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Critique de Nastasia-B


Voici une pièce dont le titre est célèbre ; une pièce suffisamment marquante pour avoir défini un type, l'amphitryon, et pour avoir fourni un nouveau mot, le sosie. Mais, outre ces traits marquants, c'est loin d'être ma pièce favorite de Plaute, bien au contraire.

On a coutume de présenter les recueils de Plaute avec Amphitryon en première place. Ce n'est pourtant ni la plus ancienne, ni celle qui a remporté le plus de succès. Ceci est seulement dû au fait que des cent et quelques pièces écrites par Plaute, seules vingt et une nous sont parvenues et, si l'on regarde leurs titres originaux en latin, celle qui vient en premier dans l'ordre alphabétique est " Amphitruo ". Voici donc une première raison de sa mise en avant qui, vous en conviendrez, est un argument de peu de poids.

Plaute a jugé bon d'écrire un long prologue a sa pièce où il nous explique que ce n'est pas vraiment une comédie, ce en quoi je le rejoins car elle est franchement moins drôle que ses autres pièces. Il nous explique qu'il s'agit d'une tragi-comédie, genre dont il n'est certes pas l'inventeur (certains dramaturges grecs avaient déjà exploré cette voie) mais l'un des premiers artisans, qui sera bientôt suivi par l'autre grand auteur latin, Térence, puis, beaucoup plus tard, par Lope de Vega durant le siècle d'or espagnol.

Amphitryon, c'est un gars bien, un militaire valable, quelqu'un qui aspire à une vie tranquille et régulière. Il a une femme, Alcmène, qui elle non plus ne fait pas d'écart de conduite. Ils vivent dans le respect de la morale et de l'honneur. Amphitryon s'est absenté de Thèbes pour aller faire la guerre auprès du roi Créon et il en revient victorieux après quelques mois.

Il se fait déjà un plaisir de retrouver son épouse tout auréolé de gloire. Celle-ci est enceinte et en fin de grossesse. Amphitryon envoie son esclave Sosie lui annoncer sa venue afin qu'elle puisse se préparer et faire le cérémonial de bienvenue. Jusque là, tout va bien.

Mais jusque là seulement car lorsque Sosie, fils de Dave (je ne pense pas qu'il y ait un lien avec un quelconque chanteur du XXème siècle, qui avait certes l'habitude d'être doublé et qui présentait une troublante ressemblance avec un acteur connu) arrive à la maison de son maître, un autre Sosie l'y attend, en tout point semblable à lui.

Le brave esclave n'en croit pas ses yeux et l'autre Sosie lui affirme même qu'il est le vrai Sosie et que lui n'est qu'un imposteur. Ce faux Sosie est même au courant de tous les menus détails de la bataille alors que manifestement il n'y était pas. C'est à devenir dingue pour Sosie, sachant, au surplus, que le faux Sosie le roue de coups afin qu'il n'entre pas dans la maison.

La raison de ce mystère, c'est que le faux Sosie est le dieu Mercure en personne. Et s'il interdit l'accès à la maison d'Alcmène, c'est tout simplement parce que son papa Jupiter, (après l'avoir amadouée sans doute avec des « Viens là que je te Plaute. ») est en train de se farcir la maîtresse du logis en s'étant lui-même travesti en Amphitryon. (Bon, je sais, cela commence à devenir un peu compliqué à suivre.)

Toujours est-il qu'il a doublé la mise dans le ventre d'Alcmène de sorte qu'elle attend désormais des jumeaux, l'un du véritable Amphitryon, l'autre de Jupiter et qui sera qui ? je vous le donne en mille : Hercule. (Promis juré, je ne ferai pas de jeux de mots scabreux sur la malheureuse Alcmène qui rimeraient avec le prénom de son fils et les agissements de Jupiter. La décence m'en empêche.)

Si bien que de quiproquo en quiproquo, le véritable Amphitryon se rend compte que sa femme a couché avec un autre, or celle-ci est persuadée d'avoir été fidèle et se trouve offusquée des accusations de son mari ; c'est un imbroglio pas possible que je vous laisse le soin de dénouer par vous même.

L'un des thèmes de cette pièce, l'usurpation d'identité, retrouve en ce début de XXIème soit 2200 ans après son écriture, une vibrante actualité avec le numérique et le virtuel où certaines personnes payent cher le fait que d'autres se fassent passer pour elles...

Malgré toutes ces choses qui demeurent et qui sont issues de cette tragi-comédie, je ne peux pas vraiment dire qu'elle m'ait procuré beaucoup de plaisir et ce n'est pas la partie manquante à la fin de l'acte III (Amphitryon confronté à son double, probablement une redite de l'acte I où l'on voyait Sosie se débattre avec sa propre image contrefaite par Mercure), qui devait changer beaucoup le caractère général de cette pièce.

Mais ce n'est là que mon avis, ou bien alors son double, en tous les cas, pas grand-chose.
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