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Critique de MarjorieD


Comme ce livre m'a parlé ! Comme il sonnait juste et comme il a fait écho à ma propre révolte. C'est bon de savoir que l'on n'est pas seul, que d'autres partagent nos opinions et que, malgré toute cette négativité, il y a aussi de quoi se réjouir.

Aliénor et Alex ont tout du petit couple parfait, à l'avenir et au bonheur tout tracés. La trentaine, elle, architecte indépendante qui a fondé sa boîte en association avec des potes anciens étudiants. Lui, jeune cadre en informatique au service d'un de ces monstres d'entreprises… qui finira par avoir sa peau. Après 18 mois de harcèlement, de disqualification et d'un minutieux travail de sape de la part de son nouveau manager, Alex choisit d'en finir.
Le récit s'ouvre sur ses funérailles. En s'adressant à son amour, Aliénor revient sur ce qui a fait leur vie jusqu'à ce drame et particulièrement sur les 18 derniers mois, où elle a vu, sans en prendre pleinement la mesure, Alex se consumer. Elle lui raconte la douleur de son absence, de voir leurs rêves brisés ; la colère envers cette société d'hyperproductivité « qui ne valorise rien tant que d'être un battant et d'aller de l'avant, quoi qu'il arrive », envers cette toute puissance de l'économie et de son symbole, la Grande Entreprise, broyeuse de vies et d'individualités dans le seul but de faire de l'argent, toujours plus d'argent, au mépris du plus élémentaire respect de la Vie.
Elle lui dit, aussi, comment, jour après jour, un pas après l'autre, elle parvient tout doucement à reprendre goût à la vie, à se, à lui, pardonner, à se reconstruire grâce à la « beauté de l'Art » qui l'a toujours « sauvée du désespoir », grâce aussi à de belles rencontres qui sont autant de sources de réconfort et de joie.

J'ai aimé ce ton, ce style « oral », direct, sans fioriture, ironique, par exemple quand Alex et Aliénor commentent les flashs infos qui rythment le récit, tout en l'ancrant bien dans notre époque :

« Malgré la mobilisation locale et internationale, malgré les pétitions et les manifestations, s'ouvre aujourd'hui au Brésil l'immense chantier du barrage hydraulique de Belo Monte. de l'avis des ONG qui connaissent bien le terrain, c'est la survie même d'environ vingt-cinq mille Indiens qui est menacée.
Tu as dit : «Ooh, bah vingt-cinq mille indigènes, qu'est-ce qu'on nous gonfle avec ça. C'est pas comme si c'étaient des humains tout autant que nous, hein, non plus. »
Je ne sais plus qui prétendait que l'humour est la politesse du désespoir. Il faut croire qu'il avait raison. » p. 208

Enfin, j'ai surtout apprécié que Gaëlle Pingault ne prenne pas ses lecteurs pour des cons, en leur évitant un « happy end » qu'ils auraient pu voir venir et en faisant d'Aliénor une héroïne comme vous et moi (quoique je n'aurais pas son aplomb): car oui, sa revanche, elle l'aura…

Pour tout ça, merci à vous, Madame Pingault. Et aussi à Babelio et aux éditions du Jasmin pour m'avoir fait découvrir ce qui s'avère être un coup de coeur.
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