AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fanou87


De cet auteur norvégien, j'avais lu "Je refuse"un magnifique roman sur une amitié masculine tout en mélancolie et en émotion. Et quand j'ai repéré ce livre dans un rayon d'un magasin de seconde main, je l'ai directement pris, il faut dire que le résumé me parlait beaucoup: une figure féminine forte et une histoire se situant au Danemark. (Et puis, cette couverture avec un si beau tableau de Vilhelm Hammershøi, peintre danois.)

Je ne vous cacherais pas que le début de cette lecture a été laborieux. Une écriture exclusivement au présent, une héroïne sans prénom, une atmosphère assez pesante, tous ces éléments ont hélas freiné ma lecture. Mais je me suis accrochée et je vous livre mes impressions.

On rencontre la narratrice enfant, sur une carriole avec son frère aîné, Jesper. Et dès les premières lignes, le lien qui les unit est instauré.
Le père, Magnus, menuisier par défaut, la mère, Inge, bigote et chanteuse de cantiques et leurs deux enfants vivent près d'un port au Danemark entre les deux guerres. Jesper a de grandes aspirations, il rêve de partir combattre Franco quant à sa soeur, elle songe à la Sibérie et se laisser bercer par le Transsibérien. C'est une élève brillante, presque la meilleure de la classe, cependant, pour aider ses parents, elle devra renoncer à l'école. Et puis, c'est la guerre qui commence. D'abord de loin et ensuite de plus en plus proche. Les soldats arpentent les rues, les couvre-feux sont instaurés, la vie commence à changer. Les années passent et Jesper, devenu résistant, peut enfin partir et rejoint le Maroc. La narratrice, elle, reste. Les moyens de communications ne lui permettent pas de garder le contact et elle aspire toujours à le revoir. Elle essaie de penser à sa vie et voyage à Stockholm, en Norvège, survit grâce à de petits boulots. Et enfin, elle revient au Danemark. On sent que la narratrice n'a qu'une envie, partir de cette atmosphère pesante et ses voyages seront pour elle un moyen de se trouver, de retrouver des émotions pures qui ont été enfouies par des parents dépressifs prisonniers d'histoires familiales tragiques.
Ces épisodes sont racontés comme des souvenirs, des instants de vie qui alternent entre une banalité des moments (les baignades avec les amies), de la violence (les menaces des soldats), de l'amour (la découverte des baisers et du corps). On découvre la narratrice et son frère, jeunes enfants, insouciants, et peu à peu, au fil des événements, on les surprend à être moins rêveurs, plus terre-à-terre et révolutionnaires à leur manière. le roman atteint alors une certaine intensité que j'ai appréciée. Pour être totalement conquise, il aurait fallu qu'elle soit instaurée depuis le début...

C'est un roman d'apprentissage que nous offre Per Petterson. L'histoire d'une jeune fille soudée à son frère et qui par l'absence de celui-ci doit pouvoir se construire. Il faut se laisser porter par tous leurs instants, se balader avec cette fille et son frère dans leurs vies et leurs réflexions.

Si vous aimez les romans lents, basés sur des descriptions, des introspections des personnages, "Jusqu'en Sibérie" pourrait vous plaire.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
Commenter  J’apprécie          10







{* *}