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Première édition chez Mille et Une Nuits (1996) avec postface de Bernard Cohen et illustrations de Stephane Richard.

Très jolie nouvelle où le monde est un train qui avance sans fin vers le pont détruit.
Variation du mythe platonicien de la caverne mêlée à l'effondrement de l'URSS.
Ecriture précise et évocatrice. Quelques images inoubliables
Sempiternel regret : que le novelliste n'en ai pas fait un roman…
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On retrouve dans cette longue nouvelle la conception bouddhique du temps, c'est-à-dire un temps qui n'existe pas. Ainsi, quand nous cherchons à percevoir l'instant présent, c'est toujours avec un train de retard : « Tout le problème vient du fait que nous partons constamment pour un voyage qui s'est terminé dans la seconde précédant notre départ. »

Et dans cette histoire, l'existence des personnages est littéralement emprisonnée dans un train sans arrêt et sans fin apparente, autre que celle d'un « pont détruit » que tout le monde évoque comme l'inconnu, comme la mort au bout de ce voyage qu'est la vie.

Chaque instant passe sans laisser de traces, de même que le paysage défilant par les vitres du train est aussitôt absorbé pour laisser place à un autre.

Seuls les personnages s'attachent à ce qu'ils imaginent être leurs actes passés. Ils s'engagent dans des parcours disparates, dont beaucoup parodient le climat de pillage des resources de la Russie post-URSS par les oligarques et leurs mafias, à l'image du trafic qui s'organise autour des poignées de portes des wagons (un trafic dans un trafic, et libre à vous de lire ce livre durant un trajet en train pour ajouter aux mises en abyme enchâssées comme des wagons).

Le personnage principal Andreï, s'engage lui dans un parcours très différent. Plus il chemine physiquement et spirituellement au sein de ce train et plus l'on régresse vers un point zéro comme une décélération de la vitesse du train. Selon les bouddhistes, la méditation a pour vertu d'arrêter le mouvement de la flèche illusoire du temps. de la flèche jaune horizontale émerge une flèche intérieure verticale. le samadhi dissipe le samsara.
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Cette semaine, j'ai décidé d'embarquer dans la flèche jaune pour continuer mon voyage à travers la Russie. Tout cela n'est que métaphorique bien sûr, je me demande encore si le train dans lequel je suis montée a une réelle destination. Peu importe à vrai dire, ce n'est qu'un détail de plus du génie de l'absurde de Viktor Pelevine.

Si vous aimez le concret, alors ce livre n'est pas pour vous. Si par contre vous êtes adepte de l'effet miroir, de ces réalités qui n'en sont pas mais qui ont un fond bien ancré malgré tout dans le monde que l'on connait, alors plongez dans Pelevine les yeux fermés.

La Flèche Jaune m'a emmenée au train de la vitesse des rayons du soleil qui tombent sur la table alors que vous prenez votre petit déjeuner du matin, c'est vous dire. Dans ce huis-clos, tous les personnages sont volontairement stéréotypés, et l'absurde flotte avec le burlesque, effet miroir de la Russie post-soviétique.

Tout est décousu, puis recousu par la file interminable des wagons de la Russie. L'opposition Est / Ouest est flagrante. A l'Est, on vit dans des wagons sans couchettes, sales et bondés et on utilise du papier journal en guise de papier toilette. A l'Ouest, les compartiments sont spacieux et confortables et on a du papier toilette. Un commerce parallèle se tisse dans les couloirs ("Avez-vous du papier toilette à l'effigie de Saddam Hussein?") , on parle de religion, de Saddam Hussein, de thé…

Lorsque j'ai tourné la dernière page, le sentiment d'Andréi m'a sauté à la gorge. Ai-je bien lu ? Ai-je tout compris (je ne crois pas, il y a certainement des références qui m'ont échappé) ? Ces gens existent-ils vraiment ? Est-ce cela la Russie ? Et c'est là que réside le talent de Pelevine, dessiner la réalité dans un chaos absolu...

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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une très belle découverte. j'ai particulièrement apprécié l'écriture. une belle satyre du monde soviétique, voir du monde, dans ce train fou où cohabitent tant bien que mal toutes les strates de la société. très enlevé. trop court, on en demanderai encore...
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La Flèche Jaune est un train, un train immense dont personne ne connaît ni le point de départ, ni celui d'arrivée. Et dans ce train, c'est toute la société russe post-soviétique qui voyage d'un passé inconnu vers un avenir incertain.
Ce court récit, parfait pour un voyage en TGV, n'est pourtant pas de la littérature de gare. le portrait désabusé que Viktor Pelevine trace de la société russe est sous tendu par la plus fondamentale des questions métaphysiques : d'où venons-nous et pour aller où ? On pourrait lire La Flèche Jaune sans connaître la nationalité de l'auteur et la deviner en quelques pages : on retrouve ce surréalisme poisseux et sans illusion ni concession si propre à la littérature russe contemporaine. D'ailleurs, La Flèche Jaune peut être une bonne porte d'entrée pour cette sorte de littérature.
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récit caustique, dérisoire comme seuls les russes savent le faire; un bon moment à bord de cette flèche jaune
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Un petit bijou d'écriture, au style enlevé. La Russie post-soviétique est représentée par un train qui roule vers une destination inconnue (un pont détruit ?), dont personne ne descend jamais, sauf les morts qui sont évacués par les fenêtres...
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