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Critique de lacerisaie


Lorsque l'on parle du textile à Lyon on pense bien sûr à la soie. Née à Lyon j'ai, durant mon enfance, été baignée dans l'histoire de cette industrie difficile et de la révolte des canuts de 1831. J'ai même appris à l'école le chant d'Aristide Briand! le roman de Paola Pagani sur la vie des immigrés hongrois ou italiens venus travailler dans l'industrie nouvelle de la viscose installée à Vaux en Velin ne pouvait donc que m'intéresser.

En 1929 Sonja, jeune hongroise débarque sur un quai de gare lyonnais. Avec sa soeur elle a fuit la vie rurale pour trouver un avenir meilleur en travaillant dans les usines de textile en plein essor. Sonja est avec beaucoup d'autres immigrées logée et nourrie dans un internat tenu par des soeurs. Elle travaille dix heures par jour dans les vapeurs de produits chimiques et doit respecter des cadences infernales. Tout cela pour un salaire de misère. Une vie difficile que nous raconte sans fioriture mais avec un réalisme cru Paola Pagani.

Dans les ateliers chacun est seul, isolé à son poste pour tenir le rythme et éviter les mauvais traitements infligés par les petits chefs. Mais, dès la porte de l'usine commence une autre vie. Là, l'écriture devient plus joyeuse, plus poétique aussi. La vie devient plus belle grâce à l'humanité et à la fraternité. Celle d'un fermier qui vient offrir ses oeufs ou un panier de cerises. Celle des ouvrières qui malgré leurs nationalités et leurs langues différentes papotent au lavoir, rient en se promenant le long du Rhône, s'évadent le temps d'une excursion à Lyon.

Et puis il y les bals du dimanche. Les robes qui virevoltent, les lèvres colorées de rouge, les bras puissants des hommes qui vous font tournoyer. Oubliés l'usine, les vexations, les coups d'un mari alcoolique, la santé qui se dégrade, la misère. Juste vivre l'instant présent corps enlacés, têtes étourdies.

Viendront les grèves dures, les luttes contre les licenciements, celles qui mèneront au Front Populaire. J'ai aimé la joie qui anime ces luttes. La volonté, la cohésion, la solidarité qui galvanisent. Ensemble on est plus fort, on se sent respecté et surtout on existe, on peut être fier.

Un très joli roman social au contexte historique très documenté. Une héroïne lumineuse et la puissance réjouissante d'une indignation collective qui mènera, pour quelques temps, à la victoire de la classe ouvrière.
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