Le Grand Magasin, tome 1 : La convoitise

Elle avait beaucoup de chance d’avoir des enfants aussi vaillants. C’était d’ailleurs pour eux qu’elle s’était accrochée après la mort de Philippe. La vie n’était pas toujours facile, mais ils s’en tiraient tout de même bien. Leur logement n’avait rien de luxueux, mais il leur offrait chaleur et confort. Ses enfants n’avaient jamais manqué de rien. Elle aurait aimé qu’ils poursuivent leurs études, mais la réalité l’avait emporté sur ses désirs.

Sa mère lui avait toujours dit que la politesse attirait la politesse, et il espérait qu’un jour ses compagnons l’accepteraient. Il essayait de faire abstraction des moqueries dont il était parfois la cible. Il dépassait presque tous les employés d’une tête et, si l’un deux se décidait à lui faire un mauvais parti, Olek serait capable de lui répondre sans équivoque.

Tous les jours, Émilien partait tôt pour la Steel Co. et revenait rarement pour le repas du soir. Leur mère avait avancé l’hypothèse qu’il y avait peut-être une femme derrière ces retards. Seule Laurianne connaissait la vraie raison de ces absences. Ça ne pouvait pas durer, elle ne pourrait pas toujours cacher à sa mère le fait qu’Émilien préférait de plus en plus la bouteille à sa vie de famille.

C’est à cet étage qu’on vend ce qui se fait de plus beau dans le monde pour la femme d’aujourd’hui. Je dois avouer que j’ai un faible pour les vêtements de la maison Poiret. C’est ce grand couturier français qui a supprimé les corsets de ses tenues en créant des robes à taille haute. Une véritable révolution dans la mode féminine ! Et que dire de ses parfums !

Elle aimait déambuler au centre-ville où elle s’imaginait être une de ces secrétaires élégamment vêtues qui sortaient des tours de bureaux. Elle avait reçu une base d’instruction, savait lire et compter, ce qui était précieux, mais elle enviait ces jeunes femmes qui avaient pu poursuivre leurs études et étaient indépendantes financièrement.

Ce n’est pas évident de se lier d’amitié avec de nouveaux collègues. Ils sont méfiants envers ceux qui arrivent. C’est ce que j’ai appris aujourd’hui.

La langue n’est pas un problem ici, moins vous parlerez, mieux vous travaillerez ! Votre job consistera à replacer les bobines vides par des bobines pleines des weaving looms. Can you do that ?

Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle voulait faire dans la vie. Maîtresse d’école, infirmière, secrétaire, peu de métiers s’offraient aux jeunes femmes en 1926. Ce dont elle était sûre : elle voulait être heureuse, comme tout le monde qui aspirait au bonheur.

Les souvenirs s’estompaient tristement, seules subsistaient ces infimes parcelles de bonheur qu’elle avait eues avec son père avant qu’il revienne traumatisé de la guerre.

J’ai besoin de gens efficaces dans mon équipe, pas des gars qui passent leurs journées en break.