Propagée par Paul Siefert à Danzig, par Johann Lorentz à Copenhague, par Gustaf Duben à Stockholm, cette doctrine, que nous voyons si scrupuleusement recueillie par les maîtres de Hambourg, aurait certainement, où qu'il étudiât, servi de règle à Dietrich Buxtehude. Mais on peut croire qu'il la tint des Hambourgeois eux-mêmes, et, si nous ne possédons aucune preuve de son apprentissage à Hambourg, près de ces musiciens fameux, nous savons du moins que son esprit ne devait être occupé que de leurs exemples et de leurs préceptes, tant le raisonnement de leur renommée l'environnait.
Si, comme il est permis de le supposer, Dietrich Buxtehude vint dans cette ville de Hambourg, riche en artistes et en poètes, pour achever de former son talent et d'assouplir son esprit, il dut terminer son apprentissage peu de temps après avoir atteint l'âge de vingt ans. Car il semble que, vers 1657, il avait déjà une place d'organiste, tout près d'Elseneur, mais de l'autre côté du Sund, à Helsingborg, où, sans doute, il était né, lorsque son père, comme nous l'avons vu, y occupait l'orgue de l'église Sainte- Marie.
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Préparé, par cela même qu'il était le fils d'un organiste, à profiter de tout ce que la vie, dans ce pays, lui offrait de musique, Dietrich Buxtehude avait bien des facilités pour devenir un bon musicien. Mais, quoiqu'il fût instruit, certainement, par son père, il manquait d'un véritable maître. Sans qu'il soit permis de le prouver par quelque document, on a des raisons de croire qu'il trouva ce maître à Copenhague. Johan Buxtehude y connaissait l'excellent organiste Johan Lorentz.
D'être adopté, et mis au rang des premiers, dans cette région de l'Allemagne où la musique avait de tels patrons, de tels défenseurs, une vie si diverse et si forte, Dietrich Buxtehude recevait, pour ainsi dire, la consécration. Il l'attendit quelque peu, et cela prouve que l'on ne se décida qu'à bon escient.