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Critique de Marylou26


Années 40, Abitibi. du temps d'avant les réserves et les pensionnats autochtones. Un monde sur le point de changer brutalement, dont les signes sont déjà visibles. Gabriel, un jeune trappeur métis, se trouve en difficulté avec son embarcation sur le lac Abitibi, alors que des femmes Algonquines dans leur campement le regardent se débattre avec les éléments en pariant sur son sort.

« La mort avait enroulé son étreinte de reptile à son haleine, il avait chancelé au bord du vide, de l'anéantissement, suspendu dans l'éternité pour un instant, mais il s'agissait d'un malentendu. »

Il réussit à accoster. Son regard est tout de suite attiré par une jeune Algonquine à la chevelure rousse, Wabougouni, et c'est réciproque : leur relation devient bien vite charnelle. Mais les hommes doivent revenir bientôt au campement et il doit repartir. Les amants se retrouveront-ils un jour, alors que la Deuxième guerre fait rage et que Gabriel se sent appelé ? La première partie du roman m'a beaucoup plu : la rencontre des amants, la façon dont les scènes sexuelles sont décrites, avec beaucoup de réalisme, de sensualité, de lyrisme, au plus près de la nature.

« L'amante était belle, magnifique de rondeurs et de creux au-dessus du bassin qui ondulait, telle une source autour d'un rocher. Elle était grande, aussi grande que lui, avec des chevilles et des poignets fins, une ossature délicate. Elle coulait sur lui tendre et vive en même temps, sinueuse, une algue dansante au fond du lac; elle absorbait sa force ardente avec patience, avec dévouement, avec ferveur. Son visage était dans l'ombre, sa chevelure dansait sous les vagues de son mouvement. Ses hanches roulaient dans un sens puis dans l'autre, parfois elle s'appuyait sur son amant, ou elle levait les bras pour soulever ses cheveux et les rejeter vers l'arrière. Il respira son odeur fraîche pareille à celle de la pluie sur l'herbe au matin quand les rayons du soleil aspirent cette eau pour éponger la terre. La femme était une cavalière chevauchant le grondement des eaux qui couvrait les soupirs des amants; le ressac de son sang la frappait dru, bruit mêlé à la voix de la forêt qui hululait, un choeur de chouettes éperdues et affolées. »

Pour le reste du roman, l'auteure fait de Gabriel son personnage principal et lui fait vivre des aventures auxquelles j'ai eu plus de difficulté à adhérer. J'aurais préféré qu'elle développe davantage le personnage de Wabougouni. Je reste avec l'impression de ne pas avoir bien compris ses choix pour illustrer le colonialisme et la perte de l'identité. L'ouvrage est présenté comme le carnet de Gabriel, dans lequel il dessine et écrit des poèmes, et les illustrations sont de l'auteure. Virginia Pésémapéo Bordeleau est la petite-nièce d'Émilie Bordeleau, la jeune institutrice qui a inspiré Les Filles de Caleb d'Arlette Cousture, et la série du même nom, populaire au Québec au début des années 90.
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