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Critique de Afleurdelivres



Le récit sensible et poignant d'un drame intime aggravé par le poids du silence.
« ...ne le dis à personne. C'est un secret ». Quand Georgia entend ces paroles chuchotées dans l'obscurité elle a huit ans et en quelques minutes vieillit d'une dizaine d'années. Aujourd'hui adulte ces choses tues ont laissé en suspens une souffrance non résolue chez « Jo » ce surnom réducteur qu'elle déteste. C'est au décès de sa mère que va ressurgir ce « sale secret », ce traumatisme enfoui ouvrant enfin une voie à la libération de parole. L'annonce de sa mort la laisse sans larmes entre réminiscences, préparatifs de l'enterrement et retour à l'hôtel du bord des vagues de son enfance chez son oncle et sa tante elle lutte pour chasser le spectre de sa mère omniprésent « ...je ne veux ni d'elle ni de sa mort ». Sa mort physique est moins douloureuse que la mort affective qu'elle lui a infligée de son vivant. A travers la narratrice-victime l'écrivaine révèle les dégâts causés par les non-dits intrafamiliaux qui pèsent sur plusieurs générations et condamnent à la perpétuation du mal si la parole ne vient pas briser la fatalité. le choix maternel du déni alimente la souffrance de sa fille car elle choisit un autre camp que celui de son enfant. Sans le soutien parental le silence prend le pouvoir et devient pilote de la destinée de Giorgia, sa toxicité poursuivant son oeuvre dans le temps. Questions évitées, réprimandes, rejet sont le quotidien de cette petite depuis le secret et la séparation de ses parents qui a mis à mal sa mère, peu attentive à elle depuis. Ne pointant que ses insuffisances, sa beauté est la seule qualité qu'elle lui consent. Malgré les signaux de souffrances allant de l'énurésie nocturne aux claquements de portes personne ne cherche à comprendre Giorgia. Un « chut, surtout tais-toi » flotte tacitement. Même après ses révélations chocs sa famille esquive car il faut garder la face et puis « La famille perdrait l'équilibre si ... La famille ne doit pas disparaître. » le déni du clan familial trace sa route. Ici la prise de parole est moins réparatrice que libératrice. Elle se reconstruit auprès de ses deux enfants, des arbres qu'elle soigne et de son nouvel amour, non sans difficultés.
Dans une écriture percutante l'écrivaine retranscrit avec véracité le ressenti de cette enfant meurtrie mais combative tiraillée entre la peur et un conflit de loyauté paralysant. Au fil des pages une petite fille silencieuse et courageuse vous prend par la main pour vous montrer ce qu'elle ne pouvait dire faisant du lecteur un témoin et, souhaitons-le, un transmetteur.
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