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Critique de Enki


Enki
17 septembre 2017
1918. Joseph Darnand est l'« artisan de la victoire », distinction suprême que seul Clemenceau et Foch obtiennent également. Il vient, avec ses hommes, de forcer les lignes allemandes, fait plus de vingt prisonniers et récupérer les plans de la future offensive ennemie. La guerre vient de basculer. Inimaginable, mais il l'a fait. Un héros, certainement, mais son histoire ne s'arrête pas là…

Rue de Sèvre est une de ces maisons dont la qualité des choix éditoriaux est incontestable. Darnand, le bourreau français en est une nouvelle preuve. Pat Perna revient dans cette bande dessinée prévue en deux volumes sur le destin de Joseph Darnand, personnage équivoque déjà dépeint en 2015 par le très contestable Eric Brunet dans un essai intitulé Un monstre à la française. Héros en 18 puis en 39 Darnand va basculer… Il serait dommage d'en dire plus. Perna brosse un personnage téméraire, brutal, convaincu… droit dans ses bottes. La finesse n'a pas droit au chapitre, si ce n'était l'association à un deuxième personnage, son compagnon d'arme, Ange Servaz. Sniper, il accompagne Darnand dans ses entreprises les plus insensées. Servaz n'a pas sacrifié sa part d'humanité sur l'autel de la guerre et du nationalisme. Parfait contrepoint, tantôt conteur ou conscience, oublié de l'histoire mais porteur de nuance dans le récit. Perna trouve avec ses deux acteurs un bon équilibre narratif.

Fabien Bedouel, à qui l'on doit les très bons Kersten avec le même scénariste et L'or et le sang, nous offre un très beau travail graphique, épuré mais précis. Sans aucun détail superflu, ses planches mettent à l'honneur, à travers des choix très cinématographiques de cadrage, les hommes, leurs gueules, leur passions, leur violence. Le dynamisme est la règle, le gros plan, l'instrument favori du dessinateur. Il en va de même pour la couleur tout en aplat, sobre mais efficace. Et quel meilleur encrage que le sien pour dépeindre la guerre des tranchés. En résumé, une esthétique actuelle et accomplie.

Un très bel album donc, où les auteurs nous offrent le trouble reflet de ce que fût la France de la première moitié du XXè… sans angélisme.
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