AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de afriqueah



Il a du génie, ce petit Blaise, il dessine des figures géométriques alors que son père ne lui a pas appris les mathématiques. Il a su marcher à dix mois et parler à un an, et, à 13 ans , il fait sans le savoir la démonstration de la 32 · proposition d'Euclide. Ce petit, fils d'un mathématicien, n'a pas appris de son père, c'est lui qui en sera le professeur.
D'une écriture qui ressemblerait à une dentelle, ourlée, ajourée, précieuse, Marc Pautrel dans « Une jeunesse de Blaise Pascal », livre dans 74 pages ces inventions couplées avec le désir absolu de comprendre, de savoir de son héros.
Blaise invente la calculatrice que son Inspecteur des Impôts de père utilisera. Il retrouve les expériences de Toricelli , qui contredit Aristote et son « la nature a horreur du vide ». Oui, il y a du vide, se dit Blaise, et il le prouve par la pression atmosphérique plus forte dans la plaine qu'en haut d'une montagne.

J'ai soudain l'impression de trahir ce petit livre, qui évoque toutes les inventions de Pascal, mais comme inessentielles dans une trame sur la recherche plus intérieure que décrit avec tendresse, poésie et une écriture à la fois recherchée et mesurée, Marc Pautrel.
Blaise est orphelin de mère « il sait qu'il est sorti du ventre de sa mère, il sait même qu'avant cela, il a fallu que son père y entre », et il est de plus, âgé de quelques mois, resté plongé dans le coma. Il lui restera de ce coma des faiblesses du corps, qui disparaissent lorsqu'il calcule, lorsqu'il pense, lorsqu'il conceptualise. Compter, c'est penser. Et le petit compte avec génie, découvrant que les trois angles d'un triangle forment 90 degrés.
« Parfois, le père se demande si Dieu n'est pas jaloux de Blaise et ne cherche pas à le punir, le freiner, pour l'empêcher de mettre à jour tous les secrets du monde. »
Il faut dire que la monarchie et l'église au moment de la Fronde peuvent inspirer la plus grande méfiance. La famille doit s'exiler en catimini, fuir Paris pour le Puy de Dôme. Et c'est grâce à la soeur de Blaise, Jacqueline, poétesse précoce et elle aussi géniale, que Richelieu fait éviter la Bastille au père. Qui meurt, cependant.

Après son chagrin dévasté, Blaise hérite, il découvre les joies de la vie facile, il change de vie, s'installe en plein Paris, passe de maitresse à maitresse. Et il joue, parie, cherche la probabilité de gagner. « Il faut trouver la martingale, le secret pour augmenter ses gains, et non plus à chaque fois seulement triompher du risque, mais triompher de la réalité, gagner toujours parce que les secrets du monde ont été mis à nu. Il joue et il gagne, il comprend qu'il n'a jamais cessé de se frayer un chemin organisé dans l'apparent désordre du monde. »
Puis c'est l'accident, que Marc Pautrel décrit en détail. Blaise Pascal reste accroché par les pieds 10 mètres au dessus des eaux « entre le ciel et la terre, entre la vie et la mort »
Coma ensuite, comme après sa naissance puis illumination : le feu l'habite, comme un courant électrique le traverse et le brûle, il a frôlé la mort, il est paralysé par l'extase.
Par le rythme des phrases, par le style , par le pari tenu de raconter en 74 pages la vie intime , les recherches et le cheminement intellectuel et mystique de Blaise Pascal, ce petit livre est un bijou.
Commenter  J’apprécie          142



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}