C'est avec le blé
de ton grenier
que tu paieras tes assassins
et ceux de tes enfants
et tu les hébergeras
s'ils sont pourchassés
-dit-il, une main sur ma bouche
et l'autre sur mes oreilles
Ma jeunesse est passée et je n'étais pas là.
Je pensais à autre chose, je ne faisais pas attention.
Les meilleures années de ma vie perdues par distraction !
ces hommes accomplissent le rite ancien en préservant
la flamme de la mort allumée dans l'eau obscure de la vie
et ils grossissent le fleuve des morts
comme mémoire pure sans nom.
Tu avais encore cette porte sous la main.
-Je parie que tu l'as franchie avec une révérence
dédaigneuse-
Désormais il n'est plus possible de mourir ou,
du moins, il ne suffit plus de fermer les yeux.
La musique a des yeux fulgurants
qui dansent autour du feu.
Si tu es vu par ces yeux tu deviens chant,
toi qui déjà, comme tout le reste, es chant.
N'ai-je pas perdu le chemin de chez moi ?
N'y a-t-il personne quelque part,
Une ombre passant devant chez nous,
et principalement hors de nous ?
La mort et la vie meurent
et sous leur éternité demeure
seule la mémoire de l'oubli de tout :
même le silence de celui qui parle prendra fin.
Celui qui veut mourir
danse sur les décombres de tout.
Insolence de l'écrit ! Te voilà qui viens ô ma
fatigue, ô larmes !