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Critique de Bouteyalamer


On ne trouvera pas une claire explication du « labyrinthe de la solitude », mais l'on devine que pour Paz la solitude est un lieu fermé, oppressant, aveugle, quand elle évoque l'image altière de la montagne chez Zarathoustra ou Empédocle. Chez Paz, Zarathoustra et Empédocle, la solitude est proche de la mort, la mort comme devenir ou comme retour à la religion, comme jeu ou comme découverte, comme crime ou sacrifice, comme intelligence ou négation dans le suicide, bref la mort comme ressource intellectuelle ou poétique. La Toussaint, jour des Morts, inspire à Paz des pages emportées sur « la Fête », « le Mexicain », « l'Aztèque », « l'Américain » (voir citation), dans une anthropologie qui ferait sourire Marcel Mauss, puis une réflexion pascalienne : la mort comme thème fertile, si l'on ose dire, ou comme réservoir de concepts. Éloquent brasseur d'idées, Paz nous offre de longues improvisations où la formule est plus convaincante que la pensée : « Nous sommes seuls. La solitude, fond obscur d'où l'angoisse sourd, commence le jour où nous quittons le sein maternel et où nous tombons dans un monde étrange et hostile. Nous tombons ; et cette chute, cette conscience de nous savoir tombés, nous rend coupables. Coupables de quoi ? » (p 93).

Les dernières phrases de Paz font écho à un autre poète : « Tous les hommes attendent que la société en revienne à la liberté originelle, et eux-mêmes à l'innocence primitive. Alors cessera l'Histoire. le temps (le doute, le choix forcé entre le bien et le mal, entre le réel et l'imaginaire) cessera de nous faire souffrir. Reviendra le règne du présent fixe, de la communion perpétuelle : la réalité mettra bas ses masques et nous pourrons enfin la connaître et connaître nos semblables ». Rimbaud préfère la vérité à la communion quand il conclut la Saison en enfer : « … et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps ».
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