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Je remercie énormément les éditions Noir d'Absinthe pour l'envoi, en service presse, du roman Mojunsha, tome un : Panthère-des-ténèbres de Sara Pintado.
Plus de huit cents ans après la chute des Rois-Panthères, les Kunji constituent la caste la plus méprisée du Royaume Mojun. Leurs tentatives pour renverser la dynastie des Mojunsha se sont toutes soldées par des échecs.
Japsaro, descendant des Rois-Panthères, passe un pacte terrible avec Panthère-des-ténèbres, l'un des Avatars du Grand Dieu, afin de rendre aux Kunji leur prestige d'antan.
Est-il cependant prêt à tous les sacrifices que lui demande Panthère-des-ténèbres en échange de son soutien ?
Et surtout, sert-il vraiment sa cause ou n'est-il qu'un pion dans les luttes des Avatars du Grand Dieu ?
Panthère-des-ténèbres est donc le premier tome de la série Mojunsha.
J'ai souhaité lire ce roman car le résumé m'intriguait beaucoup, et j'avais envie de lire un peu de fantasy, pour changer un peu.
Dès le début, j'ai compris que ma lecture allait être un peu compliquée car très rapidement je me suis perdue dans les nombreux personnages. Ils ont des noms exotiques auxquels je n'ai pas du tout l'habitude. C'est écrit du point de vue de chaque personnage, ce qui est intéressant certes.
Il n'y a pas de réelles longueurs. Toutefois, j'ai eu quelques difficultés à savoir qui était qui, à un moment j'ai été obligé de prendre des notes.
L'univers crée par l'auteure est très intéressant et j'ai adoré me perdre dans cette jungle indienne où tout est riche en émotions.
Mais à un moment, je me suis un peu trop perdue à mon goût, toujours à cause du nombre de personnages. J'ai décroché ici et là.
J'ai apprécié l'histoire, le fait qu'il y a des dieux, tout ce que crée l'auteure est vraiment très riche, et c'est passionnant.
Mais je n'ai pas accroché avec le fait de passer d'une personne à l'autre, il y a trop de points de vue c'est dommage.
Malgré tout, je serais ravie de lire la suite et il y a de bonnes choses dans ce premier tome.
Certes, mon avis est mitigé mais je mets trois étoiles et demie, et je vous invite à le lire à votre tour.

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Un très bon roman de fantasy, loin des schémas classiques de fantasy occidentale. Ce roman offre d'autres types de personnages, d'autres types d'univers et de paysages. La géopolitique et les religions sont au coeur de l'histoire et exceptionnellement bien travaillées et imaginatifs.

Merci à l'autrice pour son excellent travail. J'ai hâte de lire les tomes suivants.
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Un premier tome vraiment prenant dans une ambiance exotique.
Ce roman se lit comme du petit lait. Malgré l'exercice difficile d'un texte à la première personne. L'autre nous plonge dans un univers fantasy indienne. Ce qui vraiment change des mondes fantasy occidentaux.
Les personnages sont riches et intéressants même si j'aurais deux critiques à faire sur deux personnes. Tout d'abord Aysso. Au début, elle soigne les démunies et semble avoir une vocation « professionnelle ». Vocation ou volonté qui disparaissent totalement dès qu'elle épouse Shantaro… et ne veut plus que devenir mère. Ce qui m'a gêné, car sa personnalité disparait totalement. Ensuite il s'agit de la princesse d'Angor, vraiment trop cliché et « limite grossophobe » sur les bords, ce qui fait qu'on ne peut QUE la détester alors qu'on aurait pu avoir une princesse réelle concurrente pour l'amour du prince. Dommage.
Sinon j'ai apprécié la sensibilité des personnages, surtout des masculins qui n'hésitent pas à pleurer. Chose pas si courante.
On y retrouve tous les ingrédients d'une belle saga : magie, intrigue, amours et trahison.
J'attends le tome 2 avec impatience.


Lien : http://anaiscience.eklablog...
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C'est intriguée que je me suis lancée dans Mojunsha. Quand j'ai vu qu"il y était question de panthère et de roi panthère, j'ai eu très envie de le lire parce que j'adore les félins. Je l'ai reçu grâce à la masse critique de Babelio et en plus que ça, j'ai pu l'intégrer à mes lectures pour le PLIB 2020. Depuis 800 ans, les rois-panthères ont perdu leur grandeur d'antan. Leur peuple, les kunjis, a été relégué au rang de paria depuis les mojuns ont pris le pouvoir du royaume. Japsaro, le dernier descendant des rois panthère veut sortir son peuple de la misère. Pour cela, aidé par son avatar Panthère-des-Ténèbres, il va essayer de renverser le Mojunsha.

Grâce à sa jolie plume, Sara Pintado a su m'emporter dans son histoire. Elle a créé un univers qui rappel une ambiance orientale et surtout indienne avec les castes et le Mojunsha qui fait office de Maharaja. J'ai trouvé l'univers vraiment original. J'ai beaucoup aimé l'exotisme de l'univers. Ça change et ça fait du bien de lire autre chose. L'opposition entre les kunjis et les mojuns est intéressante. Les fondements de cette opposition sont bons. Les kunjis se sentent oppressés et veulent retrouver leur gloire d'autrefois tandis que les mojuns tentent de préserver leur royaume. Ce qui est intéressant c'est qu'aucun côté n'est tout blanc ou tout noir. Les kunjis qui reprochent l'oppression qu'ils subissent aux mojuns sont des victimes. Ils sont effectivement traités comme de la vermine mais ils se comportent exactement comme les mojuns. Ils massacrent des femmes et des enfants et surtout, leur société est patriarcale donc les femmes ne sont pas forcement bien traitées. Elles n'ont pas le droit de donner leur avis ni d'apprendre à écrire ou à lire. Alors que chez les mojuns, elles sont l'égal des hommes. On ne sait pas trop qui sont les méchants et les gentils parce qu'on a le point de vue de personnages des deux camps. J'ai bien aimé que tout ne soit pas trop lisse. L'idée des Avatars, ces représentants du Grand Dieu sur Terre qui donnent vie à certains concepts et prennent l'incarnation d'animaux est bonne. C'est vraiment intéressant et j'ai bien envie de les voir plus dans la suite. Pour nous aider à nous repérer dans l'univers, il y a deux cartes au début et un glossaire à la fin qui explique les termes spécifiques. J'ai adoré ! Ça m'a été très utile durant ma lecture.

