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Citations sur Le coût de la virilité (53)

Ainsi, dans tous les milieux sociaux, ce sont les hommes qui commettent la plupart des délits et des violences, sans exception : le facteur le plus déterminant dans les infractions à la loi est donc bien, et de loin, le sexe masculin de leurs auteurs. Avec cet essai, je voudrais alerter sur les comportements asociaux des hommes à travers leur importance statistique, ouvrir une réflexion sociétale autour de la question de la virilité et nous inviter, tous, à un examen de conscience approfondi.
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Cette égalité entre les individus aurait même permis à Sapiens de prendre l’avantage sur Neandertal. Il semble que le véritable basculement dans les rapports de force entre hommes et femmes se situe au néolithique, lorsque les populations se sédentarisent et que se développent l’élevage, la production agricole, la fabrication d’armes
en métal. Avec cette organisation de la société se crée une nouvelle
division des rôles dans le travail qui instaure une distinction et une
hiérarchie plus nettes des sphères masculine et féminine, mais aussi
de l’espace domestique et de l’espace public. La notion de virilité
prend alors corps à la fin du néolithique, avec l’avènement des
armes en métal permettant à la puissance masculine de s’imposer
symboliquement et réellement. Se crée un ensemble de valeurs qui
« balisent la sphère masculine et ses prérogatives, voire son
monopole, dans le cadre de la chasse, de l’affrontement ».
La domination masculine s’accentue à ce moment-là en même
temps que se creusent les inégalités sociales.

Les études sur les ossements corroborent cette version puisqu’on
constate sur le squelette des femmes des traces de violence
beaucoup plus systématiques, mais aussi de pathologies, de
privations, de sous-nutrition. Il y a donc une forte dégradation des
conditions de vie des femmes, et ces inégalités vont peser
lourdement sur leur santé, allant même jusqu’à transformer leur
ossature. En effet, on assiste à une réduction de la taille et de la
robustesse du squelette féminin. Le dimorphisme sexuel est de plus
en plus marqué entre les individus. Cette réduction du gabarit des
femmes découlerait à la fois d’un moindre accès à la nourriture et du
choix des hommes se portant davantage sur des partenaires graciles.
En effet, cette organisation sociale visant la pénurie alimentaire
à destination des femmes les contraint à atteindre moins souvent
leur potentiel de croissance, c’est-à-dire leur taille maximale. Cette
contre-sélection reposant sur des facteurs génétiques et
environnementaux pèse aussi lourdement sur leur santé. Du point de
vue de la physiologie et de la reproduction, les femmes ont
théoriquement avantage à être de grande taille. Mais la pression qui
s’exerce sur leur corps a des conséquences « coûteuses », voire
dramatiques, notamment lors de l’accouchement « puisque la stature
est un déterminant clé de la mortalité maternelle» : un bassin trop
étroit augmente les risques de décès de la mère et de l’enfant. Ainsi,
les femmes n’ont pas toujours été plus petites en moyenne que les
hommes puisque c’est à l’époque néolithique que ce dimorphisme
serait devenu particulièrement prégnant.
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La virilité est donc aussi une oppression de l'homme sur l'homme. Elle est extrêmement coercitive et discriminante envers les hommes eux-mêmes. Même si cette masculinité virile s'accompagne de tout un panel de privilèges iniques, elle règne en écrasant le féminin, les autres masculinités et les hommes qui répondent à ses injonctions.
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Les discours «virilistes » justifiant le surplus d'agressivité des hommes par le naturel plutôt que par le culturel apparaissent comme irrationnels. Il est donc grand temps que ces mythes soient pris pour ce qu'ils sont : des histoires imaginaires qui nuisent à la recherche de la vérité. Ce n'est pas de ce côté qu'il faut chercher les raisons de la violence masculine. Les preuves en provenance de disciplines aussi diverses que la biologie, les neurosciences, la sociologie, la psychologie, l'anthropologie et l'histoire sont si nombreuses qu'elles font apparaître la primauté du culturel sur le naturel, de l'acquis sur l'inné en ce qui concerne les facteurs explicatifs des comportements humains. De ce fait, les raisons de la violence masculine ne se trouveraient- elles pas plutôt du côté de l'éducation, puisque celle-ci est fondamentale dans la construction des aptitudes et des comportements des individus ?
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Cette interprétation
reflète l’idéologie sociale de ce début de XXe siècle plaquée par
les historiens sur des traces archéologiques : ils ont genré les
activités en valorisant celles réalisées par leurs homologues
masculins. Ne sachant pas qui utilisait les pierres taillées, par
exemple, ils en ont conclu qu’elles servaient d’armes aux hommes
et d’outils destinés aux femmes pour de menus travaux, en accord
avec les représentations de leur propre époque. Ces préjugés ont
traversé les siècles et construit l’image figée que nous avons
aujourd’hui des sociétés préhistoriques.
Cette méthode a conduit les scientifiques à commettre
d’importantes erreurs d’interprétation des découvertes
archéologiques. Un des cas les plus célèbres est la découverte en
1872 d’un squelette inhumé dans une des grottes de Grimaldi – dite
du Cavillon –, appelé « l’homme de Menton ». Le squelette, aux
caractéristiques proches de celles de l’homme de Cro-Magnon, était
robuste et paré d’une coiffe de coquillages, d’un collier de canines
de cerfs perforées, d’un poinçon monté sur un radius de cervidé, de
deux lames de silex et d’un bracelet de jambe fait de coquillages au-
dessous du genou gauche12. Ces effets étant apparentés à la richesse
et au pouvoir, les archéologues en ont déduit que ce squelette était
celui d’un homme. Des années plus tard, un réexamen des os
a permis de l’identifier comme étant celui d’une femme, malgré la
robustesse du squelette et l’opulence de la sépulture.L’homme de
Menton est alors devenu la Dame du Cavillon !
Ces erreurs d’interprétation se sont répétées jusqu’au XXe siècle.Ces erreurs d’interprétation se sont répétées jusqu’au XXe siècle.
En 1953 est découverte en Côte-d’Or la tombe de Vix, qui abrite
une sépulture à char du VIe siècle av. J.-C. Compte tenu de la
richesse des objets qu’elle contenait, les archéologues ont d’abord
pensé que le squelette était celui d’un homme. Au début des années
2000, des analyses ADN ont indiqué qu’il s’agissait en réalité d’une
femme13, que l’on appelle à présent la princesse de Vix !
Ces exemples sont révélateurs du fait que nous projetons à tort sur
des populations ayant vécu il y a des millions ou des milliers
d’années des schémas d’organisation sociale qui nous sont
contemporains. Alors, que savons-nous de la répartition des rôles
entre les hommes et les femmes du paléolithique ? Que nous disent
les traces archéologiques à ce sujet lorsqu’elles sont analysées le
plus objectivement possible par la paléo-histoire moderne?
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Page 45

