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Critique de Lucilou


Sur une plage mélancolique de la Baie de Somme et dans le ventre boisé d'une goélette échouée comme un rêve brisé, on retrouve un matin de 1896 le corps sans vie d'Alexandre de Breucq, un riche industriel parisien dont l'agonie a dû être longue. le pauvre bougre baigne dans son sang qui colore d'écarlate le pont du bateau. Parce que la victime de ce sanglant assassinat était aussi riche que puissant, parce qu'il frayait sans doute dans les plus hautes sphères du pouvoir, on dépêche sur place le fleuron de la police parisienne, Amaury Broyan, qui, malgré les fantômes qui le hantent ne met pas longtemps à comprendre que sous le sang, il y a le poison. S'ouvre dès lors pour notre fin limier une enquête tortueuse où les apparences sont souvent trompeuses, ombres et mirages et où les chausse-trappes sont légion. L'affaire est en effet épineuse et les fils qui la sous-tendent semblent impossible à démêler. Qui pourrait en vouloir à l'industriel adulé par ses ouvriers, portées aux nues par ses amis ? Sa femme peut-être, l'ambitieuse Madame de Breucq ? Après tout, l'héritage lui revient ? Un concurrent ? A moins que la clef de l'énigme ne se trouve dans les faubourgs parisiens chez les Apaches, ces titis parisiens qui jouent du couteau comme d'autres jouent en bourse ? L'homme avait une maîtresse aussi, à ce qu'on raconte…Axelle Valencourt, belle comme une sylphide, posait pour Alfons Mucha et sert aujourd'hui de modèle à un jeune bohème romantique. Celle dont la grâce illumine Montmartre et ses ateliers les moins cossus a peut-être elle aussi une histoire à raconter… Ainsi Amaury Broyan est aux prises avec une enquête complexe, périlleuse ; une enquête qui se dérobe sous ses pas, glissante comme les pavés de la place du Tertre après la pluie… Rien ne lui sera épargné : ni les coups, ni les mensonges. Il devra pourtant faire la lumière sur le meurtre d'Alexandre de Breucq, quitte à plonger dans l'ombre… Et il est des salons et des hôtels particuliers sont le marbre et les dorures dissimulent plus de noirceur que les faubourgs…
J'ai eu pour cette bande-dessinée un coup de coeur comme je n'en avais pas éprouvé depuis longtemps. Je craignais qu'il s'en tienne à sa sublime couverture, hommage évident et magnifique à l'Art Nouveau et à son plus digne représentant -Alfons Mucha-, et à son titre poétique… Cela arrive parfois, ces livres dont on trouve si belle la couverture et qui nous déçoivent un peu quand on les ouvre. le coup de coeur n'est plus si beau alors… Avec « Automne en Baie de Somme », j'étais confiante pourtant eut égard à sa quatrième de couverture qui me promettait ma très chère Belle Epoque et Paris, Paris que j'aime tant… Et puis, une bonne enquête policière, dans un tel cadre, cela ne peut se refuser.
L'ouvrage de Philippe Pelaez et Alexis Chabert ne ressemblait vraiment à ce que j'en attendais, il m'a surprise et c'est sans doute mieux comme cela. Et puis, on ne peut pas nier les évidences : le livre m'a happée, littéralement.
Ce n'est pas tant pour son récit policier qui est somme toute assez banal et qui contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'est pas le coeur même de l'intrigue qu'il ravit, mais pour tout le reste : pour l'intelligence de son propos très, très engagé et ce qu'il dénonce à cors et à cris ; pour sa fin qui pourrait être choquante et qui pourtant ne l'est pas, qui se pare même des oripeaux de la beauté ; pour son cadre, son contexte sublime et passionnant ; pour le jeu de masques qui se danse sous nos yeux ; pour la beauté un peu tragique, un peu désespérée des personnages ; pour l'atmosphère sombre et mélancolique, poignante qui se dégage de l'ensemble et son romantisme aussi gracile que douloureux ; pour l'amour fou; pour le rêve et les contours un peu flous qui nimbent cette histoire ; pour sa poésie.
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