L’automne est tout roux. C’est la saison de l’amitié. De ma rencontre avec Chloé. C’est la plus belle saison de l’année. Je ne te le dirai pas maintenant, moi, que j’ai parlé de toi à Madame Louis. Tu le sauras mercredi. Sous la tente igloo. Il pleuvra. Tu auras onze ans. On mangera les gâteaux de ton père. On enfilera des mots comme des perles pour se les offrir en cadeau...
Maman a changé. Ses yeux ont l'air cirés, sa voix ressemble à celle d'une hirondelle. Papa, lui, fait Nounours dans sa marmite de miel. Je me demande si j'aime ... Ils racontent tous les deux ... les moulins, et les canaux et les tableaux ... Ils sont beaux ce soir et je leur en veux.
Juliette sourit. Avec ce petit air moqueur qui nous déroute toujours un peu, Capucine et moi. Juliette est une des rares filles de la classe que nous ne dominons pas vraiment. C’est notre préférée. Elle a un an et demi de plus que nous. Elle est en retard parce qu’elle a été malade. Elle joue très bien du violon. D’ailleurs dans notre future maison, j’ai prévu une chambre pour Juliette. Nous l’inviterons de temps en temps, avec son violon, Capucine et moi...
– Qu’est-ce qui rend fascinante ? lance tout à coup Juliette.
– La beauté et l’intelligence, répond Capucine aussi vivement que si on lui avait demandé combien font deux et deux.
Acquiescement de la tablée.
– Il ne suffit pas d’être belle pour fasciner, reprend Juliette de sa voix d’oiseau. Ni d’être intelligente.
– Qu’est-ce qu’il faut, alors ?
– Je ne sais pas... Je crois que c’est surtout une question de rayonnement.
La curiosité est un vilain défaut.