Dans cette histoire, il y a énormément de personnages donc je me suis pas mal perdue au début. En revanche, les chapitres sont courts, il y a la date au début du chapitre afin qu'on puisse suivre la chronologie et le nom du personnage que nous suivons. J'ai bien aimé cette construction. On se repère plus facilement surtout que nous avons pas moins de quinze points de vue. Sara Pintado n'est pas tendre avec ses personnages et ils ont tous une vie assez triste. Japsaro qui se bat pour une noble cause, à savoir la libération des kunjis est le personnages que j'ai le plus détesté. C'est un vrai c**. Il est misogyne, méchant et égoïste. Il lance sa rébellion uniquement pour se venger. Il est tellement égoïste, qu'il a détruit la vie de Kojo, une petite fille qui n'a rien demandé. J'ai été vraiment triste pour elle. Neyro, la générale du Mojunsha c'est un peu Dr. Jekill et Mr. Hyde. D'un côté, elle est vraiment ignoble et commet des atrocités sans nom mais, elle sait aussi être attachante et bienveillante si bien que même si je ne cautionne pas ses actes, je me suis attachée à elle. Shantaro est le Mojunsha, j'ai trouvé qu'il manquait de courage et de caractère pour un dirigeant. Aysso, la Mojunshahi, l'épouse de Shantaro est une femme pleine de bonté qui n'a pas eu une vie facile alors elle m'a touché. J'ai beaucoup aimé Sandako et Daranjo, deux jeunes garçons sympathiques avec de belles idées.

Pour conclure, Mojunsha est un livre avec un univers novateur et exotique qui m'a tellement plu, qu'il aura réussi à me voler mes nuits. Il y a du relief, et tout n'est pas noir ou blanc. Les personnages sont attachants et ont aussi du relief. Ce tome lance la saga et reste assez introductif. Tout reste à faire. La fin est très surprenante alors je suis vraiment curieuse de voir où ça va nous mener.

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Quel roman! Je ne sais absolument pas comment commencer ma chronique tant il y a de choses à dire. J'ai mis beaucoup de temps à le lire mais ça en valait la peine. L'autrice a fait le choix d'une plume simple et sans fioriture. Heureusement parce qu'on est face à un roman choral. On suit le point de vue de Sandako, Neyro, Aysso, Japsaro et tant d'autres. D'ailleurs, la plupart ont des noms terminant par la lettre "o". J'aimerai bien savoir pourquoi.


Au début de ma lecture, j'étais partagée. J'avais peur de lire un roman fantasy mettant en avant un quatuor amoureux. C'est tellement plus complexe que ça et loin de ce qu'on y trouve. L'autrice arrive à attiser la curiosité en rappelant une prophétie. Plus on avance, plus on en apprend. On est loin des premiers tomes introductifs. Dès la première page, on est immergé dans l'histoire et surtout par la religion en place.


L'univers de ce roman m'a rappelé l'Inde par bien des aspects. Déjà la religion est représentée par des animaux, des avatars ici notamment l'éléphant et le tigre. On aborde le principe des castes. le peuple Kunji est la caste la moins élevé et est en proie à la famine. Ça me rappelle les Intouchables en inde. Pareil pour l'image de la femme. Elle doit être soumis à son mari et ne peut pas le quitter ni le tromper sous peine d'être lapidée. Les vêtements décrits également font penser aux tenues portés en Inde.


Pour revenir à l'image de la femme, j'ai étonnée par les différentes visions des différents peuples. du point de vue des Kunji, la femme doit rester à la maison et s'occuper des enfants. À Mojo-U-rak, les femmes travaillent et peuvent combattre si elles en ont le talents. D'ailleurs Neyro en est la plus parfaite représente mais j'y reviendrai. Et on a le point de vue de Agnor qui est encore différent. D'autres sujets viennent également notamment concernant la religion et les lois. le point de vue est toujours différent.


Ces différents points de vue permettent de mettre en avant des cultures différentes ce qui expliquent les conflits et la complexité des personnages. L'exemple le plus parlant concerne Neyro. Je l'ai détesté comme pas possible tant elle est cruelle. Pourtant, elle est capable de moments de tendresses et d'amours. Son parcours aussi explique bien des choses mais est-ce excusable? Rien que son personnage consiste en un débat moral. Shantaro n'est pas mieux. J'ai beaucoup aimé Aysso et Sandako. Shayno aura à mon sens beaucoup d'importance. Japsaro est complètement fou. Je crois que j'ai fini par avoir pitié de lui. Il n'a pas conscience de sa folie.


En fait, l'autrice a fait un choix complètement hallucinant. Elle a écrit un roman choral en mélangeant l'intrigue politique aux intrigues émotionnelles et aux histoires de chaque personnage. À cela, ajoutez le fond de l'histoire sur les différentes cultures et vous comprendrez pourquoi j'ai mis du temps à le lire. Ce roman est extrêmement dense mais pousse à la curiosité et à la réflexion.


