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Critique de SZRAMOWO


Le capitaine Mathilde Sénéchal ne se souvient plus de rien. Jeanne Bihorel a disparu le 24 juillet 1987 ; elle alors âgée de neuf ans a fait une chute de vélo qui lui a laissé une belle cicatrice sur le crâne et un blanc concernant cette journée et ses conséquences.
je n'irai pas plus loin dans la présentation de l'intrigue au risque de dévoiler ce que le lecteur est le seul à pouvoir découvrir.
L'enquête que mène Mathilde, trente ans plus tard, avec l'aide de l'ancien gendarme Pierre Orsalhièr est une longue plongée dans le passée de la commune d'Arcourt près de Dieppe...Les témoins ou protagonistes de la disparition de Jeanne sont nombreux, Solange la mère de Jeanne, François Daucel le grand-père de Mathilde, Hortense Maugris une ancienne résistante, Nils, simon et Edern des personnages sombres....mais surtout Laure sa propre mère qui a renoncé à la vie se retirant dans une institution psychiatrique et se cachant derrière ses aquarelles, et son père Walberg, l'architecte de renom à l'autorité jamais contestée...
Mathilde affronte une vision de la réalité que son mentor aujourd'hui disparu le commandant Albert Lazaret lui a laissé en héritage :
"— Avec ce foutu métier, il me reste une dernière certitude, Mathilde : dans une enquête, à un moment ou à un autre, d'une façon ou d'une autre, tout le monde ment.
— S'il y a une règle, c'est qu'il y a des exceptions. Cent pour cent, c'est statistiquement impossible, Albert. Et puis tous les mensonges ne se valent pas. Il faudrait établir des gradations.
— Petit ou gros, ça ne change rien au problème : personne ne dit jamais
toute la vérité, on a tous quelque chose à cacher.
— Il n'existe personne de fondamentalement honnête, alors ? Moi, pourtant, j'en connais au moins un. Toi.
— Les honnêtes gens mentent comme les autres, mais pour d'honnêtes raisons."
Les secrets de famille sont toujours bien gardé et les souvenirs d'enfance semblent fuir Mathilde où ne sont pas conforme à la réalité car :
"Dans les yeux des enfants, les parentèles se déconstruisent et se reforment à l'aune des liens de proximité et d'affection plutôt que suivant les lois du sang."
C'est cette réalité instable que mathilde fuit et affronte à la fois, jamais certaine de s'y retrouver.
Dans vaste comme la nuit, Elena Placentini joue avec "les déterminismes, sociaux, familiaux" et construit une histoire digne d'intérêt, déguisée en polar.
Son écriture nous fait explorer à la suite, les désarrois des différents personnages, les ressorts de leur comportement qui souvent leur échappe, et l'incompréhension des autres qui les bouleverse et les conduit souvent à faire ressortir les côtés les plus sombres de leur personnalité.
Sans renier un certain lyrisme, Elena Placentini joue avec nos sentiments :
"Laure dispose une brassée de cosmos sous la dentelle des ombelles et panache son bouquet de fougères et de lierre qu'elle fait juponner autour du vase. Après quelques manipulations expertes, sa composition florale pourrait s'intituler « Ode à l'été ». Son visage, lui, chante la mélancolie de l'automne. Ses lèvres fardées de prune sont serrées, son regard rehaussé de terre d'ombre, brouillardeux. Elle tourne son visage vers la forêt dans l'attente de l'humidité du soir, celle qui annonce la trêve bienvenue de la nuit et qui se fait attendre. L'air est sec, encore chargé de poussière prête à s'embraser. Elle renonce à allumer les photophores qu'elle a habillés de papier de soie et lisse un pli du chemin de table avant de le parsemer de galets blancs."
Un roman original qui nous fait découvrir "la psychogénéalogie" et les "scénarios transgénérationnels" , renouvelle le genre du polar et se lit avec beaucoup de plaisir.
Elena Piacentini nous donne un dernier conseil dans sa note aux lecteurs en fin d'ouvrage :
"« Il y a une chose qui est quelquefois abominable à voir, c'est l'intérieur des familles », disait la poétesse Constance de Théis. Je ne saurais que trop vous conseiller d'aller jeter un oeil dans la vôtre. Tout ce qui n'est pas dit nous empoisonne. Nous n'avons qu'une vie, ce serait dommage de la gâcher à réparer ou à répéter les erreurs de nos aïeux. Autant vivre pleinement la nôtre."
Lien : https://camalonga.wordpress...
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