J'ignorais l'existence de ce son, de cette note-là à l’intérieur de moi. Je me sens comme un instrument de musique qui posséderait une touche en plus.
C'est comme des bulles de folie douce, des bulles de joie qui remontent jusqu'à ma gorge, caressent ma bouche, secoue mon ventre d'allégresse et me font exploser de rire.
Le malheur, il faut bien que ça s’arrête un jour.
Mais moi, j'étais pleine de silences qui hurlaient au fond de moi. Qui m'ont fait grossir, maigrir, vieillir, pleurer, dormir toute la journée, boire comme un trou, me cogner la tête contre les portes et les murs. Mais j'ai survécu.
Ne juge pas chaque jour à la récolte que tu fais, mais aux graines que tu sèmes.
C'est un luxe d'être propriétaire de son temps. Je pense que c'est un des plus grands luxes qu'un être humain puisse s'offrir.
Parler de toi c'est te faire exister, ne rien dire serait t'oublier.
C'est ce jour-là que j'ai compris qu'on pouvait me faire et me dire n'importe quoi, que ma peau et mon âme de Violette avait été impermabilisées à la naissance contre toute forme d'anéantissement. En revanche, tout ce qui toucherait à ma fille pénétrerait en moi. J'absorberais tout ce qui la concernerait, une mère poreuse.
L'être est éternel, l'existence un passage, ma mémoire éternelle en sera le message.
Demain, il y a un enterrement à 16 heures. Un nouveau résident pour mon cimetière. Un homme de cinquante-cinq ans, mort d’avoir trop fumé. Enfin, ça, c'est ce qu'ont dit les médecins. Ils ne disent jamais qu'un homme de cinquante-cinq ans peut mourir de ne pas avoir été aimé, de ne pas avoir été entendu, d'avoir reçu trop de factures, d'avoir contracté trop de crédits à la consommation, d'avoir vu ses enfants grandir et puis partir, sans vraiment dire au revoir. Une vie de reproches, une vie de grimaces. Alors sa petite clope et son petit canon pour noyer la boule au ventre, il les aimait bien.
On ne dit jamais qu'on peut mourir d'en avoir eu trop souvent trop marre.