En bref, ce roman m'a poussé dans mes retranchements et à me confronter à ma vision de la société tout en me présentant une histoire intéressante. Je suis curieuse de lire la suite.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique des mauvais genres de Babelio, que je remercie chaleureusement, ainsi que la ME Noir d'Absinthe. 🙂

COUVERTURE ET ACCROCHE
Je trouve la couverture très belle, on perçoit rapidement l'exotisme qui se dégage de l'environnement végétal étouffant, du turban du personnage et de la panthère noire. Toutefois, même si je me doute que c'est volontaire, notamment en lien avec le pouvoir de Panthère-des-ténèbres, j'aurais préféré pouvoir mieux discerner les deux personnages car ils sont difficiles à deviner au premier regard, ce qui peut limiter la curiosité des lecteurs. Heureusement, la typographie du titre accroche l'oeil et permet une première suggestion sur un potentiel univers loin des sentiers battus d'un monde occidental.

Concernant le résumé, je trouve qu'il présente plutôt bien les bases de ce premier tome. Je regrette toutefois qu'il ne témoigne pas de l'aspect éclaté de la narration, car il ne mentionne qu'un individu quand celui-ci n'est finalement qu'une partie de la grande fresque que nous suivons tout au long des pages. Personnellement, je pense qu'il aurait été plus pertinent de parler au minimum du Mojunsha, pour suggérer que nous auront des points de vue dans les deux principaux camps.


PROSE ET STRUCTURE
La prose de l'autrice est facile à lire, résolument moderne et peu descriptive (au sens où il y a peu de scènes purement descriptives), usant d'un vocable courant facilement assimilable par tous les lectorats. Bref, c'est un style vraiment accessible tout du long qui, je pense, plaira à beaucoup de lecteurs.

Là où cela posera davantage de problèmes pour certains, c'est dans le choix de la narration. En effet, il s'agit d'un roman choral impliquant beaucoup de personnages, parfois narrateurs le temps d'une seule scène. C'est déjà en soi un choix plutôt risqué puisque beaucoup de lecteurs se perdent facilement dans la multiplication des points de vue (d'autant qu'ici, les noms sont forts semblables). Mais là où cette gêne peut s'accentuer selon moi, c'est dans le choix d'une focale interne narrée à la première personne. Si cela peut fonctionner pour un nombre restreint de protagonistes, on peut se retrouver ici avec une narration un peu répétitive. Et ce n'est pas tant l'introspection assez centrale du déroulé narratif que cette tendance de chaque protagoniste à se focaliser encore et toujours sur un aspect émotionnel de leur vie. Que certains soient amoureux ou désireux de vengeance, c'est ce qui fait leur personnalité, mais qu'ils y fassent référence à chaque scène, ça peut-être lassant pour qui n'a pas besoin de se voir répéter ce qui les motive. Bref, tout cela pour dire que si vous n'êtes pas du genre à apprécier les narrations à focus émotionnel, vous risquerez peut-être de passer à côté de l'histoire. Au contraire, si c'est là votre péché mignon, la multiplication des points de vue sera certainement plus facile à appréhender.

Question structure du récit, on se retrouve avec une fresque historique découpée par période d'intérêt (et donc passant sous silence des années entières), ce qui nous permet de suivre l'évolution de chaque intrigue personnelle. Ces périodes sont en effet structurées en chapitre, eux-mêmes regroupant divers points de vue étalés sur des jours, voire des mois. Une bonne façon de voir l'ampleur d'une situation en fonction de son appartenance ou son statut social, mais aussi l'importance de la perception du temps selon les objectifs respectifs. En effet, un souverain qui doit mater une rébellion ne verra pas de la même façon les mois qui s'écoulent qu'un peuple qui attend son sauveur depuis des centaines d'années.


PERSONNAGES ET NARRATEURS
Comme précisé plus haut, ce premier tome regroupe un très grand nombre de personnages, dont plusieurs deviennent narrateurs au moins une fois dans le récit. Ce fractionnement de la narration, qui implique par ailleurs des points de vue opposés, induit une dilution de l'empathie que je pense volontaire de la part de l'autrice. Il n'est en effet pas question de suivre des gentils et des méchants protagonistes, mais toute une foule de sensibilités distinctes selon le statut social, les opinions et coutumes, l'envie de changement ou au contraire le maintien d'un ordre établi. Et comme chaque sensibilité évoque de bonnes et de mauvaises raisons, on en vient rapidement à ne prendre parti pour personne. Cela peut-être gênant pour les lecteurs qui ont besoin de s'attacher à un personnage, mais ce sera certainement vu comme une forme de réalisme appréciable pour les autres.

Dans les figures majeures de ce premier tome, nous retrouvons Shantaro, le prince qui devient Mojunsha en début de récit. A la tête d'un territoire qui englobe différentes communautés assimilées au fil des guerres, il est le défenseur principal d'un ordre instauré par sa lignée depuis huit siècles. S'il n'est pas vraiment fermé au changement, il n'est pas non plus grand partisan des réformes et aura même tendance à fermer les yeux sur les raisons de certaines révoltes. Amoureux de son amie d'enfance, il aura aussi un peu trop tendance à se focaliser sur elle, au détriment de certains aspects politiques plus importants. C'est personnellement le personnage que j'ai trouvé le plus agaçant sur le sujet car, qu'elle soit là ou non, il ne peut s'empêcher d'en parler.

