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Critique de SophieLesBasBleus


Travailleur intérimaire, le narrateur est embauché, au fil des remplacements, dans une conserverie de poissons puis dans un abattoir, en Bretagne. La mécanique des gestes répétés à l'infini, l'atmosphère de l'usine, ses odeurs, ses lumières, ses couleurs, la conscience douloureuse de chaque partie du corps tendu à l'extrême, tendu jusqu'à la rupture, dans l'effort atterrant, alors que l'esprit vagabonde entre pause-clope-café-clope et minutes qui s'égrènent hors la vie, constituent le matériau que les mots de Joseph Ponthus modèlent de sublime manière.
Toutes ces sensations et ces réflexions fugitives s'impriment à la ligne. Ligne de production comme ligne d'écriture comme ligne de fuite rêvée des dimanches trop brefs. Et, comme pour donner une forme concrète à l'écoulement d'un temps qui relie sans sas de transition, le monde de l'usine à celui de l'extérieur, le récit s'enchaîne sans ponctuation. le rythme est tout entier contenu dans les mots, dans les sonorités, dans la matière de la langue que le narrateur pétrit comme il manipule les poissons congelés et les carcasses de viande.
Sensorielle, sensible, concrète, poétique, ironique, l'écriture joue sur tous les registres pour déployer une fabuleuse puissance d'évocation. La quête du sens de ces gestes mille fois accomplis, de ce corps cassé, de ce temps perdu à gagner sa vie en la perdant, s'incarne dans cette forme épatante que l'auteur organise magistralement, instaurant un creuset d'où émerge une réflexion sur la vie d'un ouvrier et donnant à celle-ci une dimension épique et héroïque.
J'ignore quelle sera la réception de ce roman formidable, ni quel accueil lui feront les lecteurs. Mais je sais qu'il est, pour moi, un immense coup de coeur. de ceux que l'on a envie de partager, de faire connaître et aimer. de ceux qui nous brassent, nous emportent, nous laissent admiratifs et nous donnent conscience plus intensément encore de l'infini pouvoir des mots. de ceux que l'on n'oublie jamais tant ils s'inscrivent dans notre chair et notre esprit.
Joseph Ponthus, votre roman m'a subjuguée, extasiée, enflammée, émerveillée !
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