Pour conclure la science n'explique pas la violence des hommes et leur agressivité par leur production de testostérone.
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La virilité est un ennemi difficilement saisissable.
Elle prend la plupart du temps les contours d’un visage masculin, mais
elle est en chacun de nous. Dans notre façon de penser, de nous comporter,
de voir le monde. Elle façonne nos modèles éducatifs, nos rapports sociaux
et modèle notre société. En cela, elle est un ennemi difficile à déloger.
Mettons fin tous ensemble à la virilité qui pervertit, qui viole, qui bat, qui
tue, qui écrase, la virilité qui ruine.
Le coût de la virilité n’est pas une fatalité.
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Il peuvent se mettre volontairement en danger, pensant qu'ils sont invulnérables. Des études ont en effet montré que plus les hommes sont attachés à une vision rigide de leur masculinité, moins ils ont recours à des soins de santé préventifs. Pour l'historien Ivan Jablonka, "la surmortalité masculine révèle une souffrance qui est la somme des injonctions incorporées par les hommes depuis l'enfance : exhibition virile, culture de l'excès, surinvestissement dans le travail, refus de la plainte, choix de la taciturnité, inaptitude à exprimer ses émotions"*. La virilité profite aux hommes en assurant leur domination, mais les détruit dans un même mouvement.
*Jablonka, des hommes justes, du patriarcat aux nouvelles masculinités, Seuil, Paris 2019.
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La virilité, en tant que construction sociale, est donc la cible de cet essai.
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la population carcérale en France est composée à 96,3% d'hommes ! [...] Selon certains de mes contradicteurs, les comportements violents et asociaux ne seraient pas le fait des “hommes en général”, mais de “certains hommes” issus de milieux défavorisés. Je leur demande alors quel est le point commun entre ces délits : forcer son conjoint à avoir des rapports sexuels, agresser sexuellement un(e) camarade lors d’un week-end d’intégration en école d’ingénieur sous l’emprise de l’alcool, vendre de la drogue au pied d’un immeuble, commettre un viol en réunion, commettre des escroqueries financières, prendre le volant au retour d'une soirée alors qu'on est alcoolisé, dégrader des biens publics un soir de match de football, provoquer un accident de la route mortel pour ne pas avoir respecté les limitations de vitesse ? Réponse : nous verrons que les auteurs de ces délits sont dans leur immense majorité des hommes. Ils sont pourtant issus de milieux sociaux, de classes d'âge, de niveaux d'études et de situations géographiques très hétérogènes. [...] Le facteur le plus déterminant dans les infractions à la loi est donc bien, et de loin, le sexe masculin de leurs auteurs.
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