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Critique de kuroineko


La parution d'une nouvelle enquête de l'Inspecteur-Chef de la Sûreté du Québec Armand Gamache est toujours source de joie pour moi. L'impression de retrouver des amis après un temps d'absence.

Même si j'affectionne énormément Three Pines, je suis heureuse que ce huitième opus délaisse le village pour partir à la découverte d'autres contrées du Canada. Et quelle contrée en l'occurrence! Rien de moins qu'un monastère perdu dans les profondeurs du Québec depuis quatre siècles! St-Gilbert-entre-les-loups et sa congrégation se sont installés au coeur d'une forêt sauvage. Les frères y vivent de leurs cultures et de leur basse-cour. Un système de troc de productions s'est instauré avec d'autres communautés des alentours de Montréal. Mais la caractéristique de St-Gilbert tient au chant. Ou, pour être plus exacte, au plain-chant, ces sublimes chants grégoriens issus du Moyen-Âge et toujours aussi envoûtants et mystérieux.

Pourtant, malgré la parfaite harmonie vocale, derrière la clôture et sous les scapulaires blancs, grondent les dissensions et les noires émotions. Jusqu'à l'inadmissible... Un meurtre survient dans la congrégation et les reclus se voient dans l'obligation d'ouvrir les portes du monastère à des laïcs. Et pire encore, d'ouvrir leur âme, renonçant au silence requis par leurs voeux.

C'est bien sûr notre cher Armand et son fidèle Jean-Guy Beauvoir qui vont mener l'investigation. Une enquête très particulière du fait du lieu et de la caractéristique des suspects. Dans cet univers de piété et de peu de mots, les moindres regards et gestes prennent sens. Autant de signes à interpréter pour les deux Montréalais.

Louise Penny décrit avec justesse cette ambiance singulière et ces jeux de non-dits. Tout comme le cadre musical est passionnant. Ses explications sur l'évolution du chant grégorien, des premières notations sous forme de neumes m'ont rappelé une formidable conférence de musicologie médiévale quand j'étais étudiante. En férue de musique, Louise Penny a reconstitué avec un art consommé les séquences de plain-chant. Les descriptions sont si belles et intenses qu'on entend presque ces sublimes harmonies rien qu'à la lecture.

Le tout forme donc un opus absolument délectable. Chaque retrouvaille avec Gamache et consort m'apporte certes plaisir et divertissement. Mais plus encore, de nouvelles connaissances, des réflexions à intégrer.

Je quitte ce tome le coeur lourd. de refermer la dernière page en attendant le prochain. Et surtout car la beauté des chants et la paix apparente de la congrégation n'effacent pas les ombres insidieuses qui progressent et menacent tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.
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