Et puis je serai dans le train, et je regarderai par la fenêtre, et je parlerai avec des gens que je ne connais pas, et ils me raconteront comment ils vivent et ce qu'ils pensent, et ils me demanderont pourquoi j'ai fait ce long voyage depuis le Danemark. Et alors je répondrai :
- J'ai lu un livre qui parlait de vous.
Puis nous nous servirons du thé chaud au samovar et nous nous tairons et nous contemplerons le paysage.
Je finissais toujours par prendre le parti de mon frère, car sans lui je ne pouvais pas vivre.
J'exécute une danse si secrète que personne d'autre ne peut la comprendre, j'exécute une danse pour me souvenir de mon corps à ce moment précis. J'ai dix-sept ans, et j'exécute une danse lente pour que demeure en moi l'image de celle que je suis.
Quand j’étais petite, sept ans ou même avant, j’avais toujours peur quand on passait devant les lions en sortant de la ville. J’étais sûre que Lucifer ressentait la même chose que moi, car à cet endroit précis il se mettait à trotter plus vite, mais bien plus tard j’ai compris que c’était parce que mon grand-père lui donnait un bon coup de fouet au moment où nous entamions le bout de chemin qui descendait en pente douce devant l’allée des lions, et ça c’était parce que grand-père était un homme impatient. Ça tout le monde le savait.