Aysso, son épouse, est une jeune noble aux idées plus progressistes. Elle est en effet portée sur le soutien aux populations les plus méprisées, et va même donner de sa personne dans les temples. Profondément amoureuse de son époux, elle ne pousse néanmoins jamais son avis au point de chercher à le convaincre, préférant lui assurer une vie aussi douce que possible en tentant de lui donner un héritier. Aysso est typiquement le genre de personnalité qui désire avant tout respecter le rôle qu'on lui a attribué, et je pense que c'est globalement celle qui attirera le plus la sympathie.

Neyro est probablement le personnage le plus complexe de ce tome. Amour d'enfance de Shantaro, elle a refusé de l'épouser pour devenir son général. On apprend au fur et à mesure les raisons de ce choix qui nous confronte à une part d'ombre vraiment terrible de sa personnalité. Capable des pires horreurs autant que des plus improbables actes de bonté, c'est une figure de liberté qui croule sous des entraves tâchées de sang. Et c'est ce qui fait tout son intérêt.

Je terminerai le tour des principaux protagonistes avec Japsaro, un Kunji qui, suite à une terrible désillusion, décide de mener la révolte de son peuple pour forcer la prophétie du renouveau à se réaliser. Si la persécution subie par les siens explique son engagement dans cette lutte, ses motivations personnelles et ses actes aux terribles conséquences en font une figure révolutionnaire terrifiante et peu sympathique. Une figure plutôt sombre donc, même si son évolution n'est pas vraiment surprenante.

Bien entendu, ce ne sont pas les seuls personnages narrateurs et si la plupart apportent un intérêt à l'intrigue, j'avoue que d'autres ne m'ont pas semblé très pertinents, d'autant qu'ils n'avaient qu'une seule scène en tant que narrateur, et qu'ils se retrouvaient avec d'autres personnages réguliers qui pouvaient assumer la focale. Personnellement, j'ai trouvé dommage d'accentuer ainsi le risque de perdre le lecteur.



UNIVERS ET ATMOSPHÈRE
L'univers est certainement l'un des éléments qui attirera la curiosité des lecteurs. En effet, comme il est possible de le deviner sur la couverture, le monde de ce roman est à forte inspiration indienne. La géographie par exemple se compose de jungles tropicales et de rizières, quand la population, elle, vit dans des cités aux murs blancs couverts de dorures. La vie quotidienne aussi emprunte des éléments de la culture indienne, notamment dans les codes vestimentaires où on retrouvera les turbans, les saris (ou saros) ou les cholis, tous très colorés (c'est d'ailleurs les seuls éléments de décor où on s'évertue à chaque fois à préciser la couleur). de même que les quelques références à l'alimentation tendent à rappeler un certain exotisme avec le litchi, le miel ou encore le gingembre. L'autrice ayant toutefois opté pour une écriture peu descriptive, on se retrouve finalement avec peu d'éléments une fois ces quelques références passées. Il ne faut donc pas s'attendre à de beaux panoramas vantant cet exotisme, mais bien à une ambiance générale peu encline à nous abreuver de détails.

Là où l'univers gagne finalement tout son intérêt, c'est dans la créativité de l'autrice plutôt que dans ses empreints. Il faut en effet saluer un système de castes qui séparent les individus en fonction de leur rôle au sein de la société. Les nobles font bien entendu partis de la première caste, et contrairement à ce qu'on pourrait croire, il est possible d'y accéder en se faisant anoblir par le Mojunsha. Les autres castes vont regroupés la prêtrise, les militaires, les artisans, etc… toutes étant soumises aux lois du royaume, mais ayant chacune leurs petites particularités structurelles. le bas de l'échelle sociale reste le peuple kunji, ancienne élite du royaume détrônée par le peuple mojun. Une population persécutée, qui rêve de retrouver sa puissance d'antan.

L'autre point intéressant de l'univers tourne autour des croyances. Ici, le Grand Dieu possède des Avatars, des entités spirituelles animales ayant chacune héritées d'une facette divine. Ces Avatars diffèrent non seulement par leurs compétences, mais aussi l'origine plus ou moins trouble de leur pouvoir. Ils sont toutefois tous les sept vénérés par le peuple mojun, y compris Panthère-des-ténèbres rattachée aux Kunji. Cela se témoigne notamment dans le choix du nom dépendant de l'heure de la naissance, et donc de l'Avatar auquel l'individu est rattaché (ce qui explique que tous les noms se ressemblent). Bien entendu, vous aurez compris qu'ici, les Avatars ne sont pas de simples croyances, mais des entités perceptibles des hommes, qui donnent leur bénédiction et répondent aux appels de ceux qui leur sont liés. Il est toutefois à noter que contrairement à beaucoup d'ouvrages où les dieux sont réels, les Avatars n'agissent jamais contre la volonté des hommes, même s'ils peuvent se jouer du sens d'une demande. Une façon de rappeler que même si les Avatars ont leurs propres intérêts, les hommes restent responsables de leurs actes.


INTRIGUES ET THÉMATIQUES
Cela fait huit siècles que les Mojunsha, soutenus par l'Avatar Éléphant-de-lumière, règnent sur le territoire autrefois dirigé par les Kunji, liés à Panthère-des-ténèbres. Huit siècles qu'un système de castes existe et que les anciens maîtres des lieux travaillent pour leurs oppresseurs tout en cultivant l'espoir que bientôt, ils retrouveront leur gloire passée. C'est dans ce contexte que le futur Mojunsha Shantaro se voit dans l'obligation d'épouser la jeune noble Aysso, malgré son amour pour Neyro. Celle-ci, guerrière éprise de liberté et terrifiée par ce qui l'habite, n'en désire pas moins servir son souverain avec zèle, quitte à commettre le pire. de quoi enflammer les braises d'une insurrection au sein du peuple kunji, et notamment chez Japsaro, avide de vengeance et prêt à en appeler aux terribles pouvoirs de Panthère-des-ténèbres.

