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Critique de hanyrhauz


Trop.
Maude est trop masculine, trop massive, trop intense, trop arrogante, trop désirante, elle parle trop fort, elle rit trop, écrit trop, conduit trop vite, elle prend trop la parole, prend trop de place. Elle ne rendre donc pas dans la case étroite de la féminité éthérée, entre battements de cils et citations bienveillantes. On dira vite d'une femme comme elle qu'elle fait peur. En face d'elle, Loïc, le mâle alpha de la chanson, perd ses moyens et ses repères, ne comprenant pas comment il peut être séduit par une femme aussi virile.

Stéphanie Polack réussit à interroger avec un ton enlevé, acerbe et sans concession les notions de virilité, de masculinité, de féminité et les rapports amoureux qui en découlent. Comment aujourd'hui pouvons nous redéfinir les rapports de domination ? Des hommes déconstruits et complètement paumés face à des femmes qui tantôt maquillent les codes de la féminité et tantôt les exacerbent. Puisque tout n'est que jeu, qui est le grand gagnant de la roulette russe du stétéotype de genre ?

J'ai follement aimé Maude parce que j'aime croiser dans les romans des personnages dont je peux dire à chaque page ou presque "mais c'est moi !". Maude et son rapport si simple et pourtant si incompris à la maternité, Maude qui se déteste quand elle se voit tomber si bas pour un homme, gâchant son talent dans l'étude de comptes instagram d'amantes supposées (et avérées). C'est si contemporain, si juste.
J'ai aussi follement aimé Loïc parce que j'aime croiser dans les romans des personnages dont je peux dire à chaque page ou presque "mais c'est lui !". Loïc est agaçant et touchant, on a envie de le sauver tout en sachant pertinemment qu'il ne pourra être sauvé que par lui-même.
Ça bouscule évidemment puisque ça ne parle que de soi, et de notre rapport aux autres. Aux hommes mais aussi aux amies, au milieu d'où l'on vient.

Et comme dans Anatomie d'une chute, entre en scène la création. Maud écrit des chansons, elle va donner une voix à cet homme, lui qui a la tchatche mais pas les mots. Mais peut-on être deux artistes sous un même toit ? Surtout quand les intentions différent autant. Là encore, qui gagnera dans cette histoire ?

Je ne peux que saluer un roman où la chanson française tient une place si importante. On y croise Bernard Lavilliers, figure de la masculinité, du poète bandit. Et mention spéciale pour la théorie Julien Clerc ! Il y a donc les Dabadie et les Roda-Gil et j'aime imaginer un monde qui se composerait de ces deux polarités. Ça semble léger, ça l'est mais ça dit beaucoup. D'ailleurs, il faut aussi souligner la drôlerie de ce livre. J'ai mis des smileys dans les marges, ça ne m'arrive pas si souvent.

Je conclurai par deux merci. Et une citation.
Merci. Pour toutes les femmes jugées trop.
Merci. Pour toutes les histoires, qui même si elles ne sont pas terribles, existent.
Et pour finir, les mots d'Hedi Lamarr : "Ce que vous construisez pendant des mois peut être détruit en une nuit, construisez-le quand même, vos amours sont déraisonnables, illogiques et égocentriques, vivez-les quand même."



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