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Critique de daniel_dz


Je sors abasourdi de la lecture de ce magnifique roman de Mazarine Pingeot. En refermant le livre, je suis resté de longues minutes sous le choc des derniers chapitres.

En espérant vous inciter à le lire, mais sans trop vous en dire, je vais vous raconter une histoire très différente qui m'aurait procuré la même émotion. Imaginez un artisan chinois qui veut réaliser le vase de sa vie. Au fil des pages, on le voit mûrir des esquisses, dont on sent que les images sont liées à des épisodes de sa vie qu'il évoque à peine. On partage ses émotions et ses efforts. Avec lui, on choisit les matériaux et on voit le vase prendre forme. On communie avec lui lorsqu'il commence à peindre et l'on ressent son bonheur lorsqu'il voit les images prendre forme sous ses yeux, comme si elles effaçaient ses peine. On se demande quelles sont ces peines, mais on respecte le silence de l'artisan et ses émotions secrètes. On est heureux de le sentir heureux.

Dernier chapitre: le vase se brise en mille morceaux. La vie de l'artisan s'écroule parce que ses peines reviennent. Et comme l'auteur est parvenu à nous rendre tellement proche, l'onde de choc nous met à terre...

Vous sentez ?

Alors voici quelques mots sur l'histoire de Magda. Magda a quitté l'Allemagne pour venir se construire une nouvelle vie dans un petit village des Pyrénées avec Guillaume, son mari qui l'aime avec une bienveillante tendresse. Mais elle se montre complètement fermée sur son passé et elle rejette l'Allemagne d'une manière qui déconcerte Guillaume, mais qu'il respecte, pensant que ce passé évoque à Magda des souvenirs trop pénibles (elle lui a dit qu'elle y avait perdu ses parents, dans un accident de voiture).

Au journal télévisé, Magda et Guillaume apprennent que leur fille Alice et son mari ont été emprisonnés, soupçonnés d'avoir participé, avec un groupe d'activistes, au sabotage d'une ligne de TGV. Alice a de qui tenir: Magda a également milité dans sa jeunesse, mais, dit-elle, en se refusant de passer à l'acte.

Magda et Guillaume s'empressent d'aller recueillir Rosa, la fille d'Alice, pour que la fillette vive avec eux. Les mois passent. L'auteur nous fait partager le quotidien de ses personnages: Rosa s'habitue à son nouveau foyer et entre à l'école du village, la famille rend régulièrement visite à Alice, dont l'avocat prépare la défense. Calme et harmonie s'installent. Mais allez donc lire la suite pour voir d'où surgira l'émotion dont je vous parlais plus haut…

Un magnifique livre sur les secrets, sur les relations entre une fille et sa famille et sur la violence qu'on peut hériter de ses parents. La conclusion me touche énormément: celle qui brisera cette héritage, c'est Rosa, qui « aura la force de tout ça, parce que c'est la seule à qui on dit la vérité ». La vérité, c'est le plus simple et le plus fort. Assurément.
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