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On vit dans une société déconcertante, à une époque troublante. Guerre, violence, injustice, inégalité, extrémisme, intolérance, j'en passe et des meilleures. La narratrice oublie heureusement tout ceci dans les bras de son amant. Elle oublie ce monde funeste et également son foyer, sa petite vie et son poste de conservatrice dans un musée poussiéreux. Mais quand elle finit par soupçonner l'homme dans les bras duquel elle se réfugie d'être à l'origine des maux de ce monde en totale déréliction, elle se pose la question : est-il possible qu'il s'agisse du Diable en personne ?

Prenant toujours bien soin de laisser planer le doute, Emmanuelle Pol s'amuse à brouiller les pistes. Sa protagoniste, partagée entre engouement, raison, scepticisme, croyance et besoin d'échapper à la réalité, ne sait plus où donner de la tête et ouvre les yeux sur ce qui les lui crevait alors, au risque de laisser sa santé mentale dans la bataille. Celle du lecteur est mise à l'épreuve... Quant à la morale, elle est laissée à sa libre déduction - sachant que si vous n'avez pas l'esprit trop tordu, vous suivrez la piste de la réflexion sur les relations toxiques. Et ce sera tant mieux car c'est sans aucun doute dans cette direction que l'auteure voulait vous emmener.

En revanche, si comme moi vous tirez tout par les cheveux et ne trouvez votre bonheur que dans les interprétations les plus alambiquées, vous verrez ce roman comme une fiction déculpabilisante sur le mal qui nous entoure : pourquoi se faire trop de mouron ou se remettre inutilement en question quand on peut aisément - voire légitimement - mettre l'origine du mal sur le dos de ceux dont on doute des bons sentiments. D'ailleurs, à ce compte-là, on peut même en venir à souhaiter le pire à autrui car, s'il se produit, vous n'aurez qu'à blâmer votre prochain. Personnellement, je ne m'en prive jamais - et ne culpabilise même pas.

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Un roman assez étonnant que celui-ci. Il démarre très vite, j'ai été prise tout de suite dans l'histoire. On suit une femme, mère qui au travers de la rencontre et de la relation qui s'en suivra avec lui se sent entourer du mal, mal personnifié par lui.
C'est rythmé, on veut en savoir plus, comment tout cela va finir. J'ai été un peu surprise par la seconde moitié du roman. J'aurai aimé que l'auteure continue de creuser sa première idée. Malgré tout, j'ai apprécié le passage d'un mal par un autre. Je ne veux pas trop en dire pour laisser la surprise. Un roman à part, que j'ai aimé.
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Mariée à un avocat (Paul) et mère d'une adolescente (Violette) que l'on verra évoluer au fil des pages, la narratrice, employée-planquée d'un musée poussiéreux de la capitale, est le parangon de la quadragénaire intellectuelle, athée, témoin tranquille d'une époque où tout se fissure.

Lors d'une soirée chez un ami, elle fait une rencontre très singulière : celle d'un homme mystérieux qui, d'emblée, l'intrigue par son érudition, son charme, ses propos d'une séduisante lucidité.

Avec cet homme qu'elle ne désignera plus que par le pronom il, elle va entretenir une relation déroutante à laquelle elle aura toutes les peines du monde à mettre fin, malgré l'horreur que cet être froid et secret, cruel et sadique, lui inspirera rapidement. D'autant plus qu'elle en est convaincue : il est l'incarnation du mal absolu.

Depuis qu'elle le connaît en effet, la situation d'un monde en déliquescence n'a fait qu'empirer, la situation de son monde à elle, aussi. Elle remarque que dès que quelqu'un lui cause du tort et qu'elle s'en confie à lui, il lui arrive malheur. Cela la fascine autant que cela l'effraie. Et s'il en venait à lui faire du mal, à elle, suite à leur rupture ? À Paul, à Violette ?

Lorsqu'enfin, elle arrive à le quitter, ce ne sera pour elle que le début d'un cauchemar où elle pensera reconnaître son oeuvre dans chaque drame, dans chaque accident d'un proche, dans chaque propos étrange de sa fille. Elle se sentira, à chaque seconde, observée comme une bête traquée par une menace invisible. La folie finira par la gagner, peu à peu, et étrangement, par la réveiller de cette léthargie passive dans laquelle elle était enfoncée depuis longtemps…