Si globalement l'aspect politique et mystique est plutôt intéressant, j'ai à titre personnel trouvé qu'il se noyait trop souvent dans l'état émotionnel des personnages. Comme j'ai déjà pu le préciser, les narrateurs ressassent assez souvent un détail émotionnel qui leur est propre, que ce soit un amour inconditionnel, une vengeance, un passé douloureux, un manque d'amour paternel, une détestation profonde de son entourage… Y compris quand la situation présente n'a absolument rien à voir avec cet aspect de leur vie. Je peux comprendre que l'affect influence les choix, les actes, le devenir même d'un individu ou d'une population, mais je n'ai personnellement pas besoin qu'on me le dise en permanence, surtout si cette priorité émotionnelle ne varie pas d'un iota en vingt ans. Bref, j'aurais préféré que la narration se recentre un peu plus sur l'intrigue politique dans les moments clés.

de même, je ne vais pas vous mentir, si comme moi vous vous attendiez à une certaine importance des Avatars dans le récit, il est probable que vous en ressortiez un peu déçus. Ils apparaissent en effet assez rarement et se perçoivent plus souvent à travers les croyances ou les dons qu'ils ont pu accordés à leurs protégés. La gestion des pouvoirs est en revanche bien amenée puisqu'elle suggère un paiement personnel à chaque usage, plus ou moins handicapant et dangereux en fonction de l'Avatar lié, et notamment les indépendants comme Panthère-des-ténèbres.

Les thématiques exploitées sont intéressantes, notamment dans la façon de les présenter. Car si habituellement, les ouvrages parlent de persécution avec un avis assez tranché sur la question, les différents points de vue nous présentent des visions radicalement différentes de ce que devrait être une société parfaite, sans jamais affirmer qu'une serait meilleure qu'une autre pour l'ensemble de la population. Que vous soyez davantage pour un camp ou pour l'autre, vous n'échapperez pas à des opinions sectaires, des idées violentes et des coutumes qui impliquent une forme ou une autre de discrimination. Pas de société idéale où chacun vivrait en harmonie avec son voisin donc, et c'est là l'un des aspects qui plaira le plus sûrement aux habitués de la fantasy politique.


CONCLUSION
le tome 1 de Mojunsha est un roman ambitieux dans son choix d'univers et de narration qui attisera certainement la curiosité de nombreux lecteurs. Il est toutefois préférable de prévenir que la narration éclatée en multiples points de vue et le choix d'une focale interne très émotionnelle peuvent ne pas convenir à tous les lecteurs. Si je n'ai aucune difficulté avec les romans chorals, j'ai à titre personnel regretté ce besoin de ressasser des affects trop prépondérants, ce qui noyait quelque peu l'intrigue politique et mystique. L'univers imaginé par l'autrice reste néanmoins très intriguant et la situation mise en place dans ce premier tome nous prépare à une fresque historique qui marquera à jamais les terres de Mojun.
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L'écriture de Sara Pintado vaut le détour. Fluide, poétique, efficace, elle vous permet de vous immerger d'emblée dans l'histoire de Japsaro – l'héritier maudit – d'Aysso, la reine mal-aimée, de Shantaro – le Mojunsha – et de la générale Neyro – la guerrière meurtrie.
Les descriptions sont particulièrement réussies. Croyez-moi, vous aurez très rapidement l'impression de vous promener dans la jungle, de sentir la moiteur de l'air vous couper le souffle et vous tremper de la tête aux pieds (et de fuir les serpents).
Je ne m'attarderai pas sur l'intrigue (lisez le livre !), mais sur les personnages : eux aussi très réussis dans leurs forces et leurs faiblesses, attachants, ils vous guident tout le long de l'histoire. Sachez néanmoins qu'ils sont très nombreux et que l'on bascule facilement d'un point de vue à l'autre. Cela nécessite donc d'être un minimum bien concentré. ;)
La culture et l'érudition de l'auteur sont palpables d'un bout à l'autre du roman. Plus j'y ai réfléchi, plus j'ai deviné dans Panthère-des-Ténèbres des strates différentes de références. On pense à l'Inde et son système de castes, mais les intrigues des Avatars et en miroir celles des humains qui leur sont affiliés m'ont par la suite évoqué la mythologie grecque.

Lien : http://charlotte-bona.com
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Lorsque j'ai lu le résumé de ce livre, j'avais peur que l'on ne suive que le point de vue de Japsaro. L'idée de base semblait bien, même si je redoutais la manière dont cela allait être abordé. Je me suis dit « Un livre de fantasy avec une caste misérable, une rébellion ? Qu'est-ce qui le rend unique ? ». Quelques pages plus tard, j'avais ma réponse : tout. Tout dans ce roman le rend unique. Sara Pintado a créé un univers à elle, avec ses Avatars, ses règles, sa mythologie, sa profondeur, sa personnalité propre, ainsi qu'un scénario divin et cohérent du début à la fin. Ce tome se divise en trois parties ; chaque partie se déroule durant plusieurs années et tout est daté, selon le calendrier mojun. J'ai trouvé ça vraiment génial, parce que l'on suit la narrations de diverses personnages, de leur jeunesse à leur vieillesse (pour ceux qui survivent jusque là). Nous observons leurs évolutions, leurs attitudes changeantes, leurs regrets, leurs espérances… C'est incroyable. L'autrice a géré un monde, des centaines (voire, des milliers ?) de personnages et plusieurs intrigues (géopolitiques et/ou familiales) de malade : j'ai l'impression d'avoir découvert un univers à la Game of Thrones, en carrément différent. Ici, nous avons surtout affaire à une fresque au décor de jungle fantasmagorique, aussi riche que dense, aussi profonde que maniée à la perfection. Sara Pintado, pour moi, c'est une déesse, un Avatar suprême : Sara-la-Magnifique. ​

