AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Voici le deuxième volet de l'ambitieux triptyque de Frédéric Paulin, sur la matrice du terrorisme islamiste qui sévit actuellement. Arguant du fait qu'on ne peut comprendre le présent qu'en se référant au passé, La Guerre est une ruse était formidable dans sa façon de présenter la décennie noire algérienne des années 1990 comme préfigurant une nouvelle ère. Prémices de la chute l'est tout autant.

Cette fois, si l'Algérie est toujours au menu avec l'épisode de l'assassinat des moines de Tibhirine, la focale se déplace vers d'autres territoires pour couvrir la période 1996 – 2001 avec en point d'orgue final, les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Cette plongée au coeur de la naissance d'al-Qaida comme franchise du djihadisme mondialisé s'ouvre par la porte d'entrée de l'ex-Yougoslavie, en pleine guerre de Bosnie et du siège de Sarajevo où combattent les brigades el-Moudjahidim, composées d'étrangers djihadistes. C'est là que la nébuleuse al-Qaida apparait pour la première fois. Al-Qaida met le feu à différents foyers. Direction le Pakistan et les grottes de Tora Bora en Afghanistan.

Une nouvelle fois, Frédéric Paulin maitrise avec brio et rigueur un matériau documentaire d'une rare densité et complexité. Et pourtant, jamais le lecteur ne se perd dans ce compte à rebours captivant dont on connait l'issue. Il entremêle personnages réels ( par exemple, Zacarias Moussaoui, Français lié aux attentats du 11 septembre, condamné à perpétuité après son arrestation en août 2001, dont on suit le parcours ) et fictifs parfaitement crédibles. Ce sont ces derniers qui nous guident dans les méandres tortueux de l'Histoire. On retrouve l'agent de la DGSE Tedj Salazar mais c'est le journaliste Réif Arnotovic, tuyauté par Tedj, qui nous entraîne dans ses investigations de terrain, notamment au Pakistan et d'Afghanistan lorsqu'il parvient à infiltrer un camp d'entrainement djihadiste dans l'espoir d'interviewer Oussama Ben Laden .

L'auteur fait le choix de plus aérer son récit, notamment avec le personnage de Vanessa, fille de Tedj et compagne de Réif. Pas forcément nécessaire, j'ai tendance à préférer le récit pur et dur centré sur les faits d'actualité, mais ce procédé est très malin pour injecter du romanesque aux côtés de ses deux anti-héros masculins, victimes des circonstances mais têtus pour témoigner de la violence et de l'absurdité des hommes qui font la guerre. le récit est brillant du début à la fin, mettant en lumière, sans complotisme, la cécité des gouvernements occidentaux et l'arrogance de leurs services secrets, CIA en tête, les empêchant de saisir la portée de ce qui est en train de se tramer.

Prémices de la chute peut se lire indépendamment de la Guerre est une ruse, mais il me semble préférable de lire dans l'ordre chronologique pour avoir une idée complète de la période décrite. N'importe comment, c'est tellement passionnant que ce serait dommage de se priver d'une lecture aussi intelligente et puissante, surtout qui permet d'appréhender les enjeux géopolitiques actuels. Je compte bien poursuivre avec le dernier volet du triptyque, La Fabrique de la terreur qui couvre la période 2010-2015

Lu dans le cadre du jury Prix Bureau des lecteurs Folio policier RTL 2021 #6
Commenter  J’apprécie          1106



Ont apprécié cette critique (107)voir plus




{* *}