« Je l'ai déjà dit, il me semble. Un jour, je ferai la liste de tout ce que je dois à la beauté de l'art. de toute les fois où elle m'a sauvée du désespoir. Il se pourrait que la liste soit longue. »
Voilà une belle pensée, une jolie philosophie gourmande sur l'art caressant notre épiderme, embrassant notre âme, embrasant notre espoir de bonheur naissant.
Ce roman
Il n'y a pas Internet au paradis de
Gaëlle Pingault reçu pour la masse critique de Babelio, est une parabole sur la société du monde du travail, une critique acerbe mélodieuse de notre monde actuel.
A travers un acte absurde, une femme de quarante ans se retrouve face à la solitude de sa peine, se fissure dans les détales de questions, n'oublie pas sa rencontre et son couple.
Ce roman au style direct, à la première personne, facilite la logorrhée orale de la pensée pour une écriture simple, usuelle. Ce mode implique le lecteur dans cette douleur pour s'y dissoudre, pour s'y perdre et ce miroir du je reflète le lecteur dans sa propre histoire.
Certes l'écriture reste une fragilité, mais celle-ci catalyse celle de la narratrice, la douleur sourde emprisonne Aliénor dans une sorte de tourbillon émotionnel inextricable. Cette femme architecte mariée avec un cadre informaticien, Alex joue avec perfection le couple typique de notre société actuel, bourgeois-bohème, générer de l'argent pour le dépenser. Petit à petit, cette vie s'effrite pour une utopie rurale, une vie de liberté, un éden pour se dire.
«
Il n'y a pas Internet au paradis »
Cet adage simple enveloppe tendrement l'âme en peine de ce fantôme, ce mari ancré dans une multinationale cotée en bourse, son service est sous l'emprise d'un nouveau directeur au patronyme glaçant de Boucher, ce dirigent est le point de rupture, il est en quelque sorte la mal actuel de notre société de consommation où l'argent est roi.
Gaëlle Pingault avec beaucoup de maitrise, communie la colère de notre veuve et sa tristesse avec une simplicité pour la libérer en nous, toujours avec une pointe d'humour, une simplicité, un naturel. Il n'est toujours pas si simple d'exprimer la perte d'un être cher, d'investir les chemins silencieux du deuil soudain, celui d'un suicide, l'absurdité Camusienne.
Le harcèlement au travail règne de droit, l'être humain devient de la viande à hacher, seul l'argent prime, rimant avec la politique, Alex prit dans cet étau, s'emprisonne dans son monologue sourd, glisse loin de son monde, laisse son alliée Aliénor, sa femme dans le silence pour soudain s'immoler !
Ce roman est tout de même un cri d'espoir, un appel de l'art comme médicament à la tristesse, un livre peut arracher le rire caché par la tristesse d'un disparu, une musique des Floyd devient un bien être où la sérénité plane.
Le roman est entrecoupé d'informations orales écoutées par notre couple amoureux, Alex à chaque fois s'étonne, s'insurge, pestifère mais Aliénor avec beaucoup d'humour l'écoute l'apaise, l'aime.
Gaëlle Pingault invite notre monde dans celui de ce couple à travers ces intermèdes de la radio.
La résilience est le seul moyen pour faire face au malheur selon
Gaëlle Pingault, Aliénor y trouvera cette paix, comme cet argent obtenu de l'entreprise de son mari, signe maladroit d'aveu, pour en faire don à la fondation de France.
Et je vais comme Aliénor, écouter Echoes….