AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Charles Guittard (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080710154
288 pages
Flammarion (01/11/1998)
3.73/5   56 notes
Résumé :

Amphitryon est une véritable féerie qui a tout pour surprendre mais aussi pour enchanter le spectateur : Jupiter, non content d'avoir obtenu les faveurs d'une femme fidèle en prenant les traits d'Amphitryon, son mari, décide de pousser plus loin le jeu et de semer la confusion parmi les hommes. Avant de rétablir l'ordre, il savoure avec son Fils Mercure, lui aussi travesti, ses talents de comédien qui lui permettent d'assouvi... >Voir plus
Que lire après AmphitryonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,73

sur 56 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Voici une pièce dont le titre est célèbre ; une pièce suffisamment marquante pour avoir défini un type, l'amphitryon, et pour avoir fourni un nouveau mot, le sosie. Mais, outre ces traits marquants, c'est loin d'être ma pièce favorite de Plaute, bien au contraire.

On a coutume de présenter les recueils de Plaute avec Amphitryon en première place. Ce n'est pourtant ni la plus ancienne, ni celle qui a remporté le plus de succès. Ceci est seulement dû au fait que des cent et quelques pièces écrites par Plaute, seules vingt et une nous sont parvenues et, si l'on regarde leurs titres originaux en latin, celle qui vient en premier dans l'ordre alphabétique est " Amphitruo ". Voici donc une première raison de sa mise en avant qui, vous en conviendrez, est un argument de peu de poids.

Plaute a jugé bon d'écrire un long prologue a sa pièce où il nous explique que ce n'est pas vraiment une comédie, ce en quoi je le rejoins car elle est franchement moins drôle que ses autres pièces. Il nous explique qu'il s'agit d'une tragi-comédie, genre dont il n'est certes pas l'inventeur (certains dramaturges grecs avaient déjà exploré cette voie) mais l'un des premiers artisans, qui sera bientôt suivi par l'autre grand auteur latin, Térence, puis, beaucoup plus tard, par Lope de Vega durant le siècle d'or espagnol.

Amphitryon, c'est un gars bien, un militaire valable, quelqu'un qui aspire à une vie tranquille et régulière. Il a une femme, Alcmène, qui elle non plus ne fait pas d'écart de conduite. Ils vivent dans le respect de la morale et de l'honneur. Amphitryon s'est absenté de Thèbes pour aller faire la guerre auprès du roi Créon et il en revient victorieux après quelques mois.

Il se fait déjà un plaisir de retrouver son épouse tout auréolé de gloire. Celle-ci est enceinte et en fin de grossesse. Amphitryon envoie son esclave Sosie lui annoncer sa venue afin qu'elle puisse se préparer et faire le cérémonial de bienvenue. Jusque là, tout va bien.

Mais jusque là seulement car lorsque Sosie, fils de Dave (je ne pense pas qu'il y ait un lien avec un quelconque chanteur du XXème siècle, qui avait certes l'habitude d'être doublé et qui présentait une troublante ressemblance avec un acteur connu) arrive à la maison de son maître, un autre Sosie l'y attend, en tout point semblable à lui.

Le brave esclave n'en croit pas ses yeux et l'autre Sosie lui affirme même qu'il est le vrai Sosie et que lui n'est qu'un imposteur. Ce faux Sosie est même au courant de tous les menus détails de la bataille alors que manifestement il n'y était pas. C'est à devenir dingue pour Sosie, sachant, au surplus, que le faux Sosie le roue de coups afin qu'il n'entre pas dans la maison.

La raison de ce mystère, c'est que le faux Sosie est le dieu Mercure en personne. Et s'il interdit l'accès à la maison d'Alcmène, c'est tout simplement parce que son papa Jupiter, (après l'avoir amadouée sans doute avec des « Viens là que je te Plaute. ») est en train de se farcir la maîtresse du logis en s'étant lui-même travesti en Amphitryon. (Bon, je sais, cela commence à devenir un peu compliqué à suivre.)

Toujours est-il qu'il a doublé la mise dans le ventre d'Alcmène de sorte qu'elle attend désormais des jumeaux, l'un du véritable Amphitryon, l'autre de Jupiter et qui sera qui ? je vous le donne en mille : Hercule. (Promis juré, je ne ferai pas de jeux de mots scabreux sur la malheureuse Alcmène qui rimeraient avec le prénom de son fils et les agissements de Jupiter. La décence m'en empêche.)

