ? Car cette fidélité qui le lie, notamment, avec le chef de la SS Heinrich Himmler n’a pas été récompensée : nommé à la plus haute charge possible, celle de « chef suprême de la SS et de la police » (HSSPF), dans le territoire très sensible de la Pologne occupée, Krüger a été désavoué, puis remercié par le Reichsführer SS en personne, en novembre 1943. Alors que certains essayaient de fuir le front, devenu, pour l’armée allemande, ce cauchemar de défaites qui s’enchaînent, Krüger, cherche à le rejoindre. Dans une autre lettre, adressée directement à Himmler cette fois-ci, il demande de nouveau un poste au combat : « Je me suis battu politiquement pour vous pendant quatre ans, durant mon affectation comme HSSPF ; je vous demande maintenant, Reichsführer, de me laisser me battre militairement comme soldat, moi qui suis l’un de vos plus anciens soutiens. » Il ajoute : « [je] viens d’une famille de soldats ; je me suis toujours senti soldat, intérieurement».
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Lundi 10 août 1914, dans le village de Retinne, près de Liège, un jeune homme se recueille devant un monticule. Il porte un uniforme, des bottes, sa tête est découverte. Il a vingt ans. Sous l’amoncellement de terre est inhumé son père, Alfred Krüger. Depuis la déclaration de guerre, l’armée allemande a avancé d’une trentaine de kilomètres dans le territoire belge. Alfred Krüger était colonel d’un régiment d’infanterie dans la deuxième armée de Karl von Bülow ; il est tombé le 5 août. Son fils, Friedrich-Wilhelm, est officier dans le prestigieux régiment « von Lützow ».
Le jeune homme se tient immobile, les mains jointes, tenant vraisemblablement son casque. Derrière lui, des arbres fruitiers (voir cahier central, fig. 1).
Krüger avait eu l’occasion de revoir son père, une dernière fois, quelques jours auparavant. Dans son journal de guerre, il écrit : « Lundi, le 3 août, nous avons célébré la cérémonie des adieux, au mess, et cet après-midi, j’étais prêt pour le départ. J’ai reçu l’ordre de conduire les troupes désignées ce soir sur le lieu de leur stationnement. […] J’ai ainsi eu la chance de voir mon père chéri une fois encore avant la guerre ; je ne l’avais pas vu depuis mon entrée dans le régiment v. Lützow. Qui aurait pu se douter que cet adieu serait le dernier ? »
Une semaine plus tard, Krüger baisse la tête, devant la tombe improvisée de celui qu’il désigne comme « un bon père, mais également un père strict ».
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