Emmanuelle Pol nous offre une fable à mi-chemin entre le conte fantastique – cet homme, l'a-t-elle imaginé et ses méfaits, les a-t-elle fantasmés ?-, le roman catastrophe et le récit apocalyptique – les titres en latin, inscrits au frontispice de chaque chapitre, ne sont pas anodins. Dans cette réalité dans laquelle évoluent ces personnages, le chaos a trouvé sa place dans tous les interstices. Dans le moindre coin d'espoir s'est insinué la noirceur. Et c'est ce qui rend cette lecture si troublante. Cette époque qu'elle décrit se fait le miroir aggravant de celle que nous vivons, tout ce qui s'y passe n'est qu'un enchaînement de drames : crises migratoire et climatique, attentats, émeutes, scandales politique et financier, montée et victoire des extrêmes… Dans ce monde, aussi, tout est sombre, grave. Même les sentiments sont bafoués : tout le monde se trompe, se ment, se fréquente sans pour autant s'apprécier.
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Une fable moderne et glaçante, qui semble terriblement proleptique... L'auteure évoque les maux de notre monde, prédation sexuelle et émeutes, presque révolution sanglante, xénophobie, liant tous ces sujets d'une main de maître (plus d'infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2020/03/10/le-prince-de-ce-monde-emmanuelle-pol/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Une fable contemporaine. Une fable qui fait peur. Une fable qui peut devenir réelle. Une fable qui traduit les maux de notre époque et de notre société. Une fable qui décrit le pouvoir de la manipulation. Dans « le Prince de ce monde », Emmanuelle Pol raconte un monde en perdition avec la montée extrémiste en politique, les crises climatiques, les crises sociales, les problèmes migratoires, la crise économique… L'auteure dépeint un monde proche de l'apocalypse et je n'ai pu qu'y voir un peu de ce que nous avons vécu, de ce que nous vivons et cette question; est-ce une fable prémonitoire?? Et puis il y a la narratrice qui va tomber dans les griffes d'un pervers narcissique. Un homme qui va la manipuler, qui va lui faire perdre toute cohérence. Pour la narratrice, cet homme, il, est le diable. Il est à l'origine de tous les maux, aussi bien les siens et ceux de ses porches, que les maux de la terre. Elle en perd toute lucidité. Elle sait qu'elle doit arrêter de le voir, mais c'est plus fort qu'elle. Il a une telle emprise sur elle que cela en devient pathologique. D'ailleurs, une autre question se soulève: a-t-elle réellement rencontré cet homme?

« le Prince de ce monde » n'est par pour tous les lecteurs. Ce livre est sombre, noir. Un livre où l'espoir n'y a pas trop sa place. Mais ce livre interroge, interpelle. Il met en avant les maux que notre société vit. Il raconte ce que devient ce monde si nous n'en faisons pas plus attention. Et aussi, ce livre raconte parfaitement le pouvoir de manipulation qu'ont les pervers narcissiques et cette difficulté à s'en défaire même quand on en a conscience. Emmanuelle Pol a écrit un livre que j'ai aimé et qui m'a interrogée. Elle a su écrire une histoire qui ne peut laisser indifférent son lecteur!
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Lorsque j'ai accepté de recevoir ce livre, le confinement n'avait pas encore commencé, et je savais que son thème pouvait me filer un peu les chocottes, à la manière de Rosemary's baby (que je vous conseille si vous ne l'avez déjà lu)… Et effectivement, c'est un peu le cas, surtout en ce moment, chocottes garanties !! Ce qui est flippant, et bien fait avec ce roman, est le contexte extrêmement proche de nous dans lequel vit la narratrice. le lecteur peut se croire plongé dans l'ambiance récente des manifestations des gilets jaunes, sauf qu'ici le pays est également confronté à la canicule et à la montée manifeste des extrêmes qui accèdent alors au pouvoir dans un contexte de migration forte. Et notre narratrice n'est pas loin d'attribuer tous ces événements à sa rencontre avec l'autre, cet homme étrange et fascinant, à la fois laid et séduisant, rencontré chez des amis et dont elle deviendra l'amante, la proie, la victime au départ consentante. Pourtant, cette femme a tout pour être heureuse, un mari aimant et attentionné, Paul, une adolescente lumineuse et artiste, Violette, mais elle a succombé à celui qu'elle nommera très vite le diable et dont elle verra les manifestations dorénavant partout. le mal et la violence semblent en effet s'être répandus en France comme une épidémie, dont même le Musée pour lequel elle travaille ne sera épargné. Est-elle seulement une femme sous l'influence d'un manipulateur pervers narcissique ? Ou bien une personne sensible devenue paranoïaque et malade ? Ce sera au lecteur d'en juger, en lisant ce récit extrêmement troublant dans lequel se démène un personnage de femme d'âge mûr, citadine et intellectuelle, en pleine remise en question spirituelle. J'ai lu ce roman, très bien écrit, avec avidité et tension.
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Il y a des livres, c'est comme ça, qui nous paraissent difficiles d'accès.
Quelquefois, on y entre avec difficulté, on avance laborieusement et puis, on se glisse mieux dans les mots, les phrases, le style et le livre s'éclaircit, devient presque familier.
Et d'autres fois, ça ne prend pas, on reste à quai sans pouvoir réellement embarquer dans le récit. C'est ce que j'ai ressenti avec « le prince de ce monde ».
Il y a d'abord l'intrigue qui me paraît mince. L'argument de l'amant diable est posé rapidement mais il n'évolue guère au fil des chapitres et la fin de l'histoire ne surprend pas.
Il y a ensuite les personnages. « Elle » occupe une place centrale du récit, mais on ne peut pas dire que son portrait est clair. Il y a certes cette ambiguïté folie / fantasme, mais elle reste juste affleurée. Quant à « il », il n'apparaît que par de brèves images et les éléments fournis sont insuffisants pour cerner sa personne. Peut-être s'agit-il d'un effet de style voulu par l'auteur et cet effacement peut suggérer qu'en fait, « il » n'existe pas.
Enfin il y a cette écriture qui décrit mais ne dit pas, qui propose mais ne prend pas parti, qui finit par plonger le lecteur dans un malaise. En tous cas, pour ma part, c'est ce que j'ai ressenti, un sentiment d'inconfort et une difficulté d'adhérer à cette histoire.
Je dirai que je n'ai pas vraiment rencontré Emmanuelle Pol dans ce livre même si je lui reconnais un vrai talent d'écrivain. Peut-être le sujet, finalement assez simple, est-il trop ambitieux pour être traité aussi platement (au sens propre du terme).
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In the mood for…apocalypse now.
Dans un monde où crises sanitaires et révoltes sociales se succèdent, la protagoniste, citadine athée dont la vie est on ne peut plus banale, partage une intuition, qui se transforme jour après jour en conviction : elle croit au Mal, à sa présence autour de nous, à sa volonté patiente de créer une armée de suiveurs apathiques.
Pire, elle le connaît, elle l'a rencontré lors d'un dîner et a été attirée par lui immédiatement, irrévocablement.

