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Critique de oiseaulire


Ce fascicule poétique n'est pas à mettre entre toutes les mains, tant il est glauque et sanglant.

Le style est splendide, avec des inflexions oniriques.

Alejandra Pizarnik a composé ce texte après avoir lu le roman de Valentine Penrose "La comtesse sanglante" publié en 1962.

La sombre héroïne en est Erzsébet Bàthory, aristocrate hongroise née en 1560 et morte en 1614, à qui l'on prête l'assassinat de 650 jeunes filles. Elle représente dans la littérature du mal l'homologue de Gilles de Rai.

Pizarnik a pu condenser dans ce texte sublime, librement adapté de la réalité, l'obsession de la mort qui jamais ne la quitta puisqu'elle se suicida en 1972.

Voici quelques extraits :

"Car nul n'est plus assoiffé de terre, de sang et de sexualité féroce que ces créatures qui habitent les froids miroirs."

"Une figure invariable domine le mélancolique : son monde intérieur est un espace couleur de deuil ; rien ne s'y passe, rien n'y passe."

"Si elle l'avait voulu, elle aurait pu réaliser son "grand-oeuvre" à la lumière du jour et massacrer des jeunes filles au soleil mais les ténèbres du labyrinthe la fascinaient qui s'accordaient si bien à son terrible érotisme de pierre, de neige et de murailles."

Pizarnik aura voulu à travers ce très court roman, regarder sa mort en face. La comtesse, c'est elle, les victimes, ce sont elle encore. Elle est fascinée et effrayée par ce passage de la vie à la mort, l'instant suspendu où l'on bascule de l'une à l'autre. On pourra dire qu'elle aura apprivoisé le passage puisqu'elle passera à l'acte quelques années plus tard.

"A propos de la comtesse sanglante", édité en France en 1971, a été traduit et préfacé par Jacques Ancet. Il parut auparavant en 1966 dans la revue Testigo à Buenos Aires.
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