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Critique de caro64


1811. Afin de gagner son indépendance, l'Espagne tente tant bien que mal de combattre les armées napoléoniennes et son nouveau roi Joseph Bonaparte, couronné en 1808. Les Cortès, sorte de gouvernement provisoire, ont trouvé refuge à l'extrême pointe sud de l'Andalousie dans l'une des dernières villes résistant à l'occupant français, une ville où les assiégés ravitaillés par la mer vivent mieux que les assiégeants dans une impasse totale et durable. Il s'agit de Cadix, la ville blanche, connue pour être la plaque centrale du commerce maritime ibérique vers les Amériques mais également la ville la plus éclairée et libérale d'un pays où la monarchie et le clergé apparaissent en pleine décadence. Cadix se sent invulnérable derrière ses remparts et pour beaucoup, la vie semble suivre normalement son cours en dépit du long siège et de la guerre. Certains ont d'ailleurs bien d'autres préoccupations comme le commissaire Rogelio Tizon se retrouvant avec les cadavres de jeunes filles sauvagement assassinées et pas l'ombre d'une piste à part une vague et étrange sensation, imperceptible et inexplicable mais qui semble liée aux bombardements de l'artillerie française sur la ville. Débute alors une obscure et angoissante partie d'échecs avec Cadix comme troublant échiquier.

Qualifier Cadix, ou la diagonale du fou de simple roman historique serait un grave raccourci, ce n'est pas non plus un polar ou un roman de guerre voire même un roman d'amour, c'est un peu de tout cela. Arturo Perez-Reverte multiplie avec talent les intrigues parallèles. On pourra ainsi suivre outre l'enquête du cruel et corrompu Tizon, les faits de guerre d'un simple et courageux saunier, l'art d'un taxidermiste devenu espion et ouvert aux philosophes des Lumières, les pointilleux calculs d'un atypique artilleur français, ou entre autre, les problèmes d'argent et d'amour de Lolita Palma, héritière d'une grande compagnie de commerce maritime et qui n'a d'autre choix pour subsister que d'équiper un navire corsaire ayant pour commandant le solitaire et énigmatique Pepe Lobo.

Parfois un peu trop bavard, tellement précis et prolixe dans ces descriptions pouvant tant les faire apparaître d'une aveuglante limpidité ou d'une obscure confusion, parfois un peu trop savant lorsqu'il s'aventure sur le vocabulaire de la navigation lors des batailles navales ou des mécanismes de l'artillerie, Arturo Perez-reverte n'a cependant pas son pareil pour faire vivre avec passion ses personnages et leurs sentiments. Il signe une reproduction de la vie de l'époque saisissante, depuis le siège de la ville jusqu'aux moeurs et coutumes alors observées. Avec d'un côté les assassinats et de l'autre les batailles armées, il semble que le danger ne vienne pas toujours là où on l'attend… Et ce sera au lecteur de ne pas se perdre dans la diagonale du fou !

Avec un formidable sens du récit, imbriquant les différentes histoires avec une grande fluidité, Perez-Reverte nous livre un superbe roman, certes avec des longueurs (il aurait pu être plus court, il fait 763 pages) mais absolument passionnant et étonnamment réaliste.
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