Victime ou complice de cet amant toxique, elle entraîne le lecteur dans une véritable descente aux enfers, rythmée par des chapitres au nom latin, au goût de péchés capitaux. D'humiliation personnelle en catastrophe collective, tous les signes coïncident pour faire perdre ses repères à la narratrice, qui, bientôt, ne se reconnaît plus.

L'auteure, remuée par les attentats de Bruxelles en 2016, explore ici les réflexes extrémistes d'une société exsangue, avec une écriture tout en tension.

Un roman dérangeant, voire visionnaire, sur la notion du mal, qui perturbe souvent. Durant la période de détresse écologique que nous traversons, ce livre, rappel politique, arrive à pic.

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@emmanuellepol @editionsfinitude
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J'ai lu ce texte dans le cadre de la sélection pour les Escales du Livre de Bordeaux 2021.
Un bien étrange texte, où nous allons et plutôt la narratrice va rencontrer le mal, le diable et nous décrire un monde en perdition. L'auteure nous parle de la frontière entre les pays, les frontières entre normalité et folie. Avec une belle écriture fluide, elle nous parle d'une histoire apparemment banale ; la vie banale d'une employée de musée (section Afrique avec d'étranges animaux et sculptures), qui vit tranquillement avec son mari, avocat d'affaires et sa jeune fille, qui devient une adolescence, qui se cherche. Elle va prendre un amant, qui est l'image du mal, du diable et qui va la manipuler. le monde environnant n'est pas mieux, paupérisation, émeutes société qui durcit ses règles (tiens tiens ne serait ce pas ce qui nous arrive actuellement). C'est un vraiment étrange texte sur le mal, dans la société, dans les relations humaines, amicales, familiales, amoureuses. C'est un conte sombre, fantastique, et qui fait froid dans le dos, en espérant qu'il ne soit pas trop réaliste.
Je vais continuer la découverte de cette auteure, car malgré cette noirceur, j'ai pris plaisir à lire car l'écriture est très belle, poétique.
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Un roman qui se lit d'une traite. Les pages s'enchaînent, le rythme est soutenu malgré quelques redondances.
L'histoire d'une femme qui rencontre rien moins que le Diable. Alors commence sa chute. Aux côtés de son mari et de sa fille.
Elle travaille dans un musée, dans la section africaine, ce qui permet de fait à l'autrice de rajouter par ce biais une touche de mystique.
L'action se situe dans un Paris jamais nommé, dans une période de troubles grandissants. Émeutes, réfugiés climatiques, état d'urgence, etc. le catalogue du naufrage sociétal est coché intégralement.

Je n'ai pas aimé l'héroïne, dont la vision du monde - trahie par son vocabulaire - ne me convient guère. Mais je peux apprécier un roman sans adhérer à ses protagonistes !

La fin du texte ne m'a pas particulièrement convaincu. Difficile d'en parler sans en dire trop, mais d'autres options auraient eues mes faveurs.

En revanche j'ai beaucoup aimé le fait que les chapitres aient des titres. Et plus encore qu'ils soient en latin (avec traduction !). Moi qui ne suis en rien latiniste cela m'a permis de découvrir de surprenantes étymologies. de plus, chez moi, le recours au latin équivaut à un premier pas vers le mystique, ce qui dans le cas présent était parfait.

En résumé, pas mon livre de l'année - pas même du mois - mais une lecture plaisante.

Lu parce qu'attiré par la couverture, puis par le titre et enfin par la première phrase de la quatrième !
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