En plus d'avoir créé sa propre mythologie, des coutumes à ses peuples, l'autrice fait passer des messages forts et lourds de sens. Ils laissent leurs empreintes. Par Neyro, elle crée une femme forte, une Générale dure, froide et prête à tout pour son peuple. Elle lui attribue des défauts, des qualités, et certaines discussions en viennent à nous faire comprendre que dans un autre peuple, les femmes ont leur place dans une cuisine. Il y a une sorte de collision entre plusieurs valeurs différentes. Qu'est-ce que j'ai adoré cette diversité !

Un autre point qui m'a chamboulé : sa plume. Comme je vous le disais, Sara Pintado jongle entre plein de personnages différents, sans jamais s'arrêter et le tout… dans des points de vue internes. Elle passe de Shantaro à Aysso, de Aysso à Neyro, de Neyro à Sandako, de Sandako à Japsaro… sans jamais nous perdre. Bien entendu, elle précise lorsqu'elle change de narrateur, mais quand même… Son style s'est adapté à chacun de ses personnages. Ils avaient tous une personnalité à eux, leurs termes, leurs convictions, leurs pensées. C'est extraordinaire de se dire qu'une seule autrice soit parvenue à nous faire entrer dans plein de têtes différentes sans jamais s'emmêler (ni emmêler ses lecteurs). Ce don, ce travail, ce talent, peu importe comment on l'appelle, bah ça m'épate. Je suis plus qu'admirative, et cela rend le background du livre encore plus enivrant qu'il ne l'est déjà. Parce qu'en plus d'alterner ses narrations sans aucune difficulté, Sara Pintado nous offre une écriture fluide, descriptive et prenante. Elle nous embarque avec elle à travers son monde, tout en nous permettant de suivre le cheminement des personnages à l'aide de deux cartes illustrées à l'intérieur du roman (d'ailleurs, elles sont vraiment sublimes !). Dès les premières pages, sa plume nous happe, rend accro. Je n'avais qu'une envie : connaître la suite. À chaque fois. Je me demandais ce qu'il allait arriver aux héros et antagonistes, aux adultes, aux enfants, à tout le monde. Des émotions soufflées par-ci par-là, quelques descriptions bien dosées et une incroyable fluidité, le tout concocté avec sérieux et amour par une autrice au potentiel énorme. Je peux d'ores et déjà affirmer que Sara Pintado figure parmi mes auteurs préférés de tous les temps.

Je ne vais pas parler de chaque personnage de cette histoire, parce qu'il y en a vraiment beaucoup, et qu'ils mériteraient tous d'être mis à l'honneur. Mais, si je fais ça, il se peut que cet avis devienne interminable. de manière générale, il y avait des personnages principaux, secondes et récurrents. Mais, il est difficile d'évaluer lesquels sont gentils et lesquels sont méchants, parce que ce roman se compose de nuances, d'injustices, d'un panel de tons et d'attitudes menant à une escalade interminable. Vous rappelez-vous le schéma de Game of Thrones ? Si X n'avait pas fait tuer Y, il n'y aurait pas eu le massacre de V, ni une vengeance de la part de R… etc. Bah, dans ce roman, cela fonctionne de la même façon. Japsaro aime Aysso, Aysso finit par aimer Shantaro, mais Shantaro aime-t-il Aysso ? Quel avenir pour leur mariage, leur peuple, et tout ce qui s'ensuit ? L'histoire nous fait découvrir ce qu'ils ont été, ce qu'ils deviennent et comment certains finissent. Il y a des passages merveilleux, d'autres plus durs et tristes… On passe par toutes les émotions. le pire dans tout ça ? Nous sommes incapables de détester complètement un personnage ! Nous les aimons tous, à leur façon, tant l'autrice a su les rendre attachants et authentiques. Il y a des décisions ou des réactions que l'on approuve, d'autres non, et même si certains personnages peuvent parfois nous agacer énormément (coucou Kojo), on garde toujours à l'esprit qu'il y a des raisons derrière les actes, un vécu derrière les paroles. Envers et contre tout, on s'y accroche. On a peur pour tout le monde, peu importe le camp, alors que l'on sait au plus profond de nous qu'ils ne pourront pas tous survivre… Au final, tous les intervenants de cette histoire laissent leur marque dans notre vie de lecteur. J'ai fini par m'attacher à eux comme s'ils étaient des amis, voire une famille. C'est vraiment incroyable.

La fin clôture ce premier opus avec dextérité. C'était ce qu'il fallait, ni plus ni moins. Il ferme une porte, tout en laissant les autres ouvertes – celles nécessaires au développement de la suite de la saga. Je suis triste du sort de certains personnages, heureuse de celui d'autres… Globalement, cette fin m'a plu et me donne envie de poursuivre ! Je sens que l'attente va être horrible, c'est un univers dans lequel je suis entrée très facilement et duquel je n'arrive plus à me sortir… Heureusement, cela n'entrave pas mon avancée dans mes nouvelles lectures, sinon je me serais retrouvée bien démunie, littérairement parlant.

