Citations sur Le coût de la virilité (53)
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Pour conclure la science n'explique pas la violence des hommes et leur agressivité par leur production de testostérone.
Dans nos sociétés développées, les garçons meurent davantage de blessures non intentionnelles que les filles. Au sein des Pays de l'OCDE, ceux de moins de 14 ans ont 70% de risques de plus que les filles de mourir dans un accident.* De façon générales, ils ont des accidents plus fréquents et plus graves. L'exposition au risque n'est pas la principale explication, puisque des études** ont démontré que lors d'une même activité, les hommes prennent davantage de risques que les femmes. Il estiment, quel que soit leur âge, qu'ils sont moins vulnérables et qu'ils maîtrisent la sitation.
*Unicef, A league tablr of child deaths by injury in rich nations, 2001, Innocenti report card n°2, Unicef Innocenti Research Centre, Florence.
**Byrnes JP Miller DC, Schafe WD, "Gender differences in risk taking : a meta analysis. Psychological bulletin, Vol 125 (3) 1999.
Il peuvent se mettre volontairement en danger, pensant qu'ils sont invulnérables. Des études ont en effet montré que plus les hommes sont attachés à une vision rigide de leur masculinité, moins ils ont recours à des soins de santé préventifs. Pour l'historien Ivan Jablonka, "la surmortalité masculine révèle une souffrance qui est la somme des injonctions incorporées par les hommes depuis l'enfance : exhibition virile, culture de l'excès, surinvestissement dans le travail, refus de la plainte, choix de la taciturnité, inaptitude à exprimer ses émotions"*. La virilité profite aux hommes en assurant leur domination, mais les détruit dans un même mouvement.
*Jablonka, des hommes justes, du patriarcat aux nouvelles masculinités, Seuil, Paris 2019.
Un exemple parmi d'autres : les parents multiplient les mises en garde auprès des filles au sujet des risques qu'elles encourent lors de sorties* mais ne s'interrogent pas outre mesure sur le conduite de leurs fils lors de ces mêmes sorties. La violence masculine précoce, loin d'être enrayée, se voit au contraire encouragée, comme une partie prenante et immuable de l'ordre des choses. Ainsi, les garçons sont plus libres de circuler dès la préadolescence et occupent l'espace public en ayant reçu peu de consignes quant à leurs comportements.
*Lieber M "genre violence et espaces publics, la vulnérabilité des femmes en question", in Violences et ordre social sexué, Presses de Science-Po, Paris 2008.
je résumerai ainsi les choses : si tous les hommes ne sont pas des criminelles et des délinquants, la quasi-totalité des criminels et des délinquants sont des hommes
La virilité est donc aussi une oppression de l'homme sur l'homme. Elle est extrêmement coercitive et discriminante envers les hommes eux-mêmes. Même si cette masculinité virile s'accompagne de tout un panel de privilèges iniques, elle règne en écrasant le féminin, les autres masculinités et les hommes qui répondent à ses injonctions.
Les discours «virilistes » justifiant le surplus d'agressivité des hommes par le naturel plutôt que par le culturel apparaissent comme irrationnels. Il est donc grand temps que ces mythes soient pris pour ce qu'ils sont : des histoires imaginaires qui nuisent à la recherche de la vérité. Ce n'est pas de ce côté qu'il faut chercher les raisons de la violence masculine. Les preuves en provenance de disciplines aussi diverses que la biologie, les neurosciences, la sociologie, la psychologie, l'anthropologie et l'histoire sont si nombreuses qu'elles font apparaître la primauté du culturel sur le naturel, de l'acquis sur l'inné en ce qui concerne les facteurs explicatifs des comportements humains. De ce fait, les raisons de la violence masculine ne se trouveraient- elles pas plutôt du côté de l'éducation, puisque celle-ci est fondamentale dans la construction des aptitudes et des comportements des individus ?
Ma volonté est plutôt de remonter à l'origine de cette violence et de déconstruire les mécanismes qui en rendent les hommes majoritairement responsables. S'il n'existe, selon les connaisances scientifiques les plus récentes, aucune prédisposition génétique qui les y conduise, le problème ne viendrait-il pas nécessairement des sociétés qui valorisent et perpétuent les valeurs viriles de force, de compétition, de résistance à la douleur, et des mécanismes éducatifs plus ou moins subtils qui façonnent les comportements, poussant les hommes à étre violents ou dangereux? La virilité, en tant que construction sociale, est donc la véritable cible de cet essai.
Sortir de la virilité produirait ainsi non seulement une société plus pacifique et plus riche, mais surtout une société dans laquelle nous serions tous et toutes plus libres.
La virilité, en tant que construction sociale, est donc la cible de cet essai.