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Critique de LoupAlunettes


"Je suis ton soleil".

Un titre pleine page, sur fond doré, constellée de coquillettes.

De qui, de quoi parle l'héroïne?

Quelle est donc cette étoile qui lui montrera le nord?

Déborah est notre héroïne, une adolescente prête pour une rentrée en Terminale.

Les enjeux de l'année?

Se retrouver dans la même classe avec sa meilleure copine Eloïse,

y trouver des garçons intéressants et inspirants,

nouveaux peut-être quitte à se faire surprendre par la vie,

et évidement, le Bac au bout du chemin.

C'est cette drôle d'année qui est imaginée par Marie Pavlenko, ce passage vers un âge adulte bien concret à double-titre, l'âge de la majorité et le sentiment d'émancipation qui l'accompagne.



C'est à croire que cette fameuse année et ce privilège se méritent. Les dés seront jetés dans un ordre inattendu qui feront trainer Déborah des pieds pour démarrer.

Elle ne se trouve pas das la même classe qu'Eloïse et celle-ci ne parle plus que de sa future relation avec Erwann, un élève de la même classe que cette dernière convoitait déja.

Cette expérience qu' Eloïse vit intensément comme une belle obsession fait hélas de l'ombre à leur complicité, mise de côté.

Déborah ne trouve pas le courage ni l'envie (boudeuse, notre Deb) de se confier sur les nouveaux changements qui surviennent dans sa vie familiale.


Son père, très absent, semble faire preuve d'infidélités conjugales et sa mère, qui le soutient dans ses manques de ponctualité aux cercle familial par compréhension ( ou déni, on ne sait pas encore), se lance dans le découpages de magazine tous les jours. Créations ou dépression?

Les démarches mystérieuses de la mère se soldent régulièrement de post-it qui tapissent le miroir de l'entrée, noté d'un même numéro de téléphone.

Furieuse mais contenue ( pas longtemps) et un peu désemparée ( sa professeur de philo lui donnera de sérieux conseils pour ne pas sombrer dans ses notes de classe), Déborah va un peu mener l'enquête pour remettre les branchements et y voir plus clair.


Elle se confiera à deux élèves de sa nouvelle classe, avec qui contre tout attente, ils formeront un trio comme "cul et chemise".

Deux garçons, très différents mais complices, Jamal et Victor.

Jamal est brillant, attentionné, ne manque pas de répartie et collectionne les mygales. Il est loin d'être une beauté, il présente les caractères du nerd sans pour autant en avoir le sens négatif associable. Bien au contraire. Jamal est le ciment du groupe, un personnage adorable avec Déborah, qui ne le lui rend pas toujours, elle s'en rend compte.


Victor a de la culture pop, il n'est pas bête non plus (leurs révisions à trois vont porter Déborah vers le haut), il est mignon (elle va le découvrir par petits détails, l'envisager) et il est en couple avec une certaine Adèle (et flûte).

Si au début, Déborah regrettait sa complicité avec Eloïse, elle finit par passer à autre chose, d'aussi réjouissant et d'inattendu car si on le lui avait dit, elle n'aurait pas misé là-dessus. Eloïse reste toute fois dans les parages.


Voici donc les éléments principaux qui vont animer le volume de près de 460 pages.

Et ce soleil alors?

La quatrième de couverture parle de la bonne providence qui fera passer Déborah au travers des nuages gris.

Rien n'est moins précis et tout est envisageable.

Arrivé à la moitié du tome, l'air va devenir plus dense, les événements plus bouleversants, la pluie se mettra à tomber drue pour notre ado, qui s'accroche avec l'aide de ses professeurs pour réussir sa scolarité, de ses amis pour passer le cap.

Et ce soleil, quand arrive t-il?

Il est déja là, il a divers "visages", c'est une boussole pour certains personnages en mal d'amour et de sens.

Des parents, des enfants, des amis dans la fiction, en quête d'une ancre à la joie de vivre pour tous les jours et les projets d'avenir. Il y a ceux qui veulent rappeler à leur bon souvenir les bons moments au défi des regrets et ceux qui veulent se les créer, juste profiter.

L'auteur insiste sur cette solidarité à différents étages, presque nécessaire, pour donner bon ordre ou ne pas céder, résister aux tempêtes, c'est assez vivifiant.

Il y aura quelques sujets sérieux, durs, bouleversants, abordés sur cette seconde partie, des sujets de l'existence qui feront justement grandir Déborah malgré elle comme nous pouvions l'attendre pour l'histoire.

De très grandes décisions, proportions gardées, réservées à chacun et chacune, Déborah, Eloïse, Jamal, Victor et les parents de Déborah.


Qui est cette jeune Déborah? Sera t-elle notre petit soleil de lecture?

Déborah est une fille décrite comme commune, mais si peu en définitive, du fait de son caractère bien affirmée.

Elle est entière, dit ce qu'elle pense voire trop parfois. Plus par passion qu'un côté "grande gueule" imaginée pour le personnage.

L'auteure n'hésite pas à faire mention de sa cellulite pour la placer dans l'anti-camps des Top model et nous faire sourire, entre gêne tendre et humour mordant.

C'est Déborah qui raconte.

Son ton, celui choisit par l'auteure, est sarcastique, ce qui colle à son esprit, jeune frustrée du moment et son goût des belles lettres aussi.

Déborah adore lire et écrire.

Elle consigne pleins de phrases qui la touchent dans ses carnets et parlent aussi des autres.

Son livre de chevet du moment, "Les Misérables" de Victor Hugo.

Le tome des "Misérables" souvent proposé sur les listes scolaires en ferait fuir plus d'un, car d'un style plus aride qu'un roman jeunesse actuel. Marie Pavlenko arrive à créer une passerelle qui, par le truchement de son héroïne, pourrait motiver à le découvrir comme il le mérite, au delà des parties historiques et du style jugés peu captivants par cette tranche d'âge. Déborah se prend d'attachement pour ses personnages comme nous nous attacherons à elle.



Le ton reste bien celui d'un ado de l'âge choisi, il est bien saisi.

Certaines situations ordinaires mais cocasses, , dans les rapports entre copains ou les conflits de générations, nous font sourire de cette Déborah embarrassée, sans être maladroite, dans laquelle beaucoup de jeunes filles devraient se reconnaitre.

Son auteure l'a pensé obstiné à travers sa sensibilité et au 3/4 du tome, les lecteurs lui souhaiteront de gagner ses soleils comme elle le mérite.

Alors? Bac ou pas Bac en poche?

A découvrir.
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