AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de scob


Je travaille dans une "grande entreprise française". Aujourd'hui, mon Directeur m'a dit : "Scob (c'est mon surnom litteraire, il m'a pas appelé comme ça, hin !), tu n'es pas assez méchant avec les membres de ton équipe. Tu les aides trop dans leur travail technique. Contente toi de respecter les objectifs qu'on t'as fixés : organiser le déménagement, vérifier que les contrats de sous-traitance sont respectés en temps et en heure même si les prestations sont vides et surtout que tes collabs ne grugent pas sur les frais de déplacement."

Je suis rentré chez moi, sonné comme un curé qui a cogné trop près de la cloche en me demandant si j'étais fait pour être manager.

Et puis, je me suis souvenu avoir lu un livre, il y a quelques années : le principe de Peter.

Dans l'arène des guides de management, "Le Principe de Peter" de Laurence J. Peter et Raymond Hull se présente comme un phare d'humour dans la brume des théories sérieuses. Selon eux, gravir l'échelle professionnelle nous conduit inévitablement à un poste pour lequel nous sommes totalement inaptes. Imaginez qu'après des années à exceller dans vos tâches, vous soyez promu à un poste où vos principales compétences consistent à remplir des tableaux Excel dont personne ne comprend l'utilité. Voilà le coeur de ce principe, à la fois hilarant et effrayant.

Les auteurs, armés d'un sens de l'humour piquant, démontrent que de l'employé de base au haut dirigeant, personne n'échappe à cette ascension vers l'incompétence. Ils nous servent des exemples savoureux : pensez à ce manager qui, excellent dans son rôle technique, se retrouve promu à un poste de gestion d'équipe, où sa principale activité semble être d'organiser des réunions pour planifier d'autres réunions (tiens ! Toute ressemblance avec une situation réelle est purement fortuite). Ou encore à cette spécialiste du marketing, autrefois douée pour ses campagnes innovantes, devenue directrice et passant désormais ses journées embourbée dans des rapports incompréhensibles.

Mais "Le Principe de Peter" ne se contente pas de pointer du doigt ces trajectoires professionnelles absurdes. Il nous pousse à réfléchir sur une réalité de plus en plus présente dans nos sociétés modernes : les "bullshit jobs", ou emplois à la con, théorisés par David Graeber. Ces postes, souvent caractérisés par leur manque flagrant de sens et d'utilité, semblent être l'aboutissement naturel du principe de Peter. Après tout, quoi de mieux pour cacher son incompétence que dans un job où personne, y compris soi-même, ne comprend ce qu'on est censé faire ?

Cette réflexion amène les auteurs à une conclusion aussi drôle que tristement vraie : parfois, le sommet de la carrière professionnelle n'est pas la promotion tant désirée, mais la reconnaissance de sa propre niche de compétence, loin des mirages des postes de haute voltige. "Le Principe de Peter" devient ainsi un manuel de survie pour naviguer dans un monde professionnel où l'ascension peut parfois ressembler à une chute libre vers l'absurdité.

En somme, "Le Principe de Peter" est plus qu'un simple livre humoristique sur le management. C'est une critique acérée de nos structures professionnelles, qui nous invite à rire de nos déboires tout en réfléchissant profondément à ce que signifie vraiment "réussir" dans notre carrière. Une lecture essentielle pour quiconque cherche à comprendre les paradoxes de notre monde du travail, avec une bonne dose d'humour (de l'humour de 1969, certes, mais de l'humour quand même et puis de toute manière, on ne peut plus rire de rien de nous jours, ma pauvre lucette, mais au moins on savait s'envoyer en l'air ... la fusée, la lune, tout ça ... le 69 aussi, année érotique ... enfin, j'dis ça mais j'en sais rien j'etais pas né) et une pincée de cynisme.

Quoi qu'il en soit, après ma relecture de ce livre, je n'ai toujours pas réussi à appréhender qui de mon chef ou de moi-même a atteint son niveau d'incompétence maximal.

Les deux peut-etre ...

scob
Commenter  J’apprécie          93



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}