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Critique de hcdahlem


« My world is gone »
Après le remarqué «Taqawan», Éric Plamondon nous offre un roman aussi court que percutant mettant en scène Oyana, une femme qui a fui son pays basque natal dans les années 90 et qui a choisi d'occulter son passé douloureux.

Oyana éprouve le besoin de prendre l'air. Quand celui qui partage sa vie part son travail, elle va marcher au Parc du Mont Royal, En ce le 5 mai 2018, elle n'imagine pas encore qu'elle effectue là l'une de ses dernières sorties au Québec. La veille au soir, en parcourant un journal qui trainait dans le restaurant japonais où elle dînait, une brève avait retenu son attention: l'ETA a cessé d'exister. Finie la lutte armée.
Cette nouvelle la ramène vingt-trois ans en arrière, au moment où elle prenait la direction du Mexique pour échapper à la police. ETA n'existe plus, mais «que peut-il rester de tout ça? Les traumatismes dans les mémoires? le nombre de cadavres depuis 1953?» À toutes ces questions vient désormais s'ajouter celle qui hante l'esprit d'Oyana: faut-il rentrer et affronter son passé?
Éric Plamondon, avec le sens de la tension dramatique qu'il avait déjà développé à merveille dans Taqawan, son précédent roman, va travailler par cercles concentriques, racontant d'une part la fin des années 90 avec l'arrivée au Mexique, sa rencontre avec Xavier Langlois le Canadien et d'autre part les «années de plomb» au Pays Basque.
Avec elle, on va feuilleter l'album aux souvenirs, l'amour rédempteur, l'installation au Québec après des vacances aux États-Unis. Et cette relation construite sur la légende d'une orpheline grandissant auprès d'un tonton Joxe et d'une tatie Cristina.
«Je n'arrêtais pas de te dire que je ne voulais pas parler du passé mais du futur.» Mais désormais il est temps de revenir à cette fille du Pays basque, née le 20 décembre 1973, le jour d'un attentat de l'ETA.
C'est sous la forme d'une confession, d'une lettre laissée à son compagnon que nous allons découvrir comment elle se retrouvée impliquée dans la mouvance indépendantiste, comment sans le vouloir elle a été impliquée dans la mort d'une mère et de son enfant et pourquoi elle a dû fuir, un nouveau passeport au nom de Nahia Sanchez en poche. Chronique des années d'un combat aussi idéaliste qu'inégal, mais aussi récit d'un engagement et d'une série d'attentats qui ont ensanglanté l'Espagne et la France, cette douloureuse litanie ne va mener qu'à une seule certitude: la peine des proches, des familles, des amis.
En débarquant à Paris, Oyana ne sait ce qui l'attend, si elle va pouvoir retrouver une vie sereine, comment ses parents et amis vont réagir. Une incertitude qu'elle a envie de surmonter pour retrouver ses vraies racines, car «le Territoire est un langage. Si on ne le parle pas dès l'enfance, il manque toujours quelque chose. »
Éric Plamondon pose en creux cette question: tous les terroristes se valent-ils? Ceux de Daech et ceux qui ont lutté pour l'indépendance basque, pour ne prendre que deux exemples. Ce faisant, il nous explique aussi que ces groupuscules ont une capacité d'entrainement, une dynamique qui fait qu'on ne saurait les trahir pour ne pas se retrouver au ban de la communauté, voire même devenir complice. Avec des conséquences dramatiques. Cette fin d'un monde chantée par Otis Taylor.

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