AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de VincentGloeckler


Une fête pour les yeux et l'esprit, une excellente idée que cette édition des Contes de Charles Perrault illustrés par l'art brut ! L'ouvrage, de très belle facture comme toutes les publications des Editions Diane de Selliers, présente les textes dans leur version originelle (et c'est plaisir de retrouver ces récits non édulcorés d'avant la vulgate disneyenne, un petit Chaperon rouge qu'un loup croque définitivement, une Barbe bleue bien sanguinaire!) sur la page de gauche, offrant sur celle de droite un contrepoint iconographique toujours lumineux et judicieux, dessin ou peinture choisis parmi les oeuvres trop méconnues des créateurs, marginaux ou « fous », de l'art brut. « Les contes de fées, c'est comme ça. Un matin on se réveille. On dit : « Ce n'était qu'un conte de fées… » On sourit de soi. Mais au fond on ne sourit guère. On sait bien que les contes de fées, c'est la seule vérité de la vie. » S'ouvrant sur cette citation d'Antoine de Saint-Exupéry, l'avant-propos de Diane de Selliers précise cette dimension sensible du conte, comme une porte ouverte sur notre inconscient, l'accès par le truchement du merveilleux à « une mise en abyme du réel », un monde d'angoisses et de désirs commun à l'enfant et à l'adulte. Et l'éditrice de préciser le sens d'une démarche qui cherche à donner par l'illustration le meilleur écho à cette vibration intimiste des mots du conte dans l'esprit du lecteur : « … plutôt que de proposer le regard d'un artiste qui offrirait sa propre lecture des contes, nous sommes partis à la rencontre d'hommes et de femmes qui expriment spontanément, par le biais de la peinture, du dessin, du collage, de toute représentation graphique, leur difficulté de vivre, leurs fantasmes, leurs rêves perdus, les démons qui les hantent, les espoirs qui les font vivre. Reclus dans des hôpitaux psychiatriques, des prisons, isolés dans une société où ils n'ont pas trouvé leur place, enfermés en eux-mêmes, souvent dans une solitude douloureuse, habités d'élans spirites ou médiumniques, se sentant guidés par des esprits, ils créent en visionnaires, et leur création est un cri, et leur cri une oeuvre d'art, spontanée, inattendue. Ce sont ces cris que nous avons choisis pour accompagner les Contes de Perrault : des cris sortis tout droit des profondeurs de leurs créateurs, des oeuvres sensibles, inventives, essentielles, dans lesquelles nous retrouvons l'univers des Contes, une mémoire ancestrale, qui remonte des entrailles de la psyché. Ces oeuvres se sont imposées. Elles portent aujourd'hui le nom d'art brut ». On ne pouvait mieux dire, et le pari est pleinement réussi, nous permettant de relire ces contes dans une lumière nouvelle… Un luxe, ce nouvel opus de Diane de Selliers ? Peut-être pas tant que ça, si pour un prix équivalent à celui d'une douzaine de romans, dont certains seront bien vite oubliés, vous acquérez ce précieux trésor, des histoires éternelles aussi partagées par toute l'humanité que celles des Mille et une nuits ou que bien des textes sacrés, à l'éclat rehaussé par un si bel écrin !
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}