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Critique de gill


Blaise Leduc était premier lieutenant sur le "Baalbeck" à son entrée dans le port de Valparaiso.
Durant un poste de manoeuvre, un filin de remorque s'est enroulé autour de sa jambe, et voilà Blaise désoeuvré et immobilisé à terre pour deux mois.
Deux plaques métalliques sont vissées sur le péroné de sa jambe droite.
Sa rencontre avec le chef harponneur Stephen Mollissen va donner un tour tout à fait inattendu à son existence de marin ...
"L'aigle des mers" est un roman maritime d'Edouard Peisson, paru en 1941 aux éditions "Bernard Grasset".
Il est peut-être "l'autre" grand roman de la chasse au cachalot !
"Il y a des moments dans l'existence qui font coupure".
L'oeuvre d'Edouard Peisson en est pleine.
Le personnage de Blaise Leduc, ou devrais-je dire d'Harris Benett, est une silhouette emblématique de cette dernière.
C'est un démon familier qui a attiré Blaise vers la vie de marin, celui qui lui a fait renoncer à un paisible avenir de laboratoire, le même qui l'a porté d'un bureau d'inscription maritime à un autre sans jamais venir retrouver les siens.
Pour l'heure, Stephen Mollissen a sauvé Blaise de la noyade et lui propose de prendre la place, temporairement d'abord puis définitivement, d'un certain Harris Benett qui n'en finit pas d'embarquer à son poste de second sur "l'Aigle des Mers", une fine goélette baleinière embossée dans le port de Valparaiso.
Malgré l'appréhension d'être "shangaïé", Blaise finit par accepter, peut-être plus par curiosité que par reconnaissance, peut-être aussi par amour des belles histoires ...
Ce roman est un solide morceau de littérature maritime.
Stephen Mollisson est un un fameux conteur et le livre s'ouvre sur une de ses histoires de cachalots, l'histoire d'un vieux mâle "Tête grise" et de son fils "Coffre d'amarrage" qui ont parcouru les océans et ne craignaient que la terre, l'homme et l'épaulard ...
Stephen Mollisson "bâtit le décor, suit ses personnages.
Il est pris par la création et l'invention immédiate.
Le récit est inventé au fur et à mesure qu'il se déroule, que son auteur même découvre son développement".
C'est très moderne, écologique en diable et quelque peu poétique même.
J'ai aimé cette théorie surprenante et folle qu'un relief sous-marin gravé dans le cerveau du cachalot puisse guider ses voyages à travers les océans.
Mais Edouard Peisson retrouve vite son personnage mené par ses démons.
Où irait-il, s'il quittait "l'Aigle de mer" ?
Après un voyage jusqu'au Cap Horn, c'est le royaume du doute et de la brume, l'arrivée au port base dans l'île des éléphants, entre 55 et 56° de longitude ouest et 61° de latitude sud.
Creary est le commandant, Mollisson le chef de pêche et Leduc/Benett le second ...
Cet ouvrage est bien écrit, à la manière d'un voilier qui aurait été bien gréé.
C'est un récit épais et charpenté de près de 350 pages.
La plume d'Edouard Peisson y saisit les tempêtes, les superstitions et les états d'âmes des marins, les massacres abjects des animaux et l'écoeurement des hommes.
Aucune commisération n'est alors de mise pour le monde animal.
Autres temps, autres moeurs !
On harponne et écorche les baleines par dizaines, on abat les oiseaux de mer par cinquantaines.
Ces terre sont hostiles à l'homme, il y est un étranger.
Mais au delà du décor de ce récit, un mystère plane.
Qui est Clyde, ce curieux matelot recueilli en mer ?
Qu'a bien pu devenir le véritable Harry Benett ?
La réponse à toutes les question est peut-être dans le journal bleu du capitaine Creary ...
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