Le narrateur, qui peut être un écrivain, est soudain atterré par la pensée qu'il manque de génie. D'abord paralysé par l'avilissement, il se redresse lentement grâce à la recherche de cette denrée aussi rare qu'ineffable. Il rencontre des personnages excentriques qu'il soupçonne d'être détenteurs de ce qui lui fait défaut, ou au moins à même de lui fournir des pistes de recherche. Ces rencontres produisent des dialogues superbement surréalistes et absurdes où se multiplient les "seconds degrés" mêlés aux malentendus hilarants.
Puis, progressivement, à mesure que la conscience et la confiance de ce héros mûrissent, les dialogues s'alternent à des développements de plus en plus florifères sur ce thème du génie, qui puisent dans le terreau fertile de la philosophie classique (
Diderot,
Kant,
Nietzsche), mais dans une légèreté parfumé comme un bouquet printanier, qui ne renonce jamais à un humour exquis et au ton surréaliste originaire. La conclusion m'a fait penser aux meilleures pages du Maître et Marguerite de Bulgakov (que j'adore).
Le style correspond totalement à mes propres rêves de plume ; les phrases "chrestomathiesables" sont si nombreuses que j'ai renoncé à en noter les pages dès le début ; mais ce qui compte le plus pour moi, c'est que je viens de découvrir en
Georges Picard un Auteur. (Encore une oeuvre ou deux à lire pour son accès irréversible dans mon panthéon privé.)
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