(...) née dans une famille de militants socialistes, elle fut précocement obligée de quitter l'école quand celle-ci tomba sous l'emprise du fascisme. Ainsi, Goliarda se forma autrement. A douze ans, en plus d'avoir déjà appris à tirer et boxer, elle avait lu tout Dostoïevski, tout Tolstoï et Les Misérables. (...)
La vraie formation de Goliarda se déroula pourtant ailleurs qu'à la maison, dans les ruelles de San Berillo. Dans ce quartier populaire de la vieille ville de Catane, où se trouvait la demeure familiale et où son père avait son cabinet d'avocat (...)
A San Berillo, elle apprit aussi à saler les anchois, à empailler les chaises , à jouer dans les théâtres populaires, toujours en suivant les convictions socialistes de son père qui prescrivaient l'apprentissage de nombreux métiers. (p. 13-14)
- L' Art de la joie...ce livre me ramène à l'époque où, après que Goliarda m'eut fait une confiance totale pour revoir le texte, malgré les vingt ans qui nous séparaient, nous vécûmes une grande solitude à cause du refus des principaux éditeurs italiens. (...)
à deux, on fait déjà un syndicat, disait Maria Giudice, mère de Goliarda et femme magnifique. Mais une fois seul, avec -L'Art de la joie- qui moisissait au fond d'un coffre, à la douleur pour la brusque perte de Goliarda s'ajoutait celle de la mort définitive d'une oeuvre qui avait cimenté notre vie commune. (p. 9)
Quelquefois, pas souvent, et surtout jamais gratuitement, elle était portée à la mélancolie, quand elle pensait à la façon dont la vie peut être détruite, même si elle renaît ensuite.
Sauvegarder sa santé et son intelligence, voilà la première nécessité, face aux attentats continuels que n'importe quel système, y compris le système démocratique, perpètre toujours contre l'individu.
Pour elle, il n'y avait qu'une unité de mesure du temps : la journée. À l'intérieur de celle-ci, il fallait accomplir tout ce qui pouvait rendre la vie digne d'être vécue.