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Critique de traversay


Silva, une jeune fille de 17 ans, disparait une nuit de son petit village de Dalmatie. Fuite volontaire ou assassinat, il faut attendre les 2/3 de L'eau rouge pour connaître la réponse. Pourtant, le roman du croate Jurica Pavicic ne saurait être tenu pour un pur polar car bien d'autres considérations ou éléments : psychologiques, sociaux, économiques, politiques, historiques, viennent interférer et rendent la lecture du livre passionnante et excitante pour l'esprit. le mot de pépite est bien galvaudé aujourd'hui mais c'est bien ce qu'est L'eau rouge, une petite merveille de narration, dont le style fluide est magnifiquement rendu par la traduction d'Olivier Lannuzel, qui mérite cent fois d'être cité. Et, au passage, coup de chapeau aux Éditions Agullo qui ne se contentent pas de miser sur les littératures "dominantes". Si L'eau rouge était un roman américain, nul doute d'ailleurs qu'il aurait eu des retombées presse encore plus importantes et bien davantage de lecteurs français. Revenons au récit qui court sur près de 30 ans, à partir de 1989, et évoque la fin de l'ère Tito, la guerre en ex-Yougoslavie, les années difficiles de l'après avec les ravages du libéralisme et les investissements touristiques, sources de corruption et de destruction des paysages. le temps passe et le roman nous montre alternativement 7 personnages principaux vieillir, tous affectés d'une manière ou d'une autre par la disparition de Silva. Il y a là son frère jumeau et ses parents, son petit ami, le flic qui mène l'enquête, etc. Chacun d'entre eux vit de manière différente cette absence inexplicable, certains avec colère, d'autres avec résignation, et la ronde des années ne parvient pas à effacer le mystère et épaissit les existences collatérales. C'est tout l'art de Pavicic de trouver un équilibre entre le suspense, l'émotion et la marche du temps dans le lieu où est situé l'action, un petit village proche de Split (to split, en anglais, signifie séparer, mais ce n'est qu'une coïncidence) qui va beaucoup changer en 3 décennies. Plutôt en empathie pour ses personnages, l'auteur est cependant assez lucide sur les failles humaines et les ravages du temps, tout en ne cachant pas son peu de goût pour l'évolution de son pays, qui a perdu un peu de son âme en la "vendant" à la manne touristique. le livre n'est donc pas des plus optimistes ou des plus joyeux mais à travers un fait divers il réussit à nous plonger dans l'histoire intime et publique d'une nation qui fêtera ses 30 ans d'existence le 25 juin. Et Silva dans tout ça ? La retrouvera t-on vivante ou morte ? Voici la vérité : elle est ...
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