Grosso modo, le premier tome de Mojunsha débute une saga mythique de fantasy, une série que tous les amateurs du genre ne peuvent se permettre de louper. Elle est originale, dense, riche et très addictive. En plus de rafraîchir les codes de la fantasy, elle apporte son lot d'intrigues géopolitiques et familiales, non sans laisser des personnages de côté. Vous suivrez leurs péripéties, vous souffrirez avec eux, vous aimerez et vous haïrez, vous évoluerez à leurs côtés et, enfin, vous aurez peur pour n'importe qui, quel que soit son camp. G.R.R Martin a inventé un univers de dingue avec Game of Thrones, mais Sara Pintado revisite la fantasy avec Mojunsha.

​Êtes-vous prêts pour la rébellion ?
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Sara Pintado et Noir d'Absinthe nous propose le premier tome d'une saga fantasy très originale dans le contexte et le folklore abordés. Est-ce surprenant ? Non, c'est un peu la signature des éditions NdA.


Huit-cents ans se sont écoulés depuis la chute de la dynastie des Rois-Panthères. Les kunjis — ou pieds-trempés — sont désormais la caste la plus mal considérée du royaume dirigé à présent par les Mojunshas. Peu de droits, peu de considération, des conditions de vie déplorables et une surveillance accrue… Leurs espoirs qu'un jour le Roi du Nord vienne les libérer les plongent sous un règne de tyrannie, où chaque prophétie murmurée peut conduire à la décapitation.

Parmi ce peuple, Jasparo, sa soeur Nayti et leur mère sont les descendants de la lignée des Rois-Panthères. Au service du gouverneur de l'île d'Oiseau de feu, ils sont plutôt bien traités ; Jasparo noue un lien particulier avec Aysso, la délicate fille de leur maître.

Mais en parallèle, un échiquier paraît se remettre en place, bouger à nouveau ses pions, loin du regard humain. Un conflit gronde entre les Avatars. L'ordre préétabli est menacé dans les sphères célestes.

Il suffit d'une décision, d'un choix d'une femme finalement, pour que tout chavire.

Les terres Mojun tremblent jusque dans le palais.

Quelle dynastie fera l'échec et mat ?


L'univers de Mojunsha est très particulier. Exit les pays aux consonances médiévales, et européennes. On se détache des ambiances Tolkien, G.R.R Martin pour aborder une toute nouvelle conception d'un monde fantasy. Partons plutôt au coeur de terres exotiques où cocotiers dissimulent des soldats armés, où les frangipaniers se plient au gré de la brise pour émaner leur doux effluve, et où la jungle est la principale scène des guerres et de la politique.


Les saros et turbans remplacent les cottes de mailles, armures et surcots. Les peaux brunes, hâlées, ébènes chassent les carnations habituelles. Les épées sont des sabres, les hallebardes des bâtons…

C'est un maelstrom de couleurs chaudes, d'odeurs sucrées de dattes, de miel, de safran, curcuma. Une explosion de tissus, dorures. Un mode de vie, des traditions, des moeurs qui se rapprochent de l'Asie et de l'Afrique que nous connaissons — à plusieurs détails près, bien entendu.


Même la religion apporte sa touche inédite. En fonction de l'heure de la naissance, les enfants sont prédestinés à un Avatar — une sorte de divinité animale. Ces Avatars servent ou appliquent les lois du Grand Dieu, celui qui est la source de « tout. » Mais dans cette hiérarchie céleste, ces entités sont eux-mêmes en proie aux tensions, entre les Avatars de la Clairière, les Indépendants… et interviennent dans le monde des hommes. Nous vous laissons découvrir un peu plus en détail ce qu'il en est, lors de la lecture : c'est une hotte de richesses et d'imagination dans laquelle nous plongeons bien volontiers.

Toute la construction de l'univers, des castes, de la monarchie, etc., est sans doute le plus gros point fort de ce texte. C'est un petit soufflet d'originalité qui est susceptible de prendre au dépourvu les plus friands du genre fantasy.

Concernant les personnages, ils sont nombreux.

Très nombreux.


Ce sera donc compliqué de tous les évoquer pour en glisser un petit mot au risque d'y passer un certain temps ou de noircir dix pages supplémentaires.

Néanmoins, nous ne pouvons pas considérer qu'il y ait vraiment un héros, un antagoniste. Les bons ou les méchants.

Chaque intervenant a sa psychologie, ses idéaux, plus ou moins louables, ses méthodes pour parvenir à ses fins, et il s'avère peu évident de conclure qui a raison ou qui a tort dans le lot.

Vous l'aurez compris : aucun manichéisme.


C'est à vous, lecteurs, de vous forger votre propre idée. Que ce soit le camp des Kunji, ou celui des Mojuns, à vous de décider qui vous soutenez d'une certaine manière.

L'intrigue est plutôt complexe à suivre, surtout si l'on doit prendre un certain temps pour s'habituer aux noms exotiques, au monde innovateur dans lequel nous tombons. Il y a plusieurs points de vue ce qui engrangent plus de conflits et d'enjeux qui s'entrecroisent ou se délitent.

Aussi, nous parlons bien de saga.


Le nombre de personnages évoqué est justifié, mais nous ne révélerons pas en quoi au risque de trahir toute la construction de ce premier tome et la suite.

Ce peut être toutefois à double tranchant : nous pouvons avoir quelque difficulté à réellement nous attacher à un personnage plus qu'un autre, ou, à l'inverse, comme un Game of Thrones, nous sommes amenés à choisir notre favori et à attendre impatiemment sa prochaine apparition.

La politique est sur le devant de la scène, les complots aussi. Entre faits d'armes, batailles et poursuites dans les îles et la jungle, c'est aussi un combat de stratégie et de réflexion.

