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Critique de Yvan_T


Après plusieurs années passées en Orient, le capitaine Józef Teodor Konrad Korzeniowski est engagé comme officier de marine marchande par la Société Anonyme Belge pour le commerce du Haut-Congo. Rêvant de participer à la grande oeuvre civilisatrice du roi Léopold II de Belgique, il quitte Bruxelles au printemps de 1890 en direction de l'Afrique. Une fois sur place, sa mission consiste à prendre le commandement d'un bateau à vapeur sur le fleuve Congo. Un périple mentalement et physiquement éprouvant, dont il ne ressortira pas indemne.

Après sa trilogie consacrée à Marta Jane Cannary, Christian Perrissin poursuit son exploration du genre biographique en relatant le voyage traumatisant effectué par celui qui deviendra Joseph Conrad, le célèbre auteur britannique d'origine polonaise qui a notamment publié Au coeur des ténèbres, roman qui fut transposé au Vietnam par Coppola dans le cultissime Apocalypse Now.

Cette tranche de vie romancée qui relate la traversée maritime, la découverte du continent africain, la marche à pied harassante vers Kinshasa et la remontée du fleuve Congo, plonge le lecteur dans l'ère coloniale de la fin du XIXe siècle. La découverte de la dure réalité et des véritables enjeux de la colonisation effacent très vite les idéaux naïfs de cet homme qui pensait participer à une entreprise philanthropique. du pillage des ressources du pays à l'exploitation inhumaine d'une main d'oeuvre locale, en passant par la cruauté de colons ne cherchant qu'à s'enrichir, la désillusion est tellement grande que Konrad n'arrivera jamais au bout de ses trois années de contrat.

Évoluant sur un rythme lent et parfaitement linéaire, le récit invite à suivre l'évolution psychologique d'un personnage qui constate toute l'horreur du projet auquel il participe. Se livrant au fil de lettres échangées avec sa tante, il partage cette descente écoeurante au coeur d'un pays piétiné par un colonialisme sans pitié. le trait charbonneux de Tom Tirabosco, résultant d'une technique du monotype très particulière, restitue d'ailleurs à merveille l'atmosphère oppressante et suffocante de ce territoire soumis à la souveraineté du roi Léopold II, contribuant ainsi à l'immersion réussie dans cet univers où l'humanité perd progressivement toute place.

Kongo propose un coup de projecteur déconcertant sur un merveilleux pays, à une époque dont la Belgique ne peut pas vraiment être fière.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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