Et si cette réalité n'avait de sens que celui que l'on veut lui donner (page 221)
« Un papillon ne crie pas, il souffre en silence… »
« Un papillon ne crie pas, il souffre en silence… »
La réalité a un défaut, celui d’être étroitement liée au rêve. Quand les rêves mènent vicieusement au cauchemar, ça donne des moments horribles. J’ai peur de ces moments.
Il va enfin pouvoir assouvir ses besoins sexuels tout en laissant s’envoler mes rêves d’enfant précoce. Je sens un coup puis deux, laissant la mélodie commencer. Je n’ai pas de plaisir, je le laisse faire tout en sentant son acharnement contre moi, sa douleur du passé ressurgir. Je m’évade pour oublier tout ça, les yeux vers le haut, je regarde dans le noir ce qui semble être ma réalité.
Je veux encore croire qu’il est là pour s’excuser, trouver un compromis, me libérer et me dire qu’en échange, je devrai me taire à tout jamais. Mais malheureusement ça ne sera pas le cas. Il est là,derrière cette porte et cet homme est là pour commettre le pire des actes. Je pleure, je tremble sans moyen de me canaliser. Je sens la porte qui s’ouvre doucement, la bouche tremblante, je sens un courant d’air venir à moi. Je lève la tête, une silhouette noire, derrière, une immense lumière blanche. Il avance, cet homme imposant, il a les traits vieillis, la peau qui sent une odeur de moisissure. Je vis sans cesse dans la crainte d’être de nouveau abusée. J’ai la peur dans le ventre lorsque je me couche. Je sens qu’il est fort probable que le matin je finisse devant lui à devoir répondre à ses besoins. J’ai peur de l’avenir. Je crois au destin, celui que la vie m’a donné. Je suis peut-être un test de la nature, une chose divine qui est apparue pour accepter la pire des souffrances.
J’ai l’impression que tous les jours se ressemblent. La nuit je tremble de peur de croiser encore son regard, dans le noir. Les papillons ne sont plus là, je dois encore dormir, ils apparaîtront tout à l’heure. Je ferme doucement mes yeux, ils sont comme des milliers de petits personnages à courir dans ma tête, ils piétinent la moindre pensée parasite. Je dois uniquement fermer les yeux et essayer de ne penser à rien. Les pas qui arrivent, la réalité qui dépasse de loin le rêve.