L'écriture est accessible à tout le monde. Nous ne sommes pas dans une plume élitiste ou « pompeuse » qui oblige une concentration accrue pour assimiler le texte ou les mots. La lecture est fluide, simple et efficace, talentueuse dans ses descriptions et « juste ce qu'il faut » pour les émotions sans dérouler des introspections interminables.

Les narrations sont d'un point de vue interne au récit, qu'importe les personnages abordés. Nous sommes dans la tête de chaque protagoniste.


Les chapitres sont longs, mais séquencés par des parties datées : la fresque chronologique a son importance, libre à vous d'y prêter attention ou non. Il est néanmoins vrai que ce peut être vite laborieux de retenir toutes les dates et de calculer le temps qui s'écoule, puisque les ellipses sont assez nombreuses. C'est aussi parfois un simple « deux heures plus tard », par exemple, qui donne alors au texte un petit aspect scénaristique.

Le rythme varie et impose un tempo assez changeant : des parties du roman seront plus calmes, posées, et se concentrent sur la politique et la toile relationnelle, tandis que d'autres seront une explosion d'action, de stratégies militaires. Certains passages peuvent être un peu longs, mais tout ne peut pas être dynamique au risque d'essouffler le lecteur.


Mojunsha, Panthère-des-ténèbres de Sara Pintado est une innovation dans le genre fantasy. Une bouffée d'air frais dans ces rayons du genre qui finissent par se ressembler, trop ancré dans la bible Tolkien ou trop frileux pour s'éloigner du folklore bien connu. C'est un texte très riche, curieux dans sa construction et ses personnages, original dans son univers, mais c'est aussi un roman qui défend, en sous-marin, les conditions de la femme.

Très prometteur.
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Mojunsha a été pour moi une très bonne lecture. Originale et exotique. Parfaite pour l'été si une plongée dans la jungle vous tente.

Les dieux animaux de ce monde ont décidé de laisser les humains vivre leur vie sans intervenir. Mais pour certains d'entre-eux, difficile de ne pas prendre quelques libertés vis-à-vis de ce principe. Dans le monde des hommes, le Mojunsha règne sur son peuple et sur les Kunji dont il a maté sévèrement la révolte. Les jeux politiques se tissent et la guerre n'est pas loin, tandis que les uns attendent le Roi du Nord et leur libération…

L'autrice propose un univers riche et original. Les « dieux » (Avatars) sont personnifiés sous la forme d'animaux : éléphant, panthère, singe… Pas tout à fait présents dans le monde des hommes mais pas non plus inaccessibles, j'ai beaucoup aimé la relation qu'ils entretiennent avec les humains. L'histoire parallèle entre conflits des dieux et conflits des hommes m'a beaucoup plu. J'ai hâte de voir ce qu'il en adviendra dans le second tome. le contexte culturel et politique de ces royaumes est également novateur et bien exploité. Ce monde est très fourni (religions, coutumes, manières de vivre…). de quoi, nous permettre de nous imprégner complètement de cet univers. Il nous entraîne sans mal au coeur de la jungle, dangereuse et dépaysante, et auprès de somptueuses villes orientales. J'ai adoré !

L'intrigue en soi est moins originale. Pour résumer à très gros traits, il s'agit d'un peuple oppressé qui attend son élu libérateur. Mais l'histoire est suffisamment riche pour être passionnante, et finalement elle est beaucoup plus complexe que cela, . Elle joue de fait sur différents niveaux d'intrigues : jeu politique, stratégie guerrière, amitié et amour, prophétie et conflit céleste… Beaucoup d'éléments qui m'ont interpelée et intriguée jusqu'au bout !

Alors que j'étais rentrée relativement aisément dans l'histoire grâce à Aysso (que j'ai aimée dès les premières pages), les multiples points de vue ont fini par me détacher un peu des personnages. C'est souvent le risque avec ce procédé littéraire. Ici, je ne peux pas dire que j'ai perdu le fil de l'intrigue mais un peu moins de points de vue ne m'aurait pas déplu. Néanmoins, ils ont le mérite de permettre de mieux connaître chaque personnage et de comprendre leurs pensées. Ils contribuent également à complexifier l'intrigue (dans le bon sens !).

Autre point qui m'a un peu mise à distance de l'histoire : les ellipses temporelles. Elles sont assez nombreuses et les personnages évoluent parfois sans nous. Cela ne permet pas toujours de les suivre suffisamment pour s'y attacher.

Par contre, j'ai beaucoup aimé la place des femmes dans cette société. Neyro est un personnage féminin que j'ai particulièrement apprécié (même si ce n'était pas forcément le cas au début de l'histoire !). C'est une femme guerrière, forte et possédant en même temps un côté sombre et cruel. de manière générale, j'ai vraiment aimé que tous les personnages soient tout en nuances.

Autre point positif de mon point de vue : pas de romance classique ici !

Ma lecture a présenté des niveaux d'intérêt variables. J'ai dévoré les premiers chapitres, eu un petit coup de mou dans le milieu du roman et engloutie la fin. Quelques longueurs par moment, des personnages que je suivais avec moins d'intérêt ont un peu perturbé ma lecture. Mais dans l'ensemble, j'ai été curieuse de découvrir où cette histoire allait nous mener. de plus, c'est un premier tome où il faut poser les bases. Quelques longueurs, c'est un peu normal. 🙂

La dernière partie a en tout cas confirmé mon envie de lire la suite !

Pour conclure ?
Un premier tome très original avec des personnages complexes et un univers foisonnant comme je les aime. Si les multiples points de vue offrent un regard intéressant sur l'histoire, ils ne m'ont pas permis de vraiment m'attacher aux personnages. Je suis néanmoins très curieuse de lire la suite.
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