Si bien que de quiproquo en quiproquo, le véritable Amphitryon se rend compte que sa femme a couché avec un autre, or celle-ci est persuadée d'avoir été fidèle et se trouve offusquée des accusations de son mari ; c'est un imbroglio pas possible que je vous laisse le soin de dénouer par vous même.

L'un des thèmes de cette pièce, l'usurpation d'identité, retrouve en ce début de XXIème soit 2200 ans après son écriture, une vibrante actualité avec le numérique et le virtuel où certaines personnes payent cher le fait que d'autres se fassent passer pour elles...

Malgré toutes ces choses qui demeurent et qui sont issues de cette tragi-comédie, je ne peux pas vraiment dire qu'elle m'ait procuré beaucoup de plaisir et ce n'est pas la partie manquante à la fin de l'acte III (Amphitryon confronté à son double, probablement une redite de l'acte I où l'on voyait Sosie se débattre avec sa propre image contrefaite par Mercure), qui devait changer beaucoup le caractère général de cette pièce.

Mais ce n'est là que mon avis, ou bien alors son double, en tous les cas, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          672
Si vous cherchez à illustrer le quiproquo au théâtre, cette pièce en est un parfait exemple. Les situations, toutes plus amusantes les unes que les autres, se succèdent, au grand plaisir du spectateur ou du lecteur qui sait lui qui est qui et pourquoi chaque personnage ne comprend rien à la situation qu'il est en train de vivre.
En effet, Amphitrypn rentre de la guerre et Jupiter le devance pour séduire la belle Alcmène. Il va prendre l'apparence du mari, elle va céder avec plaisir, et ensuite Jupiter se fera passer pour Amphitryon, ce qui va entraîner de scènes bien cocasses.
Le début est un peu lent mais au milieu, on se prend vraiment au jeu et on rit volontiers. A noter que dans cette édition de L'Ecole des loisirs, on propose des conseils pour jouer la pièce après sa lecture.
C'est un pièce bien ancienne mais qui a fortement inspiré d'autres auteurs, Molière notamment, et qui reste toujours très moderne.
Commenter  J’apprécie          160
Comment réviser joyeusement sa mythologie et son étymologie!

La naissance d'Hercule et son statut handicapant de demi-dieu -qui justifiera les 12 travaux entrepris, plus tard, pour gagner ses galons de divinité à part entière- se trouvent ici éclairés par un vaudeville savoureux où Plaute ne craint pas d'inscrire le roi des Dieux de l'Olympe dans le rôle de l'amant du placard..On y apprend aussi qui est Sosie, et pourquoi il donna son nom (propre ) à ce double parfait que nous craignons tous de rencontrer un jour...

En femme fidèle -infidèle malgré elle, le personnage d'Alcmène est plein de finesse et même d'émotion...un peu marivaudesque même, victime d'un jeu de dupes dont elle se sort grâce à son évidente bonne foi..

Bref, on s'amuse car Plaute n'engendre jamais la mélancolie et reste le maître incontesté de la gaudriole un peu poussée mais pas trop.
Commenter  J’apprécie          110
Loin de la traduction latine rébarbative et scolaire, Amphitryon de Plaute est une joyeuse comédie sociale, témoin d'une époque aux moeurs et croyances jubilatoires.

Jupiter s'est épris d'Alcmène, épouse fidèle et vertueuse d'Amphitryon. Pour la séduire et l'enfanter, il n'a d'autre choix que de prendre l'apparence du mari afin de pénétrer dans son lit. Pour éloigner Amphitryon d'Alcmène, Jupiter fait appel à son fils, Mercure, qui l'envoie à la guerre. Une fois le mari écarté, il peut jouir de sa femme toute ouverte pour lui. le retour d'Amphitryon et de Sosie, son esclave, à la demeure familiale engendre toute une série de quiproquos délicieux.

Il est certain que le langage utilisé est un peu complexe, d'autant plus qu'il s'agit d'une pièce de théâtre. Cependant, il me semble que l'histoire est tellement drôle qu'on se prend vite au jeu et qu'on passe outre.


C'est une sorte de feux de l'amour version dieux de l'Antiquité. J'ai adoré.

Je vous conseille cette pièce pour commencer dans le genre. Les situations font rire même le lecteur le plus novice à propos du monde antique.

