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Critique de pompimpon


Londres, 1910. Daniel Pitt, un jeune avocat du fameux cabinet fford Croft & Gibson, accepte de prendre la défense de Philip Sidney, diplomate britannique en poste à Washington et rapatrié en catastrophe sous couvert de son immunité diplomatique.
Il demande même à son collègue Toby Kitteridge d'en être l'avocat principal, ce dernier ayant davantage d'expérience.

Mais les raisons qui ont poussé Daniel Pitt à se charger de cette affaire ne sont pas ce qu'elles ont l'air d'être, et le jeune homme se lance dans un jeu trouble : sous couvert du dossier de détournement de fonds, il s'agirait en fait de confondre Sidney pour s'être introduit de nuit à Washington dans la chambre d'une jeune héritière américaine, Rebecca Thorwood, l'avoir agressée brutalement et lui avoir dérobé un bijou de valeur.

L'affaire se complique des liens d'amitié unissant la soeur de Daniel Pitt et son mari à la famille Thorwood, qui les a beaucoup aidés lorsque le couple s'est installé à Washington.

Daniel Pitt parviendra-t-il à faire la part des choses, et à assurer réellement la défense d'un Philip Sidney qui lui semble bien sympathique tout de même, un comble, et de moins en moins capable des faits qui lui sont reprochés, officiellement ou non ?

Les lecteurs d'Anne Perry connaissent le nom de Pitt : Daniel est le fils de Charlotte et Thomas, le frère de Jemima.
Pour ma part, c'est une première, je n'avais jamais lu d'ouvrage de cette romancière, que je savais spécialiste des intrigues policières sous le règne de la reine Victoria.
Je découvre donc la famille, l'environnement, le ton, et c'est une très bonne surprise.

Les personnages sont bien campés, décrits en quelques mots qui les rendent rapidement familiers pour les principaux. Les Pitt ont des relations crédibles et bien ancrées dans le temps, ils vivent dans un monde protégé mais pas étanche aux remous de ces années précédant immédiatement le déclenchement du premier conflit mondial du XXe siècle. C'est une famille attachante.

Le Londres des attelages et charrettes commençant à laisser place aux automobiles et des transports en commun qu'emprunte Daniel Pitt, la maison familiale, le jardin où Jemima et Daniel ont tant de souvenirs, sont dépeints par petites touches impressionnistes.

C'est tout un univers qui se met en place en quelques pages.

Il y a également la relation du procès, très intéressante, avec le juge qui, comme souvent, ne manque pas de répartie, les jurés, l'accusé dans son box, le bruissement du public, les manoeuvres de la partie adverse, les témoignages.
Daniel Pitt est un jeune avocat, il ne sait pas forcément où il va, comment faire, il hésite, il commet des erreurs, on le suit pas à pas, on regarde par dessus son épaule, on aimerait l'encourager, ou lui dire stop selon les cas.

Et cette intrigue qui part sur un postulat invraisemblable… C'est un coup de maître !
Comment, parce qu'il éprouve une indignation légitime, un avocat peut-il accepter une affaire pour mieux dénoncer son client dans une autre et obtenir sa condamnation sociale !
Déontologiquement, c'est une aberration !

J'en ai fait des bonds de kangourou autour du salon, moi !

C'est inacceptable, impensable, immoral, déloyal, si on va par là tout fiche le camp mon bon monsieur !
Un avocat prend la défense de son client ou il se démet, enfin !
D'ailleurs, avec l'amitié que Jemima et son mari ont pour Rebecca, jamais Daniel n'aurait dû !
Il est partial !
Son éthique, bon sang, son éthique !
Même en 1910, ça ne passe pas !

Et de grommeler, manque de maturité, grommeler, pas la tête sur les épaules, grommeler, emportés par leurs émotions, tous, là, grommeler, on ne met pas les gens devant des choix pareils, grommeler, grommeler, grommeler…

Forcément, à grommeler tant et plus, impossible de lâcher ce livre, il fallait absolument que je voie où tout cela pouvait mener.
Après un tel début en fanfare, dans quelles directions Anne Perry allait-elle m'emmener ? Quels ressorts secrets actionnaient cette machine subtile, broyant lentement Philip Sidney ?
Coupable ? Non coupable ? À moitié coupable ?

C'est la force de cet ouvrage, lancer son lecteur dans une enquête par un tout petit bout, en fait, qui amène à un autre petit bout, semant un indice par-ci, un indice par-là, brouillant habilement les pistes en devisant autour d'un thé et d'une pile de petits sandwichs, en surprenant une charmante scène de famille.
Lentement, la mosaïque prend forme, dont on ne saisit pas le motif, dont on ne comprend pas la finalité, même en remettant les pièces autrement, la logique nous échappe et pourtant, elle est proche, cette solution, elle est toujours proche.
Le rythme est soutenu, l'affaire surprenante, elle emprunte d'étonnants chemins de traverse.
De quoi tenir en haleine jusqu'à la dernière page, pour ma part jusque tard dans la nuit !

Un grand merci à Anne Perry pour sa plume et son imagination, à Babelio pour cette découverte de l'univers d'Anne Perry, et aux éditions 10-18 !

Je m'en vais chercher Un innocent à l'Old Bailey, maintenant, premier volume des aventures du jeune Pitt.
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