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Citations sur Presque ensemble (12)

Désormais ils étaient, eux aussi, des champions.
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Certains endroits sont si laids qu'ils enlèvent jusqu'à la force de détourner les yeux.
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Ainsi auraient-ils aimé faire durer cette mobilisation nouvelle en eux. Mais dès que Chirac fut élu la semaine suivante, et que Jospin se saborda, la politique repris la place qu’elle avait toujours occupée dans leurs vies : un ensemble d’informations abstraites qu’ils ne parvenaient pas à interpréter, et qui leur paraissait se rapporter à leur quotidien à peu près autant qu’un électrocardiogramme rend compte des émotions d’un cœur humain.
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Elle s’était inscrite en première année de psychologie à l’université de Jussieu. Le jour de la rentrée, cependant, les tours du bâtiment ne lui parurent présager rien de bon. Grises, opaques, elles se dressaient brutalement vers le ciel en une élévation à l’exact opposé de la légèreté, comme si elles s’étaient écrasées sur le sol. L’architecte qui avait dessiné les plans du campus – un certain Edouard Albert, mandaté par Malraux – devait haïr les étudiants, ces êtres inachevés incapables de profiter de leurs plus belles années.
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En écrivant, Victoire pensait toujours à autre chose en même temps, comme si elle essayait de garder quelques mots intacts au dedans, pour quelque chose de sublime qui lui arriverait peut-être. Elle pressentait qu'il lui faudrait dès à présent mettre de côté un peu de ferveur pour traverser la vie, sinon quelque chose serait gâché, comme tout le monde finit par se gâcher, mais chez elle un peu plus tôt que chez les autres.
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Le monde se simplifiait de jour en jour, c'était inéluctable. Les phrases de tous devenaient plus courtes, les mots compliqués disparaissaient un à un du langage courant, comme des espèces qui se seraient éteintes [...]
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Certains jours, il se sentait tellement seul qu’il avait envie de serrer n’importe qui contre lui. Il se disait que d’autres en avaient sûrement envie aussi, mais que tout le monde s’interdisait de craquer. Ou alors, il faudrait payer. Il regardait souvent les prostituées qu’il croisait sur les grands boulevards ; mais probablement, elles ne voudraient pas. Ça ne se faisait tout simplement pas.
Au stade, c’était tout le contraire. On n’était jamais seul, parce qu’on était dans un camp. Si la France marquait, on avait le droit de se jeter dans les bras du voisin, comme on ne pouvait plus le faire avec sa famille depuis bien longtemps ; ou on pouvait serrer fort des mains inconnues, parce qu’on avait le ventre noué pendant les prolongations. Tout était permis : le monde extérieur était aboli.
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Et la musique de leur histoire leur revint par petites notes fracassantes, la musique qu'ils entendaient en sourdine depuis treize ans, celle des factures à payer, des loyers difficiles, des envies de campagne, des rêves tus, des désirs étouffés, comme des pointillés d'envies, si petits et si nombreux qu'en les regardant du ciel on n'aurait plus vu qu'un seul grand et net désir, celui de s'évader.
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Parmi leurs amis aussi, le débat faisait rage. Nicolas et Victoire n’avaient pas d’opinion, et n’avaient pas le snobisme de s’en forger une. Ils avaient l’honnêteté de reconnaître que ce qui les attirait, comme tout le monde, c’était que tout était vrai. Ce n’était pas les petites fictions qu’on leur débitait au kilomètre, pour les faire tenir tranquilles. Dans le Loft, l’écran suintait de réalité, une réalité blafarde, mais qui était la leur : celles de jeunes gens qui, comme eux, attendaient vaguement que quelque chose leur arrive. D’une certaine manière, ils avaient le sentiment que l’émission, et son succès phénoménal, leur rendait justice, à eux et à tous les anonymes sans destin. Et ils en avaient besoin : derrière son apparente facilité, leur quotidien était âpre. Il était âpre parce que tout dans leur vie se heurtait au vide. Certes, ils faisaient bloc ; mais ils manquaient de modèles dans le fond ; ils manquaient aussi d’imagination.
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Le monde autour d’eux aurait pu s’écrouler : rien d’autre n’existait plus que le Loft. Dans cette caverne rutilante, qui ressemblait à un décor pour Playmobil, vivaient des êtres qui ne faisaient que dormir, manger, baiser, comme si un scientifique de génie leur avait enlevé le cerveau et le cœur, ne leur laissant que la peau, l’estomac et le sexe – et peut-être quelques organes inutiles, comme les amygdales ou l’appendice.
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