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Critique de fabienne2909


Que les nostalgiques de Downton Abbey sèchent leurs larmes, la relève est assurée ! Étonnamment, elle vient de France, grâce à Carine Pitocchi et ses « rêves de nos mères », le premier tome d'une saga historique et romantique qui reprend tous les codes de la série romantique.

En ce mois de juin 1912, cela ne va pas du tout pour Lady Julia Ashford. Elle n'arrive pas à se remettre de la mort de son mari Charles, survenue quelques mois plus tôt, la laissant seule à la tête d'un domaine immense, Longfield Park. le quotidien est morose, entourée de son jeune beau-frère Edward et de sa belle-soeur Lady Catherine, une peau de vache deux fois veuve que rien ne peut égayer, à l'exception des nombreuses méchancetés qu'elle envoie à tout le monde (sauf à James, le jeune frère de Julia, tiens donc). Heureusement que sa cousine Lady Emily Allen est là pour la distraire, elle l'aristocrate excentrique suffragette, qui a décidé de ne pas se marier pour mener à bien sa lutte féministe… Quand un beau jour, Edna, une ancienne domestique, vient lui demander de l'aide pour sauver son bon ami Will Murphy, menacé de la potence pour un crime qu'il n'a pas commis. Will Murphy n'est pas un inconnu pour Lady Julia, puisqu'il est le fils du métayer du domaine où elle a grandi, et qui est le responsable de ses premiers émois amoureux. Des sentiments qui sont réellement si anciens que ça ?

Carine Pitocchi ne s'est pas assuré la facilité avec une telle intrigue, assez mince et convenue. Même si j'ai omis de nombreux détails, celle-ci passe ou casse : avec ça, soit on rédige un navet dégoulinant, soit on réussit un roman qui peut avoir un sacré souffle, historique comme romantique, à condition d'avoir des personnages qui tiennent la route, puisque c'est eux qui tiennent la baraque. Sachant que je ne suis pas une fanatique des romans romantiques, et que pour moi les défauts ne sont pas absents de cet ouvrage, je dois reconnaître que j'ai passé un plutôt bon moment, grâce au personnage de Lady Emily Allen, qui n'est certes pas le personnage principal, mais qui a un sacré panache. Féministe de la première heure, dotée d'une vive intelligence et d'un sacré caractère, elle assume ses convictions audacieuses, elle est forte et indépendante, à l'image de ce nouveau siècle qui commence. le reste du casting souffre d'un défaut principal qui sera aussi celui de l'ouvrage : un certain manque de nuances. Lady Julia, l'héroïne du roman, manque un peu de relief, elle souffre, elle est gentille tout en sachant ne pas se faire marcher sur les pieds, mais elle est girouette ; Lady Catherine est une méchante frustrée, Edna est transparente ; Will est un malfrat, mais possède quand même un petit coeur qui bat sous sa cuirasse pour sa Julia, qu'il n'a jamais oubliée. le tout dans un contexte historique assez complexe, puisque la Première Guerre mondiale se profile. Et surtout réglé en un peu moins de 250 pages alors l'autrice aurait facilement pu, ou dû, en rédiger 100 de plus. Cela n'aurait pas été inutile pour éviter cette impression de rapidité un peu superficielle : Julia commence le roman en souffrant de la mort de son mari, dont elle pense ne jamais se remettre. Or, une centaine de pages plus loin, en revoyant une photo de Will, elle se rend compte qu'elle l'aime toujours, pour s'avouer finalement que c'est l'homme de sa vie une cinquantaine de pages après et que le destin le remette sur son chemin. Qui change d'avis comme cela dans la vraie vie ?
Quelques schémas dignes de la (moins bonne) littérature romantique sont également dispersés dans le roman : les héroïnes sont jeunes et belles, courent après les hommes de leurs vies au point de s'en dénouer les cheveux, motif déjà très très vu ni très moderne (et surtout ridicule, d'autant plus que c'est un manque de cohérence totale avec l'émancipation féminine sur laquelle l'autrice semble vouloir insister). Ces imperfections sont pardonnées parce que c'est un premier tome qui pose les bases de l'intrigue. Tout repose maintenant sur la suite, qui a intérêt à remplir les promesses qui ont été suggérées ici. A suivre !
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