Le médicament était efficace : juste assez pour rendre le monde acceptable.
Je ne crois plus en rien ni en personne. Dans chaque cause, je vois le défaut. Dans chaque élan, l'hypocrisie. Dans chaque tentative, l'échec. Dans chaque révolte, la récupération. Je n'ai plus de foi, plus d'espoir. Je ne rêve plus. Je lui laisse le champs libre. Je sais maintenant pourquoi le désespoir est un péché. p 116
Maintenant encore, son lumineux souvenir reste, dans cette période noire, le seul qui soit vraiment net.
- Plus jamais ! s'exclama-t-il, comme à chaque fois.
Combien de temps fallut-il pour que ma chute soit avérée ? Deux semaines ? Davantage ? Je ne peux le dire avec précision car mes notes, malheureusement, ne comportent aucune date. Je n’ai pour me repérer que des indications relatives aux saisons, à la scolarité de Violette ou à des épisodes clairement situés dans le temps.
Depuis la nuit des temps, c'était le contrat : l'homme offrait quelque chose à la divinité en échange de sa bienveillance. Les entailles d'un animal, une danse, du sang, de l'argent, un morceau de sa peau ou de son sexe. Sa faim, sa maigreur, sa souffrance ou une hostie. (143)
Enfoncé dans l'oreiller, complètement détendu par le sommeil, son visage se décomposait comme un fromage trop fait oublié sur l'assiette. (125)
Il fallut s'habituer à l'idée que le danger était partout, la vie fragile et la mort omniprésente. Ou plutôt, se réhabituer. L'homme redevenait ce qu'il était à l'origine, une espèce vulnérable, soumise à des forces incompréhensibles. Cela donnait du travail aux psychanalystes, de l'exaltation aux artistes et du piment à la sexualité. (41)
Après coup, j'ai repensé à toute l'iconographie qui entoure le Diable, barbiche, cornes et pieds fourchus, et à la puérilité de ce folklore. Alors qu'on le découvre à chaque guerre, à chaque meurtre, à chaque drame : le Diable n'a ni queue, ni cornes, ni ailes de dragon. Il a la tête de mon voisin de palier. (28-29)
Peut-être même que si beaucoup ne croient pas en Dieu, c'est par peur de devoir croire au Diable, qui est son pendant obligé. (16)