En effet, le texte est assez clair de lui-même. Seules quelques notes essentielles éclaircissent des points spécifiques aux coutumes thébaines.

Avec cette lecture, on rit et on s'instruit. C'est génial !
Commenter  J’apprécie          70
Après avoir lu cette pièce, j'aimerais beaucoup en voir une version sur scène. L'idée que les dieux Jupiter et Mercure prennent l'identité d'Amphitryon et de son esclave Sosie et se mêlent à leur vie en provoquant ainsi des quiproquos permanents est certainement très féconde en terme de mise en scène et de potentiel comique. L'idée d'un théâtre dans le théâtre avec ces dieux jouant la comédie, avec la complicité du public, aux dépens des personnages humains est intéressante et donne un aspect relativement moderne à la pièce.
Au travers des perturbations engendrées par les dieux se dessine un monde dont l'ordre social et la stabilité s'effondrent. Avec les déboires d'Amphitryon, c'est le pouvoir du puissant qui est remis en cause par l'esclave, c'est le pouvoir patriarcal qui est remis en question par l'adultère de son épouse, même si celui est involontaire. Toutefois Amphitryon n'apparaît pas totalement soumis à ces caprices du destin et à ce désordre. Il se démène en bon guerrier qu'il est. Il tente de comprendre, il tente de reprendre la main, il tente d'avoir prise sur les évènements. Et à la fin, même si Amphitryon n'y est pas pour grand chose, l'ordre normal revient, le monde retrouve sa stabilité.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
JUPITER

Moi, je suis Amphitryon. J'ai pour esclave Sosie, Sosie qui devient Mercure quand ça l'arrange ; j'habite là-haut, à l'étage au-dessus. De temps en temps, je redeviens Jupiter, quand il me prend fantaisie. Mais à peine arrivé ici, je me transforme en Amphitryon et je change d'accoutrement.
C'est par respect pour vous que je suis venu ici : je ne dois pas laisser cette comédie sans dénouement, et puis je viens porter secours à Alcmène, épouse innocente que son mari accuse d'adultère. Car je serais coupable si je laissais retomber sur l'innocente Alcmène les conséquences de mes caprices. Mais je vais continuer pendant quelques temps afin de prolonger toute la maisonnée dans un méli-mélo indescriptible.

Acte III, scène 1
Commenter  J’apprécie          100
SOSIE. Quel courage ou plutôt quelle audace, quand on sait comment se comporte notre jeunesse (5), de se mettre en route seul, la nuit, à l’heure qu’il est ! Et que deviendrais-je, si les triumvirs (6) me jetaient en prison ? Demain on me sortirait de ma cage pour me fouetter importance ; et pas un mot à dire pour ma défense, et rien à attendre de mon maître, et pas une bonne âme qui ne criât que c’est bien fait ! En attendant, huit solides gaillards frapperaient sur mon pauvre dos comme sur une 11 enclume : belle réception que me ferait ma patrie à mon retour ! Voilà pourtant à quoi m’expose la dureté de mon maître ! m’envoyer du port ici, bon gré mal gré, au beau milieu de la nuit ! Ne pouvait-il pas attendre qu’il fût jour ? Ô la dure condition que le service des riches ! et que l’esclave d’un grand est à plaindre ! Le jour, la nuit, ce sont mille choses à dire ou à faire ; pas de repos, pas de trêve ! Le maître se croise les bras, mais ne ménage pas nos peines ; tout ce qui lui passe par la tête lui semble possible, lui paraît juste ; il s’inquiète bien vraiment du mal qu’il nous donne, et si ses ordres sont raisonnables ou non ! Aussi que d’injustices dont pâtit le pauvre esclave ! mais, malgré qu’on en ait, il faut porter son fardeau.

MERCURE, à part. N’ai-je pas plus sujet que lui de maudire la servitude, moi, libre encore ce matin, et que mon père a réduit à servir ? Un esclave de naissance ose se plaindre, tandis que me voilà changé en maroufle dont le dos attend les étrivières !
Commenter  J’apprécie          40
ALCMÈNE. Oui, on s’en va et on laisse sa femme tout en larmes.

JUPITER. Tais-toi. Ne rougis pas ces beaux yeux ; je serai de retour dans un moment.

ALCMÈNE. Ce moment, c’est un siècle.

