Bernard Petit, limogé brutalement, en 2015, de la direction du "36" pour avoir, paraît-il, échangé des informations confidentielles avec certains de ses frères maçons, a profité de sa retraite forcée pour écrire un livre, à l'instar des politiques qui se retrouvent momentanément sur la touche. Dans son cas, comme on pouvait s'y attendre, il s'agit d'un roman policier s'inspirant peu ou prou, sans doute, d'affaires dont il a eu connaissance au cours de sa carrière et mettant en scène des individus qui empruntent des éléments de leur personnalité à des hommes et des femmes, gendarmes ou voleurs, croisés ou côtoyés dans le cadre de ses fonctions.
Le titre du livre résume bien son argument : l'auteur y reconstitue avec minutie le travail, sur plusieurs années, de policiers (belges et français) éliminant un à un, la plupart du temps de façon définitive, les membres d'un gang de braqueurs qui eux aussi, en cas de nécessité, se muent en tueurs. La touche documentaire est évidemment importante, en particulier quant aux différentes unités de police et de gendarmerie impliquées – et diversement coopératives – dans la recherche des malfrats, d'autant qu'au début il y a deux enquêtes distinctes confiées chacune aux services les plus pertinents. Mais c'est par son aspect romanesque que le récit nous séduit : le déroulement chronologique des faits est enrichi de portraits des principaux personnages (flics ou voyous), dont certains font l'objet de retours en arrière qui permettent de comprendre comment "ils en sont arrivés là". On regrettera cependant que les rares femmes de l'histoire ne soient pas davantage mises en valeur ; fliquette ou petite amie de truand, elles jouent une partition en mode mineur.