JUPITER. Si je te quitte, si je m’éloigne de toi, ce n’est pas de gaieté de cœur.

ALCMÈNE. Je vous crois ; la même nuit vous voit arriver ’et repartir.

JUPITER. Ne me retiens plus. Voici l’heure ; je veux sortir de la ville avant qu’il fasse jour. Mais prends cette coupe, chère Alcmène, c’est le prix de ma valeur ; c’est la coupe du roi Ptérélas, que j’ai tué de ma main.

ALCMÈNE. Je vous reconnais bien là. Certes, voilà un présent digne de celui qui l’offre.

MERCURE. Digne plutôt de celle qui le reçoit.

JUPITER. Encore ! tu veux donc que je t’assomme, pendard ?

ALCMÈNE. Amphitryon, pour l’amour de moi, point de colère contre Sosie.

JUPITER. Je t’obéis.

MERCURE, à part. Comme l’amour le rend brutal !

JUPITER. Tu n’as plus rien à me dire ?

ALCMÈNE. Aime-moi toujours, quoique loin de moi ; absente, ne suis-je pas encore tienne ?

MERCURE. Partons, Amphitryon, voici le jour.

JUPITER. Va devant. Sosie, je te suis. (A Alcmène.) Est-ce tout ?

ALCMÈNE. Non : reviens bien vite.
Commenter  J’apprécie          50
Prologue
Commencez donc par me prêter toute votre attention. Vous devez vouloir ce que nous voulons ; mon père et moi nous avons fait du bien à vous et à votre république. Ai-je besoin d’imiter ce que j’ai vu faire dans les tragédies à d’autres divinités, Neptune, la Valeur, la Victoire, Mars, Bellone, qui vous énuméraient leurs bienfaits ? Mon, père, le souverain des dieux, n’en était-il pas le premier auteur ? Jamais Jupiter n’a été de caractère à reprocher aux gens de bien les services rendus. Il est persuadé que vous êtes reconnaissants envers lui, et dignes de ses faveurs. Apprenez d’abord ce que je suis venu vous demander ; puis je vous exposerai le sujet de cette tragédie. Pourquoi froncer les sourcils ? parce que j’ai dit que ce serait une tragédie ? Eh bien, je suis un dieu, et, si vous le souhaitez, je changerai la tragédie en comédie, sans toucher à un seul vers. Le voulez-vous, oui ou non ? Eh ! sot que je suis, ne sais-je pas bien que vous le voulez, puisque je suis dieu ? je connais là-dessus le fond de votre pensée. Je ferai donc que ce soit une tragicomédie, car, en vérité, je ne trouve pas convenable qu’une pièce où figurent des rois et des dieux soit d’un bout à l’autre une comédie. Mais quoi ! puisqu’un esclave aussi a son brin de rôle, nous en ferons, comme j’ai dit, une tragicomédie.
Commenter  J’apprécie          40
MERCURE. Que dis-tu ? et ton nom, à toi ?

SOSIE. Les Thébains me nomment Sosie, fils de Dave.

MERCURE. TU es venu ici pour ton malheur, effronté coquin, avec tes mensonges impudents et tes ruses mal cousues.

SOSIE. Point : je suis venu avec des habits cousus, c’est vrai, mais pas avec des ruses cousues.

MERCURE. Autre mensonge : tu es venu avec tes pieds, et non avec tes habits.

SOSIE. Assurément.

MERCURE. Assurément tu seras rossé, pour t’apprendre à mentir de la sorte.

SOSIE. Assurément je n’en ai pas envie.

MERCURE. Assurément tu le seras, malgré ton peu d’envie ; on ne te laissera pas le choix, assurément. (Il le bat.)

SOSIE. Ah ! de grâce !

MERCURE. Oses-tu dire encore que tu es Sosie, quand c’est moi qui le suis ?

SOSIE. Aïe ! je n’en puis plus.

MERCURE. Bagatelle, auprès de ce qu’on te réserve ! A qui es-tu, maintenant ?

SOSIE. A toi ; tes poings t’ont fait mon maître.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Plaute (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Plaute
Émission "Anthologie étrangère" diffusée le 5 juillet 1961 sur la RTF. Une présentation par Jean de Beer, aidé par Georges Gravier.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues italiques. Littérature latine>Littérature latine : drames (8)
autres livres classés : littérature latineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (186) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1295 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..